Romain Schmit peste contre l’excès de zèle des administrations dans les dossiers d’autorisations qui concernent les entreprises artisanales, confrontées à des exigences écologiques de plus en plus drastiques sur des zones à vocation économique. (Photo: Romain Gamba /Maison Moderne)

Romain Schmit peste contre l’excès de zèle des administrations dans les dossiers d’autorisations qui concernent les entreprises artisanales, confrontées à des exigences écologiques de plus en plus drastiques sur des zones à vocation économique. (Photo: Romain Gamba /Maison Moderne)

La Fédération des artisans en appelle au bon sens du gouvernement pour venir en aide aux entreprises touchées par une crise amenée à durer. Un bon sens qui devrait aussi prévaloir pour les projets des entreprises et la construction de décharges.

Maintenir l’activité économique par temps de Covid. Huit mois après le début de la pandémie, les représentants patronaux veulent tout faire pour éviter un second confinement, sous quelque forme que ce soit.

Alors que les pays voisins prennent tantôt des mesures à l’égard d’un secteur ou instaurent , les fédérations professionnelles sont à la manœuvre au Luxembourg.

Vendredi, l’Horesca  et autres mesures sanitaires pour éviter une fermeture qui serait fatale. La veille, la Fédération des artisans –  – rappelait les efforts déployés: «Les entreprises et leurs employés ont systématiquement mis en œuvre les mesures sanitaires et les concepts d’hygiène élaborés par les fédérations professionnelles, ce qui a permis d’éviter des infections sur le lieu de travail. Ces efforts doivent maintenant être poursuivis», écrit la Fédération.

Lors de effectué mercredi, le ministère de la Santé précisait que le monde du travail ne constituait pas une source de contamination majeure, a contrario du milieu familial:

Les mesures sanitaires appliquées par les entreprises représentent un certain coût, qui, combiné à la baisse du chiffre d’affaires, peut entraîner une situation délicate sur le plan des liquidités. Les artisans craignent aussi que les règles de quarantaine entraînent des problèmes d’organisation: «Actuellement, les entreprises enregistrent quatre fois plus d’absences dues à des mesures de quarantaine que d’absences pour maladie.» D’où la demande de prise en charge des charges salariales par la Sécurité sociale durant la durée de mise en quarantaine, tout en appliquant une «phase d’auto-observation» pour les «contacts à faible risque».

Poursuivre les aides sur 2020 et 2021

«La crise n’est pas derrière nous», résumaient le président et le secrétaire général de la Fédération des artisans, . Dans la foulée du et de la , ils souhaitent une prolongation des mesures de soutien de la part du gouvernement: «Il faut que toutes les entreprises de tous les secteurs puissent bénéficier du maintien du chômage partiel au-delà de 2020.» La discrimination entre secteur public et privé doit aussi prendre fin: «Les employés du secteur privé reçoivent 80% de leur salaire pendant les périodes de chômage partiel, alors que les fonctionnaires et assimilés se voient accorder une dispense de travail et le maintien de 100% de leur salaire.»

Autre requête: l’assouplissement des règles sur les CDD pour les prolonger jusqu’à 2021, compte tenu du manque de visibilité sur l’activité économique.

En dressant le bilan des aides financières apportées aux entreprises depuis le début de la crise, Romain Schmit reconnaissait que le chômage partiel fut précieux et que des aides remboursables – ou plutôt des reports – furent utilisées par les entreprises. Mais l’attention doit être portée sur le remboursement des cotisations de sécurité sociale et des impôts qui avaient été mis en suspens pendant le confinement. Afin, une fois de plus, d’éviter que la trésorerie ne soit en tension.

«Un soutien financier spécifique devra aussi être apporté à certains secteurs», estiment les représentants de l’artisanat, en pensant, par exemple, aux blanchisseries, dont les prestations sont réduites en raison de la baisse de l’activité hôtelière.

Des indépendants «oubliés»

L’image des épaules larges qu’auraient les indépendants, selon la formule employée à l’époque par le ministre socialiste du Travail,  (LSAP), est remisée au placard. Mais tous les indépendants ne roulent pas en Ferrari, ironise encore Romain Schmit.


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Au-delà de certaines images qui ont la vie dure, la Fédération tire notamment comme conclusion du dispositif d’aides pensé depuis le début de la crise que les indépendants «sont fortement désavantagés par rapport aux salariés dans le domaine de la sécurité sociale. Bien que les indépendants paient des cotisations, ils n’ont pas droit aux mêmes prestations que les salariés.»

Michel Reckinger plaide pour que le statut d’indépendant soit revalorisé. (Photo: Romain Gamba /Maison Moderne)

Michel Reckinger plaide pour que le statut d’indépendant soit revalorisé. (Photo: Romain Gamba /Maison Moderne)

«Dans tous les secteurs, les indépendants en ont bavé et n’ont pas eu ce à quoi ils auraient droit», résume Michel Reckinger. «Notre gouvernement a oublié les indépendants», regrette le président de la Fédération des artisans, qui estime tout de même que le gouvernement «apprend tous les jours. Nous lui donnons les informations pour réagir, et j’espère, dans ce qui va être annoncé, que nous serons écoutés. Ils l’ont fait jusqu’ici.»

Fage en version réduite

Cette conférence de presse a aussi permis aux représentants de l’artisanat de revenir sur les annonces faites par le Premier ministre lors du discours sur l’état de la Nation. «Dont acte» pour la réforme des fonds d’investissement spécialisés, les FIS.


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Pour Romain Schmit, le gouvernement n’apporte pas encore les réponses de fond pour parvenir à construire les logements nécessaires, et surtout à un prix abordable. «Le gouvernement reste sur l’approche classique, en essayant de remédier au manque de logements abordables par des interventions étatiques de plus en plus importantes», pointe la Fédération des artisans, qui suggère d’«impliquer non seulement les promoteurs publics (SNHBM et Fonds du logement, ndlr), mais aussi les initiatives privées qui pourraient contribuer à créer des logements sociaux dans des conditions claires et transparentes».


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Eau, énergie, emploi, exportation… des critères qui furent discutés au moment  et qui résonnent aussi dans l’artisanat. «L’artisanat a les mêmes problèmes pour réaliser des projets, mais en version plus petite», résume Romain Schmit. «Nous avons besoin de plans clairs, pour savoir ce qu’il est possible de faire, quand, où, et comment. De l’autre côté de la Moselle, vous avez une réponse en six mois et un contrôle ex post.»

Les compensations environnementales qui n’étaient pas prévues au départ, l’excès de zèle de l’administration, le reclassement de certains terrains… les artisans, tout comme les industriels, ont mal à leur esprit d’entreprendre.

Autant de CO2 que Diekirch

À la croisée de ces chemins courts qui deviennent encombrés, la réalisation de nouvelles décharges pour les déchets inertes cristallise autant les besoins du secteur du bâtiment qu’une forme d’inertie de la main publique. «Il y a une loi, un cadre légal, le gouvernement a défini neuf régions à travers le pays pour accueillir une décharge. Normalement, chaque région devrait en avoir une, appliquons la loi», appuie Romain Schmit.

Faute de décharges suffisantes, les déchets inertes «devront être transportés vers Colmar-Berg.» Un «tourisme de déchets», qui génère, selon les estimations de la Fédération des artisans, le même niveau de CO2 que les émissions annuelles de la ville de Diekirch.

Et Romain Schmit de craindre que rien ne bouge sur ce dossier jusqu’aux prochaines élections législatives de 2023. Le syndrome «Banana» (build absolutely nothing anywhere near anything), auquel le secrétaire général de la Fédération des artisans fait référence, se vérifiera-t-il?