Les challenges ne font pas peur à Flowey. Dans l’entreprise familiale, face à la concurrence, aux crises sanitaires et aux défis posés par le climat, on prône l’adaptation et l’innovation. Aux côtés du fondateur et CEO Filippo Florio, mécanicien de formation, sa femme Danielle occupe le poste de CFO et leurs quatre enfants composent le comité de direction. L’aîné de la fratrie, Franco Florio, porte la casquette de COO. Son frère Ricardo est à la tête du développement commercial. Gianna est directrice du marketing et Stefano dirige les finances et les ressources humaines. Alors ici à Bissen, le business ressemble un peu à un repas de famille: chacun apporte sa part, ses idées, ses responsabilités – et c’est ensemble qu’ils font grandir la recette du succès. En 2024, l’entreprise baptisée LCI Flowey Products au Registre du commerce affiche un résultat de 1,6 million d’euros.
Sur son site de production de la zone de Klenbousbierg, où elle est installée depuis 2009 après avoir quitté Walferdange, Flowey développe, produit et commercialise plusieurs gammes de produits professionnels. Depuis les premières solutions de nettoyage pour le secteur automobile, à destination de clients professionnels – comme la gamme Auto Clean System Pro pour l’intérieur et l’extérieur des véhicules, ou la gamme Carwash pour les stations de lavage ou tunnels de nettoyage – l’entreprise a développé de nouvelles formules pour de nouveaux usages.
Faire fusionner innovation et diversification
Deux ingénieurs chimistes travaillent dans le laboratoire de l’entreprise, et deux sont en charge du département Quality, Safety and Environment. Aujourd’hui, l’entreprise propose aussi d’autres gammes de produits pour les professionnels: Technic et Technic BT pour l’industrie, la mécanique et le bâtiment.
Elle a rapidement développé une gamme complète pour les clients particuliers, grâce à des revendeurs soigneusement sélectionnés. «Nous ne vendons pas nos produits en direct aux clients privés, nous travaillons avec des distributeurs et des revendeurs professionnels, car ils peuvent donner du conseil aux privés qui viennent dans leurs magasins. Il peut s’agir de garagistes ou de carrossiers: des professionnels qui savent comment bien laver une voiture», insiste Gianna.

La gamme à destination des particuliers permet de nettoyer l’intérieur et l’extérieur des véhicules, avec des produits adaptés. (Photo: Flowey)
Dans l’espace de production, 550 tonnes de matières premières nécessaires à la fabrication des produits sont stockées, pour une capacité de production journalière de 40 tonnes, soit 180 bidons par heure! Côté logistique, le site est capable de stocker 2.000 palettes. Des capacités importantes rendues possibles grâce à des travaux d’agrandissement menés entre 2017 et 2019. Mais avant de produire, il faut concevoir. C’est dans le laboratoire que tout se joue, avec une multitude de tests pour évaluer la stabilité des produits, notamment aux températures.
«Si on a l’idée d'un nouveau produit, on se donne toujours au moins six mois. Le développement lui-même est assez rapide, entre un et deux mois. La phase de test est importante et se fait en interne, mais aussi en impliquant nos clients. La stabilité des produits est importante car nous envoyons nos produits dans 50 pays où il peut y avoir des différences de températures», explique Gianna. Ici, on ne lésine pas sur la qualité, ni sur leur traçabilité. Et c’est dans la chambre chaude que tout se joue: dans une pièce à 20°C, les étagères sont remplies de petits pots de différentes couleurs: un échantillon pour chaque formule produite est conservé deux ans. De façon à refaire des tests et observer la qualité du produit sur du plus long terme.

Les cuves contenant les matières premières (au-dessus au second plan) alimentent directement les cuves de fabrication via des tuyaux, sans nécessité de pompage énergivore. (Photo: Maëlle Hamma)
Côté production, quatre gigantesques cuves de production contiennent les produits de différentes natures nécessaires à la production: les alcalins, les produits acides et les produits dits neutres. «Tout est automatisé. Notre chef de production lance la fabrication chaque matin. Nous avons ajouté des bacs de réserve, ce qui permet de produire en permanence alors qu'auparavant, nous devions remplir tous les bidons avant de relancer une production. Cela nous a permis de doubler notre capacité», montrent Gianna et Stefano, les deux plus jeunes de la fratrie. Ici, on est capable de proposer différents conditionnements, des petites bouteilles en spray aux gros bidons de plusieurs décilitres. «Il y a encore du travail manuel, et c’est essentiel pour conserver un check de qualité», pointent-ils.
55% d’eau de pluie
Et dans la production, un leitmotiv guide la famille Florio: consommer moins, mais mieux. C’est pour cette raison que les cuves de matières premières ont été installées au-dessus des cuves de production et reliées à elles par des tuyaux. Il n’y a qu’à ouvrir les vannes: «Ainsi, nous n’avons pas besoin de pompes qui consomment beaucoup d’énergie.» Plus marquant, pour sa production, Flowey utilise 55% d’eau de pluie récoltée sur le toit de son bâtiment. «Nous opérons un micro-filtrage en trois étapes, et l’eau est testée dans notre laboratoire avant d’être utilisée. Pour nous, une fois filtrée, l’eau de pluie reste la meilleure option.» Même pour l’étiquetage des produits, la famille Florio veut faire en sorte de ne pas gaspiller. De gros rouleaux d’étiquettes vierges, appelés masques, sont utilisés au compte-goutte et imprimés selon la langue du pays où seront envoyés les produits. Une employée est aussi en charge de la documentation fournie avec les produits, et qui doit être conçue en différentes langues, selon la destination finale du produit.

Flowey dispose de son propre département de R&D en interne. (Photo: Flowey)
Pragmatisme et agilité: les deux mots d’ordre chez Flowey. D’ailleurs, en 2019, la famille a pris une décision qui, sans le savoir, allait être décisive pour son avenir. Elle a décidé de lancer sa gamme professionnelle Hygiène pour le nettoyage dans l’horeca, les cantines, les crèches… Et dans la foulée, elle renforce sa gamme de produits de désinfection… juste avant le Covid. De quoi surmonter cette crise qui a laissé sur le carreau bien des entreprises, et même en tirer parti. «Cela nous a sauvés. Pendant la pandémie, notre usine a pu doubler la production pour répondre à la demande en désinfection», se réjouit la fratrie, avec l’humilité qui la caractérise. Cette année-là, l’entreprise réalise un résultat qui dépasse le million d’euros.
Flowey veut conquérir le monde
Toujours dans une logique de diversification, l’entreprise propose aussi une production dite «private label», c’est-à-dire qu’elle conçoit et fabrique des formules nettoyantes pour les besoins de clients professionnels. «Nous recevons de plus en plus de demandes pour faire ces ‘private label’. Nous pouvons offrir un produit de la formule jusqu’à l’étiquette personnalisée, le full package. Nous exigeons des quantités minimales mais c’est une démarche intéressante pour nous en termes de développement commercial.»
Un développement commercial permanent, dirigé par Ricardo et son équipe d’une vingtaine de personnes qui travaillent actuellement à conquérir de nouveaux marchés, comme l’Amérique latine, l’Afrique ou la Turquie. «Nous sommes en train de découvrir un peu l’Afrique. Nous sommes en prospection permanente. Dimanche, on va partir au Brésil. On peut désormais ajouter l’Équateur et le Pérou qui vont se rajouter. Et en juin, on va être présent sur un salon à Panama, pour se présenter sur ce marché. Pour nous, c’est important», explique-t-il.

L’entreprise assure elle-même sa logistique (hors transport). Elle est capable de stocker 2.000 palettes sur son site de Bissen. Mais à terme, Flowey sait qu’elle manquera encore de place, une réflexion est engagée pour trouver de nouvelles solutions de stockage. (Photo: Maëlle Hamma)
L’autre défi majeur de l’entreprise est la durabilité et l’ambition de proposer des produits plus respectueux de l’environnement. Sa gamme Hygiène Green dispose de plusieurs certifications au niveau européen et mondial, et leurs déclinaisons dans certains pays, notamment les pays nordiques. Si ces labels ne sont pas une fin en soi, ils ont un enjeu stratégique et peuvent être «une clé d’entrée pour travailler avec certaines institutions», souligne Stefano, par exemple, mais aussi pour répondre aux exigences des clients de plus en plus soucieux de la qualité des produits qu’ils consomment.
Si tous les produits fabriqués par Flowey ne peuvent pas être considérés comme «écologiques du fait de l’utilisation de certaines matières premières, la famille a à cœur de produire plus durablement et ce pour deux raisons. Pour la planète, bien sûr, mais aussi pour des raisons stratégiques. Elle produit par exemple des produits concentrés qui nécessitent d’en utiliser une quantité moindre et avec des tensioactifs d’origine végétale efficaces même à basse température. «Pour nous, il ne s’agit pas uniquement du produit en lui-même mais de toute la démarche, d’où l’utilisation d’eau de pluie. Mais cela vaut aussi dans le choix de nos fournisseurs de matières premières, tout le long de la chaîne d’approvisionnement.»

Née en 1990, l’entreprise a déposé officiellement sa marque en 1994. Depuis 1998, elle bénéficie du label Made in Luxembourg. (Photo: Maëlle Hamma)
Dans les prochains mois, l’entreprise vise aussi l’autosuffisance grâce à l’installation de panneaux solaires sur le toit du site. «Cela va nous permettre de couvrir 80% de notre consommation», précise Franco. En attendant, Flowey continue de développer ses gammes de produits. Parmi les petits nouveaux, une formule spécialement conçue pour le nettoyage des vélos et des motos. Elle travaille aussi sur le développement d’une nouvelle gamme Hygiène pour le marché public à horizon 2026-2027, «c’est-à-dire pour les supermarchés ou les commerces car nous sentons une demande et nous pourrions nous positionner. Nous travaillons aussi sur de nouvelles références éco-labels. Elle est actuellement en développement et validée, et la demande est en cours auprès de l’Administration de l’environnement.» D’ici un ou deux mois, elle verra officiellement le jour.