La BCE surprend les marchés en relevant ses taux d’intérêt de 25 points de base de plus que prévu. (Photo: Shutterstock)

La BCE surprend les marchés en relevant ses taux d’intérêt de 25 points de base de plus que prévu. (Photo: Shutterstock)

Ce sera donc 0,5%. Pour le premier relèvement de ses taux depuis 10 ans, la BCE aura choisi la voix la plus «vigoureuse». Pour éviter des tensions sur la dette des pays périphériques, la BCE a présenté un nouvel outil de politique monétaire, l’IPT.

. Selon le scénario retenu à l’époque, la Banque centrale devait hausser ses taux de 25 points de base (pb) ce jeudi, puis de 50pb en septembre. Une remontée «graduelle» qui semblait être remise en question, ces derniers jours. Christine Lagarde, sa présidente, estimait publiquement qu’il existait désormais «clairement des conditions dans lesquelles le caractère graduel ne serait pas approprié».


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La hausse opérée ce jeudi ramène donc le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement et les taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt à respectivement à 0,5%, 0,75% et 0,00%, avec effet au 27 juillet 2022. Ce n’est pas encore un resserrement, mais une normalisation. Le resserrement sera entamé à la rentrée en septembre lorsqu’entrera en vigueur la hausse annoncée en juin de 50 points de base. Si tant est que le scénario initial soit respecté.

Car l’inflation continue de progresser. Elle a atteint, en juin, son plus haut niveau historique à +8,6% sur un an, selon Eurostat. Une hausse principalement alimentée par la hausse des tarifs de l’énergie (+41,9%), de l’alimentation (+8,9%) et des services (+3,4%). Alors que, dans le même temps, . Depuis le début de l’année, la monnaie européenne a perdu 10% face au billet vert. Le dollar profite de la hausse des taux américains. Une hausse qui tombe mal alors que les cours du pétrole – qui se négocie en dollars, justement – restent au plus haut.

«La trajectoire future des taux directeurs du conseil des gouverneurs continuera de dépendre des données et contribuera à la réalisation de son objectif d’inflation de 2% à moyen terme. Dans le cadre de la normalisation de sa politique, le conseil des gouverneurs évaluera les options permettant de rémunérer les excédents de liquidité», a détaillé Christine Lagarde.

L’IPT dévoilé

Cette hausse fragilise les pays européens les plus endettés, Italie en tête. Une Italie – le prédécesseur de Christine Lagarde à la tête de la BCE de 2011 à 2019.

Pour éviter une nouvelle crise de la dette, la BCE a commencé à préciser les contours de l’outil anti-fragmentation destiné à aider les pays de la zone euro les plus fragiles, outil baptisé IPT pour «Instrument de protection des transmissions». Cet outil, «nécessaire pour favoriser une transmission efficace de la politique monétaire», permettra à la BCE de venir au secours d’un État en achetant massivement ses obligations si son taux souverain était attaqué sur les marchés pour des raisons «illégitimes».


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«L’IPT viendra compléter la panoplie d’outils du Conseil des gouverneurs et pourra être activé pour contrer les dynamiques de marché injustifiées et désordonnées qui constituent une menace sérieuse pour la transmission de la politique monétaire dans la zone euro. L’ampleur des achats d’IPT dépend de la gravité des risques pesant sur la transmission de la politique monétaire. Les achats ne sont pas limités ex ante. En préservant le mécanisme de transmission, l’IPT permettra au Conseil des gouverneurs de remplir plus efficacement son mandat de stabilité des prix», précise la BCE.

En rappelant que la flexibilité des réinvestissements des rachats arrivant à échéance dans le portefeuille du programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP) reste la première ligne de défense pour contrer les risques pour le mécanisme de transmission liés à la pandémie.