Les faiblesses économiques de la zone euro, s’intensifiant tout au long du premier semestre, avaient finalement amené le couple euro/dollar à , le 12 juillet dernier. Depuis lors, le cours de l’euro par rapport au dollar a toutefois remonté la pente, mais plafonne, l’euro se négociant autour de 1,02 dollar.
La dévaluation de l’euro reste significative d’un écart de santé économique entre la zone euro et les États-Unis, ces derniers étant nettement moins affectés par le choc des matières premières et de l’énergie. Cela provoque donc un abandon de l’euro par les investisseurs, au profit du dollar, considéré davantage comme une valeur refuge.
Une sous-évaluation apparente
Pourtant, selon The Economist, un Big Mac coûte 4,65 euros dans la zone euro, contre 5,15 dollars aux États-Unis. Ce qui impliquerait dès lors un taux de change de 0,90, alors que le taux de change actuel est de 0,98. La différence entre le taux de change implicite et le taux de change actuel suggère donc que l’euro serait sous-évalué à hauteur de 7,5%, indique le magazine économique.
Développée par The Economist depuis 1986, cette analyse, connue depuis lors comme l’«Indice Big Mac», a pour but de savoir si les devises sont évaluées à leur niveau correct. La démarche se base sur la théorie de la parité du pouvoir d’achat, soit le principe que les taux de change devraient se rapprocher à long terme du taux qui égaliserait les prix d’un panier identique de biens et de services – matérialisés par le prix du Big Mac – dans deux pays. Par conséquent, les différences entre les prix locaux du Big Mac donnent une appréciation du niveau que le taux de change devrait avoir.
Une tout autre réalité économique
Toutefois, l’Indice Big Mac, tel quel, ne prend pas en compte les réalités propres à chaque économie, comme le coût de la main-d’œuvre ou les barrières à l’immigration. On s’attend donc à ce que le prix du Big Mac varie selon ces facteurs. Pour compenser ces éventuelles variations, les équipes de The Economist ont adapté leur Indice Big Mac en l’ajustant selon le PIB par personne de chaque pays. Pour rappel, le PIB par personne résulte de la division du PIB par la population active.
En ajustant l’Indice Big Mac au PIB par personne, le résultat démontre une tout autre réalité: l’euro est alors surévalué de 4,2% par rapport au dollar. Ce résultat prend en compte le fait qu’un Big Mac coûte 7,5% moins cher dans la zone euro qu’aux États-Unis au taux de change du marché et que, sur base des différences entre les deux PIB par personne, un Big Mac devrait coûter en fait 11,2% moins cher. Pour les analystes de The Economist, le résultat est sans appel: l’euro est surévalué.
L’Indice Big Mac de The Economist n’a jamais eu d’autre objectif que de contribuer à la vulgarisation de la théorie des taux de change et non une mesure précise du désalignement monétaire. Pourtant, l’indice se retrouve dans de nombreux manuels d’économie politique et a fait l’objet d’une dizaine d’études universitaires. De quoi réconcilier les amateurs de restauration rapide avec l’économie.