L’idylle entre le groupe grec Fage et le Luxembourg est terminée. Donnée par RTL, l’information a été confirmée à Paperjam par le ministère de l’Économie. L’entreprise ne s’implantera pas sur le zoning Wolser, à cheval sur les communes de Bettembourg et de Dudelange. D’ultimes réunions au cours de ces derniers jours n’ont pas permis d’aboutir à une solution.
Fage aurait pu être lassée des atermoiements du dossier, lancé voici quatre ans, et dont l’issue était encore incertaine. Pour rappel, le ministère de l’Environnement devait se prononcer prochainement sur celui-ci et transmettre son avis au gouvernement.
L’ambition grecque était de bâtir une usine à même de produire 80.000 tonnes de yaourt par an. Mais la consommation d’eau importante a notamment suscité des inquiétudes, tout comme les rejets des eaux usées dans l’Alzette ou le charroi qui allait être généré. ,
Un investissement de 277 millions
Le groupe grec avait acquis 15 hectares de terrain, pour environ 30 millions, . Dans des conditions qui sont encore actuellement examinées par la Cour des comptes. Au total, les investissements consentis . Au total, 277 millions devaient être investis sur place, ce qui aurait créé 300 emplois.
Dans un communiqué, le ministre de l’Économie (LSAP) dit déplorer que «Fage ait décidé d’abandonner son projet d’investissement industriel au Luxembourg après quatre années de procédures. Le projet aurait contribué au développement du tissu économique régional, souffrant de la crise actuelle. L’industrie nationale et européenne traverse actuellement une phase difficile, qu’il convient de contrecarrer de manière déterminée. La préservation du tissu industriel existant et son renforcement par l’implantation d’activités industrielles nouvelles à la pointe du progrès technologique et environnemental demeurent plus que jamais une des priorités du ministère de l’Économie.»
Le terrain rétrocédé au prix d’acquisition
Toujours selon le ministère, «les responsables de Fage vont rétrocéder le terrain dans la zone d’activités économiques Wolser à l’État au prix d’acquisition».
il s’agit là du second projet industriel récent qui échoue à cet endroit. révélées par Paperjam, , .
La présidente de la Fedil, , est plus qu’amère par rapport à cette issue défavorable: «Je suis scandalisée, déçue et en colère. On n’a absolument pas tenu compte des intérêts du pays, du fait que des entreprises ferment et vont encore fermer… C’est inacceptable.» La Fedil travaille sur une proposition afin de réduire, dans un futur proche, les délais administratifs d’un tel dossier.
Contactée par Paperjam, la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, (Déi Gréng), s’est montrée «surprise par la décision du groupe Fage de retirer son dossier d’implantation. Le dossier était sur la ligne d’arrivée en termes de procédure commodo/incommodo, avec l’avis de l’Administration de l’environnement prévu dans les délais pour la mi-octobre 2020.»
Carole Dieschbourg a aussi fait part de «[son] étonnement par rapport », alors que, selon elle, son administration traite environ 1.000 dossiers par an, issus des divers secteurs économiques du pays, et contribue «de cette manière à l’image positive du Luxembourg comme pays industriel innovant».
De son côté, le ministre de l’Économie, Franz Fayot (LSAP), s’est exprimé devant la Chambre des députés mardi après-midi en réponse aux questions urgentes posées par les députés Martine Hansen (CSV) et Fernand Kartheiser (ADR). «Nous avons reçu une lettre de Fage vendredi matin signifiant son retrait et ses regrets après avoir investi durant quatre ans dans un projet qui aurait servi les clients au Luxembourg et en Europe. J’ai invité ses représentants lundi matin, qui m’ont confirmé qu’il s’agissait d’une décision irrévocable.»
Les raisons invoquées par Fage? «Ils ont essayé en toute bonne foi d’implanter une usine de yaourt technologiquement avancée. Mais le projet a évolué.» Devant les complications en matière de consommation d’eau et de réchauffement de l’Alzette, «le projet a été rendu plus onéreux, moins économique et moins rentable», relaie le ministre, auquel Fage a également confié que «la raison principale [de son retrait venait] d’une atteinte à sa réputation depuis les derniers mois», marqués par une opposition croissante à son projet d’usine.
Le ministre LSAP a également confirmé avoir signé le matin même un compromis concernant la rétrocession du terrain au prix d’acquisition (20.000 euros l’are), assurant «une opération neutre pour les finances de l’État». Et a promis «de faire quelque chose qui ait du sens» à cet emplacement. «Nous avons la volonté de développer une industrie durable. Nous avons besoin d’activités industrielles dans le pays et ne pouvons nous contenter des seules activités de services.»