Les négociations tripartites (gouvernement, syndicats et patronat) qui débutent dimanche à Senningen et dureront trois jours doivent dégager des solutions pour soutenir les ménages et les entreprises frappés de plein fouet par la crise de l’énergie et l’inflation. Elles s’annoncent âpres. Mais devront déboucher sur un accord, quitte à ce qu’elles se prolongent, «alors que l’hiver frappe à la porte». C’est ce qu’a indiqué le Premier ministre, (DP), qui a mené des rencontres bilatérales avec les autres parties prenantes alors qu’un conseil de gouvernement aura lieu ce jeudi.
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L’urgence d’agir, assez peu prise en compte ces dernières semaines, semble maintenant une évidence. Les chiffres livrés par le Statec quant aux prévisions d’inflation ont eu l’effet d’un détonateur. Comme toujours, trois scénarios sont mis en lumière:
- Un scénario pessimiste: une inflation de 6,8% en 2022 et de 8,5% en 2023. Cela signifie des indexations à gogo, en novembre prochain, en janvier, en avril et encore au troisième trimestre 2023. Sans oublier l’index de 2022 reporté à l’année suivante. Soit cinq indexations en quelques mois.
- Un scénario optimiste: une inflation de 6,4% en 2022 et de 4,4% en 2023. Ce qui donnerait une indexation en janvier 2023 et une autre en juillet, en plus de celle qui a été reportée. Soit trois indexations.
- Un scénario central: une inflation de 6,6% en 2022 et en 2023. Et donc trois indexations en novembre 2022, mars et septembre 2023, plus celle reportée de 2022. Soit quatre indexations.
Pour rappel, le coût d’une seule indexation est estimé à environ 800 millions d’euros.
Les prochaines indexations pas reportées d’office
«Nous sommes dans un tout autre scénario qu’en mars, quand nous avons signé le dernier accord tripartite», commente le Premier ministre. Qui a tiré quatre conclusions de ses discussions bilatérales.
Premièrement, et cela coule de source, il faut impérativement trouver des solutions et c’est à la tripartite de le faire.
Deuxièmement, le contexte étant différent, l’accord de mars ne peut être simplement adapté. «Les prochaines tranches indiciaires ne seront pas reportées d’office», indique encore Xavier Bettel. Une perspective glaçante pour les chefs d’entreprise, évidemment. «Mais, avec les partenaires sociaux, le gouvernement veut trouver des solutions adaptées. Ce qui pour nous est conforme à l’accord de mars qui prévoyait une nouvelle tripartite en cas de dégradation de la situation», poursuit le Premier ministre.
Troisièmement, il faut agir vite. Si un accord n’a pas été trouvé mardi, la tripartite se poursuivra. Le Premier ministre veut du concret pour les entreprises et les ménages pour la fin de ce mois, début octobre au plus tard. «Mon sentiment personnel est que si le citoyen a l’impression, avec tous les soucis qu’il a, qu’il ne trouve pas une écoute auprès du gouvernement, des employeurs ou des partenaires sociaux, ce serait une erreur politique, économique et sociale majeure.»
Quatrièmement, la situation géopolitique étant mouvante, la tripartite sera peut-être la dernière, peut-être pas. «On ne doit rien exclure», confirme le Premier ministre.
Le conseil de gouvernement sera informé ce jeudi. Charge ensuite à la tripartite de dégager des solutions.
À quel prix? Ce sera un des enjeux des discussions. Le Premier ministre a en tout cas confirmé qu’il ne fallait en aucun cas mettre la stabilité du pays en jeu. La ministre des Finances exposera les marges budgétaires disponibles, mais les «aides ciblées» ne devront pas mettre en danger la notation AAA. De même, Xavier Bettel a déjà balayé d’un revers de la main la possibilité de passer au-dessus des 30% d’endettement public, seuil fixé par l’accord de gouvernement «et qu’on devra respecter».
Quant à l’indexation, même cette année encore, «c’est une partie de la solution», mais pas la seule partie. Une indexation avant la fin de 2022 serait une catastrophe pour les entreprises? «Pour la population aussi», rétorque le Premier ministre. Compensation, report de paiement, action directe via la fiscalité… «tout sera sur la table pour être discuté». Charge à chacun de se rendre compte «que l’on ne joue pas l’un contre l’autre» et que «la responsabilité est collective».
Une issue positive sera trouvée si chacun vient sans tabou. Le Premier ministre a assuré qu’il n’en aura aucun.