Bien que représentant près d’un quart de l’emploi total (23%) et plus d’un cinquième du nombre d’entreprises actives au Luxembourg (22%), l’artisanat peine à attirer de nouveaux talents. Si Tom Oberweis, nouveau président de la Chambre des métiers, entend «restaurer l’attractivité de ce secteur», le défi s’annonce de taille, tant l’artisanat reste associé à l’échec scolaire et à une perception péjorative des métiers manuels, à la différence de ceux liés à la Place, considérés comme prestigieux. Or, avec ses 46.500 emplois, le secteur bancaire pèse deux fois moins lourd en termes d’emplois que l’artisanat, qui employait, en 2017, 91.563 personnes, selon les données de la Chambre des métiers.

Produisant 9% du PIB national, ces emplois sont répartis en six branches, dont les principales ne sont autres que la construction, la mode, santé et hygiène et la mécanique. La construction employant toutefois à elle seule pas moins des deux tiers des personnels de l’artisanat.

Même prédominance – mais dans une proportion toutefois moindre – en ce qui concerne le nombre de sociétés recensées, puisque, sur les 7.303 entreprises artisanales actives en 2017, 50% sont actives dans cette branche.

À la prédominance d’une branche d’activité sur l’ensemble d’un secteur vient s’ajouter la composition même de la population salariée, puisqu’officiellement, depuis 2017, 42.500 personnes travaillant dans le secteur ne résident pas au Luxembourg. Soit 50% de l’effectif total, selon les calculs de la Chambre des métiers, qui note que les Luxembourgeois ne représentaient plus que 14% d’entre eux. Pour mémoire, en 2000, les non-résidents représentaient un plus du tiers des emplois du secteur (36%), contre un cinquième (21%) pour les Luxembourgeois et 40% pour les résidents étrangers.

Mais si la part des Luxembourgeois se réduit dans l’ensemble des salariés du secteur, leur nombre en chiffres absolus reste «stable», puisque représentant quelque 12.000 personnes, selon les derniers chiffres de l’organisation professionnelle du secteur, qui démontrent également que «le poids des salariés portugais est en retrait au profit de ceux de nationalité française et allemande». Toutefois, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée se fait encore et toujours ressentir, en lien notamment avec un nombre d’apprentis et de détenteurs du brevet de maîtrise qui ne suit pas la demande.

Conséquence de cette situation, la question de la transmission des entreprises prend une importance de plus en plus grande chaque année, la Chambre des métiers ayant recensé en 2017 quelque 4.600 passages de témoin de la part de patrons ayant 50 ans ou plus. Argument avancé pour encourager le mouvement, le taux de survie des entreprises du secteur, qui s’établit en moyenne sur la décennie écoulée à 66% après cinq ans d’activité. Contre 55% en moyenne pour l’ensemble des entreprises sur la même période.

Un état de fait justifié par la Chambre des métiers par le «certain niveau de qualification pour la création ou la reprise d’une entreprise artisanale». Et ce, même si «une récente dose de libéralisation de ces dispositions» a été introduite. Une affirmation à nuancer toutefois, puisque, selon les données officielles du Statec, contre 2010 et 2017, le nombre d’entreprises de l’artisanat est passé de 5.500 à 7.300, soit une progression d’un tiers en sept ans.