L’euro peine à s’écarter du seuil de parité avec le dollar, et les prévisions n’envisagent aucun scénario en ce sens. (Photo: Shutterstock)

L’euro peine à s’écarter du seuil de parité avec le dollar, et les prévisions n’envisagent aucun scénario en ce sens. (Photo: Shutterstock)

Même affaibli par rapport au dollar, l’euro reste surévalué. Les scénarios économiques de la zone euro ne laissent pas entrevoir une éventuelle reprise à la hausse du cours du couple euro-dollar à moyen terme. En attendant, le billet vert renforce sa valeur, au détriment des échanges internationaux.

Sur le marché des devises, le mois de juillet 2022 restera marqué par le franchissement du cap historique de la parité entre l’euro et le dollar. L’abaissement des prévisions économiques de la zone euro, sur fond de flambée de l’inflation, de crise politique en Italie et de peur d’une récession immédiate en cas de coupure du gazoduc Nord Stream I, s’est reflété dans l’affaiblissement de la monnaie unique européenne. Le 14 juillet, . Un taux de change qui n’avait encore jamais été atteint depuis 2002.

Depuis lors, le cours de l’euro par rapport au dollar s’est relativement relevé, mais continue de frôler le seuil de parité. Le 10 août, un euro s’échangeait contre 1,0234 dollar. de 50 points de base par la Banque centrale européenne (BCE), le 22 juillet, a quand même permis à la monnaie européenne de se maintenir au-dessus du seuil de parité.

Pour autant, les prévisionnistes ne se montrent pas optimistes quant à une éventuelle remontée significative du cours de l’euro face à la devise américaine. Les analyses forex de Monex n’écartent d’ailleurs pas la possibilité que le cours rencontre une nouvelle fois le seuil de parité d’ici la fin août. Selon eux, le cours pourrait finir l’année autour de 1,02 dollar, et il faudrait attendre la fin de 2023 pour qu’il décolle péniblement vers 1,10 dollar.


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Pas de tendance haussière

Pour leur part, les analystes d’ING estiment que l’euro serait même loin d’être bon marché, même affaibli. Alors que le 16 mars, lorsque l’euro valait encore 1,10 dollar, ils déclaraient que la devise européenne était surévaluée de 9%. Le 4 août, ils affirmaient que l’euro était encore surévalué d’environ 5%.

Cette surévaluation de l’euro devrait perdurer tant que les facteurs économiques de la zone euro ne s’améliorent pas. Seule une détente des prix de l’énergie pourrait débloquer la situation, selon les analystes d’ING. Ce qui douche quelque peu les espoirs d’une tendance haussière du cours d’ici la fin de l’année.

De son côté, le billet vert bénéficie de perspectives économiques qui s’avèrent meilleures que prévu, défiant les annonces préalables de récession de l’économie américaine après qu’elle a récupéré, en juillet, tous les emplois perdus au cours de la pandémie. De plus, les États-Unis font face à une inflation causée par un choc de la demande, a contrario de l’Europe, qui subit un choc de l’offre en raison de sa forte exposition aux conséquences de la guerre en Ukraine.

Le dollar se renforce de façon générale

En outre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a entamé un resserrement monétaire beaucoup plus tôt et plus rapide que la BCE. La situation profite donc à renforcer la valeur du dollar. En témoigne le niveau du DXY, l’US Dollar Index, qui mesure la valeur du dollar par rapport à un panier de six devises étrangères, dont l’euro. Plus le dollar monte en puissance par rapport aux six autres devises, plus le DXY augmente. L’euro étant pondéré à 57,6% dans le DXY, l’indice devrait rester soutenu à des niveaux élevés.

Par conséquent, un dollar fort ne réjouit pas les consommateurs étrangers, sachant que près de la moitié des échanges mondiaux sont réglés en dollars. L’impact est sans appel pour les producteurs, qui dépendent des importations de marchandises. Ce qui nuit à la croissance économique, car, avec des produits importés plus chers, les entreprises ont des difficultés à recréer leurs stocks.

La facture s’alourdit également pour les États dont la dette est libellée en dollars. Plus la valeur du dollar se renforce, plus ils auront du mal à rembourser leurs dettes. C’est sans compter que certains pays ont épuisé la plupart de leurs réserves de dollars. C’est notamment l’une des raisons qui ont récemment conduit le Sri Lanka à une crise économique sans précédent.


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Des risques de défauts de paiement

Le Sri Lanka n’est pas le seul pays concerné. Le 20 juillet, le Fonds monétaire international (FMI) avertissait que 53 pays émergents, représentant environ 18% de la population mondiale, font face à un risque de défaut de paiement.

Il n’y a pas qu’au niveau des dépenses publiques des États que la valeur forte du billet vert se fait ressentir. Cela attire de plus en plus d’investisseurs à délaisser les monnaies locales au profit du marché américain, créant une fuite des capitaux.

La situation offre cependant un lot de consolation: les opérateurs économiques américains pourraient être incités à importer davantage de produits européens, tirant parti du taux de change. De quoi ralentir le recul du solde commercial de la zone euro.