Le Premier ministre est revenu avec émotion sur les événements tragiques de l’année, du décès du Grand-Duc Jean au malaise cardiaque de Felix Braz, en passant par la tornade qui a sévi à Pétange et Bascharage début août. (Photo: Capture d’écran/RTL Télé Lëtzebuerg)

Le Premier ministre est revenu avec émotion sur les événements tragiques de l’année, du décès du Grand-Duc Jean au malaise cardiaque de Felix Braz, en passant par la tornade qui a sévi à Pétange et Bascharage début août. (Photo: Capture d’écran/RTL Télé Lëtzebuerg)

Le Premier ministre a retracé l’année qui vient de s’achever au cours d’une interview diffusée sur RTL Télé Lëtzebuerg mercredi.

Interrogé le 1er janvier par la journaliste Caroline Mart durant 1h10,  (DP) .

À commencer par le plus terrible pour lui: le du vice-Premier ministre et ministre de la Justice  (Déi Gréng). «J’étais ce jour-là sur place avec sa fille», confie pour la première fois le Premier ministre, qui a attendu avec elle alors que «nous ne savions pas si Felix allait survivre ou non». M. Bettel a également livré quelques nouvelles rassurantes sur la convalescence de M. Braz. «Il parle, il plaisante même! Il revient de très loin.»

Une épreuve humaine qui a également affecté le gouvernement. «C’est un nouveau chapitre», concède le Premier ministre. «L’accord de coalition tient toujours» malgré le départ de M. Braz et bientôt celui d’ (LSAP), dont il «regrette mais respecte le ».

Interrogé sur le logement – et notamment sur l’absence de ce sujet  début octobre –, le Premier ministre a défendu le Pacte logement 2.0 présenté par  (Déi Gréng) en novembre et promis des mesures «concrètes». Sans dévoiler de points précis, il s’est prononcé en faveur d’une «taxe plus élevée chaque année sur les logements vides», ainsi que sur une différenciation entre les propriétaires d’un ou deux terrains à transmettre à leurs enfants et ceux qui en possèdent une centaine.

Nous avons besoin d’une croissance intelligente.
Xavier Bettel

Xavier BettelPremier ministre

Concernant la mobilité, M. Bettel a rappelé son soutien à des accords facilitant le télétravail pour les frontaliers, à la construction de lieux de travail aux frontières ou encore à l’aménagement de parkings relais dans les pays frontaliers, sans oublier les effets positifs attendus avec l’allongement du tracé du tram.

«Nous devons rester des pionniers», a-t-il souligné, vantant la «capacité de réfléchir autrement». Rebondissant sur le , il a estimé que «nous avons besoin d’une croissance intelligente» passant par davantage de planification, qu’il s’agisse de l’aménagement du territoire, des infrastructures ou encore du télétravail.

Le Premier ministre a également défendu le , avec des «objectifs ambitieux et réalistes» et l’annonce de mesures davantage fondées sur le principe du pollueur-payeur que sur des mesures incitatives.

«La a pour but de faire baisser la consommation et de faire en sorte que les gens ne se déplacent plus au Luxembourg simplement pour remplir leur réservoir», assume-t-il, affirmant que «pour le DP, la gratuité des transports publics est une mesure pour le climat». Quant au projet Google, , il esquive, indiquant qu’il «ne parle pas [des projets] tant que ce n’est pas terminé».

Les partis de la majorité ne sont pas parfaits.
Xavier Bettel

Xavier BettelPremier ministre

Interrogé sur le par la remise en cause des négociations tripartites par l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), le Premier ministre ne souscrit pas à l’expression de son ministre du Travail,  (LSAP), évoquant une «question d’ego» . M. Bettel mentionne plutôt des «forts caractères» et rappelle la tradition et la volonté inébranlable du gouvernement de «trouver des solutions dans le consensus».

L’année 2019 a également été émaillée de scandales politiques. «Les partis de la majorité ne sont pas parfaits», estime M. Bettel, tout en notant que l’affaire du casier bis n’en est plus une puisque le CSV s’est dit  (inventaire des banques de données, cadre législatif en préparation…). Quant au cas  (DP), «ce n’est pas une affaire», défend l’élu DP, rappelant que Mme Cahen a fait son mea culpa pour l’ depuis son adresse ministérielle.

«Il faut avoir le réflexe de modifier l’adresse d’expéditeur», minimise-t-il, soutenant encore la ministre de la Famille et par ailleurs présidente du DP pour sa communication sur les réseaux sociaux uniquement. «Peut-être que je l’aurais fait aussi si j’avais été à sa place, c’est un moyen de communication aujourd’hui», estime-t-il. Avant de préciser que le renforcement du code de déontologie du gouvernement est en cours de finalisation.

L’opposition est plus mordante, plus agressive, mais elle est dans son rôle.
Xavier Bettel

Xavier BettelPremier ministre

«L’opposition est plus mordante, plus agressive, mais elle est dans son rôle», commente encore le Premier ministre alors que Mme Mart évoque les coups de gueule et coups de sang du CSV, en particulier lors des derniers mois. «Les politiques jouent avec la provocation pour attirer l’attention», juge-t-il. «Nous ne donnons pas une bonne image aux citoyens.»

C’est à ce durcissement de l’opposition qu’il attribue d’ailleurs . Même s’il réitère son «mea culpa: nous aurions dû préparer autrement le référendum [de 2015], mais nous étions dans l’euphorie».

Revenant enfin sur la vie de la Cour grand-ducale, qui a elle aussi connu des hauts et des bas en 2019 avec le en avril et l’annonce d’un , M. Bettel a assuré entretenir une «relation de confiance avec le Grand-Duc et sa famille». «Le Grand-Duc est lui-même demandeur d’une amélioration», affirme-t-il, alors qu’il sur le fonctionnement de la Cour, qui pourrait être terminé en janvier ou en février. «À la Chambre de décider si ce rapport sera public, moi je ne verrais aucun problème à ce qu’il le soit.»

Le Premier ministre a conclu son interview en adressant ses vœux aux «Luxembourgeois, Luxembourgeoises et à tous ceux qui vivent au Luxembourg», ainsi qu’à ceux qui y travaillent. Des vœux plus graves que joyeux toutefois, en écho à l’évocation de Camille Gira et Felix Braz en début d’interview: «Profitez des bons moments parce qu’on ne sait pas ce que demain nous réserve.»