Directeur général de la Chambre de commerce, Carlo Thelen s’alarme de la dégradation des perspectives de rentabilité des entreprises luxembourgeoises. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Directeur général de la Chambre de commerce, Carlo Thelen s’alarme de la dégradation des perspectives de rentabilité des entreprises luxembourgeoises. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Dans le paysage économique actuel, les entreprises font face à un défi majeur. Les résultats du Baromètre de l’économie du second semestre 2023, publiés par la Chambre de commerce, révèlent une baisse significative de la confiance, affectant divers secteurs. 

Le Luxembourg, longtemps considéré comme un havre économique, est confronté à des défis économiques croissants. Les résultats du Baromètre de l’économie du second semestre 2023, publiés ce jeudi par la Chambre de commerce, pointent un contexte difficile pour les entreprises.

Le Baromètre économique évalue la santé économique d’un pays en agrégeant des indicateurs clés tels que la confiance des entreprises, l’activité économique, l’emploi, la rentabilité, l’investissement et les perspectives économiques. L’enquête, menée du 18 septembre au 6 octobre auprès de 647 entreprises employant au moins six salariés, révèle une détérioration du climat des affaires. Certains secteurs, tels que la construction, l’Horeca (hôtels, restaurants, cafés) et l’industrie, sont particulièrement touchés par cette tendance négative.

La dégradation des perspectives de rentabilité des entreprises luxembourgeoises nous inquiète très fortement. La restauration de cette rentabilité doit être une priorité absolue pour le nouveau gouvernement.
Carlo Thelen

Carlo ThelenDirecteur généralChambre de commerce

Confiance en baisse, perspectives incertaines

Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, le score global du Baromètre passe en dessous de la barre des 50 sur 100 (48,9). Cette chute de 1,8 point par rapport au premier semestre 2023 témoigne d’une nette dégradation de la confiance des entreprises. Tous les principaux indicateurs de conjoncture, tels que la confiance dans l’avenir de l’entreprise, la confiance dans l’avenir de l’économie, l’activité passée et future, l’emploi, la rentabilité et l’investissement, sont en baisse.

La part de chefs d’entreprises se disant «confiants» ou «très confiants» dans l’économie a subi une importante baisse depuis début 2022, chutant de 87% en fin 2021 à 64%. Toutefois, la confiance dans l’avenir de leur propre entreprise reste stable, avec 74% des entrepreneurs optimistes. Néanmoins, la confiance dans le secteur industriel a connu une chute significative de 15 points en un semestre.

Cette perte de confiance découle principalement du ralentissement de l’activité économique, avec 54% des entreprises signalant une stagnation au cours des six derniers mois, tandis que 27% ont enregistré une régression. Les perspectives à court terme demeurent pessimistes, notamment pour les secteurs de la construction, de l’industrie et de l’horeca (hôtels, restaurants, cafés).

Le «deuxième effet de l’inflation»

Le Luxembourg fait face à ce que le directeur de la Chambre de commerce, , a qualifié de «deuxième effet de l’inflation». D’une part, l’augmentation rapide et significative des taux d’intérêt, mise en place par les banques centrales pour contrer l’inflation, compromet leur capacité à financer de nouveaux projets. D’autre part, l’indexation salariale, bien qu’avantageuse en période d’inflation modérée, devient un fardeau financier lorsque les prix s’envolent.

Pour atténuer ces défis, la Chambre de commerce plaide une nouvelle fois en faveur d’une réforme de l’indexation des salaires. Cette proposition repose sur trois piliers: limiter à une seule indexation annuelle, plafonner l’indexation à partir de 1,5 fois le salaire mensuel médian, et rendre l’indexation dégressive au-delà de quatre fois ce salaire médian. De plus, elle recommande la mise en place d’une indexation basée sur un panier durable pour assurer la stabilité économique.

Réformes structurelles

Les résultats du Baromètre illustrent la nécessité de réformes structurelles pour revitaliser l’économie. Carlo Thelen insiste sur l’urgence de ces réformes. Il souligne que des mesures fiscales spécifiques en faveur des PME peuvent favoriser l’attraction et la rétention de talents, soutenir les transitions digitales et environnementales des entreprises, encourager les investissements et stimuler l’entrepreneuriat.