«Lumière au bout du tunnel? Rien n’est moins sûr!» Tel est le titre de la onzième enquête semestrielle du Baromètre de l’économie réalisée du 8 au 29 avril par la Chambre de commerce. Ce qui ressort de cette enquête, établie avec la participation de 711 entreprises de six salariés et plus, est que l’environnement des affaires reste très mitigé, et que tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne en ce qui concerne leur confiance en l’avenir.
«Entre le second semestre 2021 et le second semestre 2023, le pourcentage de chefs d’entreprise confiants dans l’avenir de l’économie luxembourgeoise avait chuté de 23 points, passant de 87% à 64%», a expliqué , directeur général de la Chambre de commerce ce mardi 4 juin. «Une baisse spectaculaire, qui témoigne de la violence des chocs économiques. Au premier semestre 2024, pour la première fois en trois ans, la confiance à moyen terme en l’économie nationale repart très légèrement à la hausse, à 67%. Ce taux reste faible. Le patient n’est pas guéri, loin de là, mais l’hémorragie de confiance semble stoppée.»
Simplification administrative, système des pensions…
Surtout, la confiance n’est pas la même selon les secteurs. Les secteurs des transports (80%) ou des services financiers (77%) semblent particulièrement confiants pour l’avenir de l’économie luxembourgeoise, contrairement à ceux de la construction (56%) ou de l’horeca (51%). «Rien d’étonnant étant donné que ce sont ces entreprises qui subissent le plus fortement la crise de l’immobilier et du logement, et les hausses des prix de l’énergie.»
Et alors que l’activité des entreprises au dernier semestre a été plus faible que ce qui était attendu il y a six mois – 34 % de baisse d’activité contre 19% attendus –, qu’espèrent-elles exactement du gouvernement? «Des mesures ciblées», répond Carlo Thelen. «La fenêtre de tir est au final limitée puisque dans deux ans quasiment les partis repartiront en campagne électorale, mais il faut soutenir les entreprises avec la simplification administrative, la digitalisation.»
«Le gouvernement doit aussi rétablir l’équilibre des finances publiques, attirer des investisseurs, réformer le système des pensions», ajoute le directeur général de la Chambre de commerce, avec en ligne de mire le discours sur l’état de la Nation attendu par les entreprises. Et comment expliquer ce léger regain de confiance? «Nous pensons que la baisse de l’inflation y a contribué.»
Sur l’évolution des procédures et formalités administratives des entreprises, elles sont pourtant 33% à trouver qu’elles se sont complexifiées, 63% qu’elles sont inchangées et seulement 4% qu’elles se sont simplifiées, preuve qu’il y a encore du travail du côté du gouvernement.
L’impact de la crise du logement
Les entreprises ont également été interrogées sur les défis socio-économiques du pays: crise de l’immobilier et du logement, absentéisme, soutenabilité du système des pensions, les prochaines élections européennes du 9 juin, etc. «Sur la crise du logement en particulier, 59% des répondants ont cité les taux d’intérêt élevés parmi leurs trois réponses. Arrivent ensuite le manque de logements abordables (44%), les conditions d’octroi de crédits demandées par les banques (41%), la spéculation sur les terrains et les logements (40%) et le prix de la construction (40%). Et seuls 24% d’entre eux estiment que la crise du logement va s’atténuer courant 2024 sous l’effet des mesures d’urgence adoptées. 67% pensent que la crise va perdurer cette année», précise Christel Chatelain, directrice des affaires économiques à la Chambre de commerce.
55% des répondants pensent que la crise du logement est à l’origine de leurs difficultés à recruter et 35% qu’elle constitue un frein pour retenir les talents. Alors que la compétitivité du Luxembourg décline dangereusement dans les classements internationaux, 76% des répondants considèrent que les difficultés sur le marché du logement ont un impact négatif sur la compétitivité et l’attractivité du Luxembourg. 63% des chefs d’entreprise estiment même que la crise du logement affecte leur activité, directement ou indirectement. Ce pourcentage s’élève à 85% dans le secteur de la construction, forcément, et à l’inverse 32% des sondés, dont une majorité dans le transport (56%), les services financiers (46%) et l’industrie (44%), ne ressentent aucun effet sur leur activité.