Le «coin fiscal» désigne la part des charges fiscales et sociales (impôt sur le revenu, cotisations salariales et patronales) rapportée au coût total du travail pour l’employeur. En d’autres termes, il mesure l’écart entre ce que paie l’employeur et ce que touche réellement le salarié.
Un exemple? Un coin fiscal de 40% signifie que pour 100 euros payés par l’employeur, seuls 60 euros atterrissent dans la poche du salarié.
Si le coin fiscal utilisé par l’OCDE est un bon indicateur de la charge sur le travail et permet des comparaisons internationales standardisées, il a également des limites:
- il ne tient pas compte des abattements fiscaux et des crédits d’impôts,
- il ne prend pas en compte les impôts indirects (TVA, taxes locales...)
- il varie fortement selon la situation familiale: un célibataire et un parent isolé n’ont pas la même charge.
- il ignore la qualité des services publics financés par ces impôts.
Autrement dit, un coin fiscal élevé n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, s’il s’accompagne de services publics performants.
Les célibataires plus taxés que la moyenne au Luxembourg
Selon le rapport de l’OCDE, le Luxembourg affiche un coin fiscal de 40,3% pour un salarié célibataire au revenu moyen. C’est plus que la moyenne des pays membres (34,9%) et cela s’explique principalement par un niveau de cotisations sociales non négligeable.
Pour un célibataire percevant un revenu annuel moyen, le coin fiscal se décompose comme suit:
-17,4% d’impôt sur le revenu,
-10,8% de cotisations salariales,
-12,1% de cotisations patronales.
Si le taux de 12,1% peut sembler élevé, il reste bien en deçà de celui observé en France (26,7%) ou en Belgique (21,3%). À l’inverse, l’Irlande (10%) et la Suisse (6%) appliquent des charges nettement plus faibles aux employeurs.
Côté salarié, les cotisations atteignent 3,6% en Irlande et 6% en Suisse, ce qui rend ces deux pays plus avantageux à la fois pour les employeurs et pour les employés.
Un système plus favorable aux familles
Le tableau change radicalement lorsqu’on s’intéresse aux ménages avec enfants. Un couple marié avec deux enfants et un seul revenu bénéficie d’un coin fiscal réduit à 20,6%, bien inférieur à la moyenne OCDE (25,8%) et deux fois moins élevé qu’un célibataire.
Mieux encore: un parent isolé percevant 67% du salaire moyen n’est imposé qu’à hauteur de 12,4%. Et même en gagnant 167% du salaire moyen, ce parent isolé reste en dessous du coin fiscal d’un célibataire au revenu moyen (39,9% contre 40,3%).
Si le coin fiscal constitue un indicateur clé, il ne reflète pas exactement l’écart brut-net figurant sur la fiche de paie — généralement moins élevé. L’indicateur de l’OCDE inclut aussi effet les cotisations patronales, ce qui en fait une mesure élargie du poids fiscal sur le travail.
Concrètement, pour un salarié célibataire sans enfant, l’écart réel entre le brut et le net s’élève à 32,1%. Ainsi, sur un salaire annuel moyen de 88.650 dollars en parité de pouvoir d’achat (PPA) – soit 74.296 euros en monnaie locale – ce salarié ne percevra que 60.149 dollars en parité de pouvoir d’achat nets. À noter que l’OCDE utilise ici le dollar en parité de pouvoir d’achat pour faciliter les comparaisons internationales et refléter les écarts de coût de la vie.
À titre de comparaison, un couple marié dont l’un gagne le salaire annuel moyen et l’autre 67 % de ce montant perçoit au total 117.579 dollars PPA nets, sur 148.045 dollars PPA bruts.