Le siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, considérée comme la Banque centrale des banques centrales. (Photo: Shutterstock)

Le siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, considérée comme la Banque centrale des banques centrales. (Photo: Shutterstock)

Entre les perspectives d’un atterrissage en douceur et d’une inflation durablement haute, la Banque des règlements internationaux n’a pas d’hésitation. Les banques centrales doivent accélérer sur la hausse des taux. Et tant pis pour la croissance.

Lors de la présentation du rapport annuel et de son rapport économique annuel, Agustín Carstens, le directeur général de la Banque des règlements internationaux (BRI) a appelé les banques centrales à l’action et à la fermeté. Pour lui, la priorité ne doit pas être de gérer un éventuel atterrissage, mais de ne pas laisser l’inflation s’enraciner alors que «le risque de stagflation plane au-dessus de l’économie mondiale». L’institution estime que les banques centrales vont devoir «agir de manière décisive» et «sans tarder» pour assurer le retour à une inflation faible et stable.

«Assurément, il serait préférable d’avoir un atterrissage en douceur», a indiqué Agustín Carstens. Avant de rajouter que «même si ce n’est pas le cas, la priorité doit être de combattre l’inflation afin d’empêcher l’économie mondiale de s’installer dans un régime d’inflation élevée».

Visiblement,  – la plus forte depuis 1994 – n’apparaît pas comme suffisante pour briser un «régime de haute inflation» que le numéro deux de la BRI, Luiz Pereira da Silva, décrit comme l’impôt le plus régressif possible, un impôt qui rogne les salaires, affecte la vie des plus pauvres, pèse sur le pouvoir d’achat des salariés et empêche les gens de se projeter dans l’avenir.

Une économie plus vulnérable aujourd’hui que dans les années 70

La BRI s’est livrée à l’exercice de comparer les pics inflationnistes des années 70 et la stagflation qui en avait résulté avec l’épisode actuel de flambée des prix. Pour les experts de la BRI, la situation d’aujourd’hui est bien plus préoccupante que celle des années 70: l’économie d’aujourd’hui est bien plus vulnérable à cause du niveau actuellement élevé de la dette aussi bien privée et publique et de la guerre russe en Ukraine qui pèse sur les marchés des matières premières au-delà de la seule énergie. Autant de vulnérabilités qui rendent difficile un atterrissage en douceur. 

«Si l’inflation s’installe durablement, les coûts pour en reprendre le contrôle seront plus élevés», prévient Agustín Carstens, pour qui «les avantages à plus long terme d’une préservation de la stabilité pour les ménages et les entreprises dépassent tous les coûts à court terme».

Une prise de position qui va surement susciter des commentaires lors du grand forum annuel de la BCE qui se tient du 27 au 29 juin à Sintra (Portugal). Forum où Christine Lagarde sera accompagnée par le président de la Réserve fédérale Jerome Powell, le gouverneur de la Banque d’Angleterre Andrew Bailey et Agustín Carstens. Tous les quatre débattront mercredi après-midi à la fin du séminaire. Un discours de Christine Lagarde est également programmé ce 28 juin au matin.