La FundBank, qui sera pilotée au Luxembourg par Steve David, entend apporter des solutions bancaires à une série d’acteurs qui ont eu de plus en plus de difficultés, ces dernières années, au Luxembourg. (Photo: FundBank)

La FundBank, qui sera pilotée au Luxembourg par Steve David, entend apporter des solutions bancaires à une série d’acteurs qui ont eu de plus en plus de difficultés, ces dernières années, au Luxembourg. (Photo: FundBank)

À quelques jours de l’inauguration de la banque, le 15 mai à 18h à Leudelange, l’ex-CEO de Northern Trust Global Services SE et de Head of Continental Europe de 2021 à 2023, Steve David, devenu CEO de FundBank, détaille la stratégie de ce nouvel acteur très attendu.

«FundBank (Europe) S.A. complétera l'écosystème luxembourgeois des fonds d'investissement alternatifs et collaborera avec les principaux acteurs du secteur des fonds d'investissement, qui recherchent des procédures d'ouverture de compte bancaire rapides, performantes et technologiques, des solutions bancaires et des services de conservation sur mesure en Europe.»

Il n’a fallu que quelques lignes, en janvier dernier, pour annoncer que FundBank avait sa licence de la Banque centrale européenne, ce qui la place sous la supervision de la CSSF, pour que le téléphone de Steve David se mette à sonner. À sonner et à sonner encore, dans un contexte compliqué pour ceux qui voudraient ouvrir un compte bancaire.

Présentez-nous FundBank et votre positionnement?

Steve David. – «Notre modèle est simple : nous sommes une banque dédiée à l’écosystème des fonds alternatifs. Nous offrons l’ouverture de comptes, des services de trésorerie et des services de garde d’instruments financiers pour les structures régulées et non régulées de cet univers: GP, SPV, Soparfi, etc. Nous ne proposons ni services de dépositaire, ni d’administration de fonds : notre approche est complémentaire de celle des PSF dépositaires, des administrateurs et des AIFM. Nous collaborons avec eux pour compléter leurs offres.

Pourquoi ce positionnement spécifique?

«Depuis 2022, une lettre circulaire de la CSSF  a réservé l'ouverture de comptes pour fonds alternatifs aux seules institutions financières et banques centrales. Cela a écarté les PSF dépositaires du marché. FundBank est née pour combler ce vide.

Qui sont vos concurrents?

«Techniquement, toute banque peut ouvrir des comptes pour des fonds et ses structures adjacentes. Mais dans la pratique, beaucoup n’ont pas l’appétit commercial : les banques universelles préfèrent d'autres segments plus rentables, et les grandes banques dépositaires exigent souvent un volume minimum important, difficile à atteindre pour un simple compte. Quant aux établissements de paiement (EMI) ou institutions de monnaie électronique (PI), la loi leur interdit d’ouvrir des comptes pour des entités régulées. Nous offrons donc une alternative: une banque spécialisée, entièrement dédiée aux fonds alternatifs, avec une équipe venant directement de ce secteur.

Quelle est votre promesse en matière de rapidité d'ouverture de comptes?

«Nous garantissons des délais courts à condition que les documents soient complets. Concrètement: si un client nous contacte un lundi matin, nous validons son éligibilité en quatre heures. S’il fournit les documents nécessaires dans la foulée, l’analyse sera terminée jeudi, soumise en comité vendredi, le certificat de blocage sera émis au plus tard le lundi suivant et le set up sera garanti sous trois semaines.

Qui détient FundBank?

«FundBank appartient à un entrepreneur basé aux îles Caïmans, région qui n’est plus dans la liste grise du Gafi. Nous opérons via trois entités distinctes: une banque aux Caïmans, une banque aux États-Unis régulée par l’OCC, et FundBank Europe basée au Luxembourg.

Où sera consolidé le groupe?

«Cela dépendra: si nous obtenons notre licence de holding bancaire de la Federal Reserve aux États-Unis, nous consoliderons probablement là-bas; sinon, le Luxembourg restera notre centre de consolidation. Le contexte géopolitique entre aussi en ligne de compte.

Pourquoi avoir choisi le Luxembourg?

«Parce que nos clients européens rencontrent les mêmes difficultés qu’aux États-Unis et aux Caïmans pour ouvrir des comptes bancaires. Le Luxembourg offre une base solide, une régulation claire et une complémentarité intéressante avec nos opérations aux Caïmans et aux États-Unis.

Allez-vous profiter de synergies entre vos différentes entités?

«Oui. De nombreux PSF dépositaires et gestionnaires de fonds sont présents dans les trois juridictions. Travailler avec un partenaire unique facilite leur gestion bancaire.

Luxembourg profite-t-il de l'évolution réglementaire des Caïmans?

«Pas vraiment. Nous ne voyons actuellement  pas de demandes de redomiciliation de clients. Nous misons sur la complémentarité entre les juridictions pour servir nos clients, sans transfert massif d'activités.

Comment évaluez-vous le succès de FundBank dans un an?

«Nous voulons avant tout construire une opération solide. L’activation de la licence est prévue pour début mai. Les opérations commerciales démarreront vers mi-août. Nous avons déjà une centaine d’opportunités identifiées, et une quarantaine d'entités en cours de soft onboarding. Le succès se mesurera d'abord au nombre de comptes ouverts et à la rentabilité globale de l’activité, pas compte par compte. Notre objectif est d’être profitable sous deux ans.

Votre approche vis-à-vis des petites structures est-elle un risque? «Nous ne visons pas que des petits acteurs. Certes, servir une multitude de petites entités est plus coûteux, mais nous mutualisons la rentabilité au niveau des PSF dépositaires et des apporteurs d’affaires. Le modèle est donc équilibré entre grands et petits comptes.

Pourquoi pensez-vous réussir là où d'autres n'ont pas insisté? «C’est une question de focus et de modèle économique. Les banques universelles ou dépositaires n'ont pas forcément intérêt à ouvrir un compte bancaire isolé sans un mandat de dépôt ou d’admin. Nous, c’est précisément notre cœur de métier.

Disposez-vous d'une technologie particulière pour accélérer l'onboarding? «Nous avons développé notre propre outil d'onboarding digital, en partenariat avec une société proche de FundBank. Il est aussi performant que ceux du marché. Mais surtout, notre agilité et notre spécialisation nous permettent de traiter plus vite les demandes.

Où en êtes-vous de vos recrutements? «Nous comptons aujourd'hui 24 collaborateurs et prévoyons d'être 30 à l'ouverture opérationnelle, puis 60 dans les cinq prochaines années. Nous avons recruté des talents issus de grandes institutions, malgré le fait que nous n’avions pas encore notre licence: preuve de l’attractivité du projet.»