Malgré le ralentissement de l’inflation et la baisse des taux d’intérêt, les incertitudes géopolitiques et économiques pèsent toujours sur le climat des affaires au Luxembourg. Voici ce qu’indiquent les résultats de la , réalisée entre le 16 septembre et le 4 octobre auprès de 617 entreprises de six salariés ou plus. À noter que l’enquête s’est conclue avant , qui est susceptible d’accentuer ce climat d’incertitude.
Pour rappel, le score du Baromètre de l’économie (sur 100) correspond à la moyenne des sept indicateurs de conjoncture: confiance dans l’avenir (entreprise et économie), activité (six derniers mois et six prochains mois), emploi, rentabilité et investissements. Avec une note synthétique de 49,3/100 contre 49,5 au semestre précédent, le climat économique semble se stabiliser après une période de ralentissement.
Cette stabilité masque toutefois des disparités sectorielles notables. L’industrie et la construction, en particulier, montrent des signes inquiétants: 45% des industriels et 43% des constructeurs rapportent un recul de leur activité au cours des six derniers mois. À l’inverse, le secteur financier se démarque avec seulement 7% des entreprises rapportant une baisse de leur activité.
Les perspectives pour les six prochains mois sont légèrement moins pessimistes, mais demeurent préoccupantes avec 19% des sondés qui anticipent une progression de l’activité, tandis que 58% s’attendent à une stagnation et 22% redoutent un recul (les secteurs de la construction et de l’industrie sont les plus inquiets face à cette éventualité).
La confiance en hausse, mais bien en dessous du niveau pré-pandémie
La confiance des dirigeants dans l’avenir économique du pays remonte progressivement pour atteindre 69%. Un niveau qui reste bien inférieur à celui enregistré avant la pandémie et les crises successives (90%). Les dirigeants des secteurs des transports (79%) et des services financiers (78%) se montrent les plus optimistes, tandis que ceux de la construction sont plutôt réservés (59%).
Avec 30% des dirigeants qui prévoient une dégradation de leur rentabilité dans les six mois à venir, la majorité des entreprises ont opté pour une stabilisation de leurs investissements à court terme, particulièrement dans l’industrie et le commerce. En construction, près de 40% des entreprises envisagent même de les réduire.
«La dégradation continue de la rentabilité des entreprises, très marquée dans certains secteurs, doit nous alerter», souligne le CEO de la Chambre de commerce, . «Sa restauration doit figurer parmi les priorités des mesures et initiatives gouvernementales, car nous ne rappellerons jamais assez qu’une entreprise doit tout d’abord être rentable avant de pouvoir investir, recruter et ainsi se développer .»
La dynamique de création d’emplois demeure modeste: seules 15% des entreprises envisagent d’augmenter leurs effectifs, tandis que 18% prévoient des suppressions, notamment dans les secteurs de la construction, de l’horeca et du commerce. Autre problème: la pénurie de personnel qualifié, actuellement 59% des chefs d’entreprise expriment des préoccupations à ce sujet.
L’innovation: clé de la compétitivité des entreprises
Dans ce contexte économique, la Chambre de commerce souligne l’importance de l’innovation pour maintenir la compétitivité des entreprises. «L’innovation est un levier essentiel pour assurer un développement durable et compétitif de notre économie et de nos entreprises », analyse Carlo Thelen. «La majorité d’entre elles souhaiterait la création de nouvelles aides fiscales ou de financement en capital pour stimuler leur capacité d’innovation et ainsi leur productivité. On peut par exemple penser à un crédit impôt recherche, à une réduction de la fiscalité sur le coût du personnel ou encore à des possibilités plus marquées dans le domaine des prises de participation dans le capital.»
Plus de 63% des entreprises déclarent d’ailleurs avoir innové au cours des trois dernières années, et 95,6% d’entre elles constatent des bénéfices tangibles pour leurs activités. La retombée la plus notable? Une augmentation de la productivité pour 54,5% des sociétés, avec des résultats particulièrement marqués dans les secteurs de l’industrie et de la construction.
Pourtant, un tiers des dirigeants n’ont pas innové ces dernières années ou ont été incapables de le faire, en raison de divers obstacles internes et externes. Parmi les trois principaux obstacles internes, on retrouve la difficulté de trouver la main-d’œuvre adéquate (39%), le manque de moyens financiers ou de rentabilité (37%), et le manque de temps (33%). Du côté des obstacles externes, trois défis majeurs persistent: des réglementations trop strictes (29%), un environnement économique incertain (26%) et des aides financières jugées peu incitatives (25%). Ce dernier point est cité comme le principal frein par presque tous les secteurs, à l’exception du commerce et des services financiers. Pour ce dernier, c’est plutôt la réglementation trop stricte qui constitue le premier obstacle.
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L’intelligence artificielle est de loin perçue comme étant celle qui devrait le plus redessiner les activités, surtout dans les services financiers, où 90% des dirigeants estiment qu’elle redéfinira leurs modèles économiques. Les technologies robotiques, quant à elles, sont vues comme la prochaine grande révolution dans le secteur industriel, avec 57% des entreprises prêtes à investir dans ce domaine au cours des trois prochaines années.
«L’innovation est un vecteur déterminant de la hausse de la productivité des entreprises. Il s’agit du principal défi des entreprises luxembourgeoises, et ce quels que soient leur taille ou le secteur d’activité dont elles émanent. Il en va de leur survie dans un monde complexe, incertain et en constante évolution. Il s’agira pour le gouvernement de progressivement contribuer à lever les freins persistants à l’innovation, et à rendre plus lisible l’écosystème très dense en matière d’accompagnement et de soutien de l’innovation, dont les initiatives et mesures spécifiques restent trop peu connues par les dirigeants d’entreprise», conclut Carlo Thelen.