Face à une inflation exceptionnelle, la Fed a doublé ses taux directeurs ce 15 juin. Une annonce qui n’a pas surpris des marchés qui ont, dans l’ensemble, bien réagi. (Photo: Shutterstock)

Face à une inflation exceptionnelle, la Fed a doublé ses taux directeurs ce 15 juin. Une annonce qui n’a pas surpris des marchés qui ont, dans l’ensemble, bien réagi. (Photo: Shutterstock)

Après l’augmentation «exceptionnelle» de ses taux d’un demi-point début mai, la Fed a récidivé ce 15 juin en doublant ses taux directeurs, la plus forte hausse depuis 1994. En Europe, c’est la situation des États périphériques qui inquiète.

Face à une inflation qui a atteint 8,6% au mois de mai, la Réserve fédérale américaine a donc augmenté ses taux à court terme de 0,75 point. En mars, les taux d’intérêt américains oscillaient entre 0% et 0,25%. Ils se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1,5% et 1,75%. Un électrochoc qu’assume Jerome Powell, le président de la Fed, qui envisage une nouvelle hausse des taux, de 0,5 à 0,75 point, dès la prochaine réunion du comité monétaire, en juillet.

D’ici à la fin de 2022, la Fed prévoit encore de doubler ses taux, qui atteindraient 3,4%, puis culmineraient à 3,8% en 2023. Les prévisions de mars de l’institution parlaient de taux à court terme de 1,9% et 2,8% seulement fin 2022 et 2023.

Un resserrement monétaire pour l’instant bien accueilli par les marchés. Le S&P 500 et le Nasdaq étaient orientés à la hausse suite à l’annonce tandis que les taux à 10 ans s’inscrivaient en baisse sensible, passant de 3,48% à 3,28%.

Jerome Powell estime qu’un atterrissage en douceur de l’économie américaine est toujours possible. L’institution monétaire anticipe pour 2024 un taux de chômage de 4,1% contre 3,6% aujourd’hui, une croissance de 1,9% et une inflation ramenée à 2,1%. 2024 serait, selon Jerome Powell, l’année ou les taux devraient baisser.

Crainte d’une nouvelle crise de la dette souveraine en Europe

De l’autre côté de l’Atlantique, la Banque centrale européenne a également surpris en organisant une réunion d’urgence de son Conseil des gouverneurs.

Ce qui inquiète à Francfort, c’est la possibilité d’une crise de la dette souveraine similaire à celle connue au début des années 2010 suite à la crise des subprimes. Une crise de la dette qui a failli emporter l’euro.

Sans donner plus de détails, la BCE a annoncé la création d’un nouvel outil anticrise dans le but de limiter l’impact des hausses de taux d’intérêt sur les coûts de financement des pays périphériques. Les analystes supposent que la BCE jouera sur le réinvestissement des rachats de PEPP pour éviter que les pays qui ont vu les taux de leurs emprunts s’envoler ne doivent payer plus – trop – cher pour se refinancer.

Le risque de fragmentation – un écartement exagéré entre les coûts d’emprunt des pays les plus fragiles et les plus solides de nature à empêcher la bonne transmission de la politique monétaire – avait été évoqué par Christine Lagarde,  pour début juillet. Sans avoir été creusé.

Tout nouvel outil devra se négocier au sein de l’institution et l’équilibre sera dur à trouver entre les colombes et les faucons et entre pays du nord et pays du sud.

Cela sera-t-il suffisant?

«Ce mouvement n’empêchera probablement pas les marchés de continuer à pousser à la hausse les spreads en Europe. Ou du moins pas encore! Le resserrement agressif de la politique monétaire, annoncé par la BCE la semaine dernière, continuera à faire pression sur les pays les plus fragiles de la zone euro», estime Gergely Majoros, membre du comité d’investissement de Carmignac.

Le Luxembourg dans une position toujours confortable

Au Luxembourg, la hausse des taux de la BCE ne menace pas l’équilibre des finances publiques, la dette de l’État étant à taux fixes. L’encours de la dette à court terme est de 0 euro. L’encours de la dette à long et moyen terme atteint 16,435 milliards.

La prochaine grosse échéance est prévue pour le 10 juillet 2023. Ce jour, l’État devra rembourser 2 milliards empruntés en 2013. Une somme empruntée à l’époque au taux de 2,125%. Toute la question sera de savoir à combien seront alors les taux pour un éventuel nouvel emprunt. Les deux derniers emprunts émis par l’État ce 25 mai, d’une valeur de 1,250 milliard chacun, et venant à échéance en 2042 pour le premier et en 2029 pour le second, l’ont été respectivement à des taux de 1,75% et de 1,375%.

De bons taux qui sont la contrepartie du triple A. Triple A dont la préservation semble plus que jamais cruciale.