Le ministre  du Tourisme et des Classes moyennes  est convaincu du potentiel touristique du Luxembourg. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Le ministre  du Tourisme et des Classes moyennes  est convaincu du potentiel touristique du Luxembourg. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Réouverture des terrasses, prolongation des bons de 50 euros à dépenser dans les hôtels du Luxembourg, aides pour les entreprises en difficulté, potentiel touristique du pays… Le ministre du Tourisme et des Classes moyennes, Lex Delles (DP), reste positif, tout en étant prudent, face au contexte sanitaire.

On imagine que vous considérez la réouverture des terrasses comme une bonne nouvelle?

 – «Le gouvernement a pris une décision pour donner la possibilité aux restaurateurs et cafetiers de rouvrir les terrasses. Une décision qui a été discutée avec les représentants de la santé. Je suis très content et je pense que le gouvernement et le pays sont contents que l’on puisse avoir un début de réouverture de l’horeca avec les terrasses et un début de normalité.

La réouverture des terrasses ne signifie-t-elle pas la fin des aides pour le secteur de l’horeca?

«Effectivement, j’ai l’impression que le message a été parfois mal compris. Donc je précise bien que si un cafetier ou un restaurateur rouvre sa terrasse, restent en vigueur. Tout comme , qui reste également en vigueur. Le gouvernement est conscient que même si un restaurateur dispose d’une terrasse, cela ne suffira pas à rétablir son chiffre d’affaires. La réouverture des terrasses est une première étape vers le retour à une certaine normalité.


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Mais cette réouverture ne tient qu’à un fil…

«C’est ce que le Premier ministre a souligné lors de son intervention. S’il y a une augmentation des chiffres concernant le Covid-19, cette réouverture ne pourra pas se faire.

Concernant les bons de 50 euros à dépenser dans les hôtels du pays. Leur validité a été prolongée jusqu’au 15 septembre. Mais, pour le moment, seulement 15% des bons distribués ont été utilisés. C’est tout de même peu, non?

«Mon avis est que 108.526 personnes ont passé au moins une nuitée dans une structure d’hébergement au Luxembourg. Pour moi, cela veut dire beaucoup. Des résidents et des frontaliers ont découvert ou redécouvert que le Luxembourg était une destination touristique. On peut interpréter les chiffres positivement ou négativement, mais, pour moi, ce sont 108.526 personnes qui ont peut-être prolongé leur séjour, et donc qui ont ramené bien plus que les 5,5 millions d’euros correspondant aux bons utilisés. L’objectif des bons était triple. Le premier, à court terme, était d’avoir une incitation à se rendre dans les structures d’hébergement du pays. Le deuxième objectif était de voir les gens échanger leurs expériences par rapport au lieu et à la manière dont ils ont utilisé leur bon de 50 euros, et donc de donner de la visibilité aux structures d’hébergement. Le troisième objectif était que les 108.526 personnes retournent cette année dans une structure luxembourgeoise, car leur première expérience a été concluante.

En supposant qu’en septembre, il reste encore des bons non utilisés, est-ce que votre ministère va utiliser l’argent restant pour une autre aide ou un autre projet?

«Cela ne fonctionne pas comme ça. Même si les 700.000 bons ont été budgétisés, il n’y a pas au ministère des Finances une enveloppe avec 35 millions d’euros que l’on reçoit comme l’on reçoit de l’argent de poche de ses parents. Et ce n’est pas parce que tout le budget n’a pas été utilisé que l’on peut aller chercher cet argent pour en faire autre chose. S’il reste de l’argent, il tombera dans l’économie.

Pour les petites et moyennes entreprises, la crise est particulière. On s’attendait à une explosion du nombre de faillites et, finalement, cela n’a pas été le cas. Par contre, certains prédisent une réelle explosion des faillites au moment de la reprise et de la fin des aides financières du gouvernement…

«En chiffres absolus, il y a eu moins de faillites en 2020 qu’en 2019. Par ailleurs, le nombre de demandes d’autorisation d’établissement – dont est en charge le ministère des Classes moyennes – est resté stable en 2020 par rapport à 2019. Pour cette année, on n’a pas vu de baisse significative du nombre de demandes d’autorisation d’établissement. Ce qui indique qu’il y a toujours des gens avec des idées qui veulent se lancer. En ce qui concerne les aides, on voit qu’elles ont fonctionné et ont aidé des entreprises à ne pas tomber en faillite pendant la crise.


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Maintenant, il y a sûrement des entreprises qui ne survivent que grâce aux aides et qui vont tomber dès la réouverture. Mais ce que je peux dire, c’est que, de notre côté, l’objectif est de sauvegarder au maximum le tissu économique que l’on a connu avant la crise pour garder les emplois. Il faudra être attentif sur les conditions de réouverture dans les différents secteurs. Je souligne que le système des aides du gouvernement est analysé tous les trois mois. Nous faisons une analyse complète des aides, des secteurs fermés et impactés, de ceux qui ont besoin d’une aide. C’est une méthode qui est assez bien adaptée, et le peu de faillites depuis le début de la crise montre l’efficacité des aides.

On n’a jamais autant pédalé et marché au Luxembourg. Cet élan touristique qu’a connu le pays l’année dernière va-t-il inciter à investir davantage dans le tourisme de nature?

«Ce n’est pas nouveau pour le ministère du Tourisme, et c’est une priorité depuis des années. C’est aussi une priorité inscrite dans le programme gouvernemental de 2018. Le Luxembourg se prête très bien au tourisme actif, aux promenades, aux randonnées, aux circuits à vélo. Nous avons été très actifs l’été dernier avec, notamment,  avec l’aide du ministère des Transports. Cela a été un succès et nous allons recommencer cet été. Tout comme , qui consiste à transporter les bagages des randonneurs ou des cyclistes qui désirent découvrir le pays en étapes. Ce n’est pas en 2020 que l’on a découvert le tourisme actif. Depuis 2-3 ans, il y a un projet de . Cela a été finalisé l’année dernière et nous sommes en train de le mettre en place.

A contrario, en se projetant dans un avenir avec une population vaccinée et une crise sanitaire derrière nous, vous n’avez pas peur que la population souhaite recommencer à voyager et donc à délaisser le tourisme intérieur?

«Non, car je suis convaincu que des touristes non résidents connaissent le Luxembourg et veulent s’y rendre. Donc j’ai un peu moins de cheveux gris en ce qui concerne le tourisme. Je suis conscient que le Luxembourg est une destination avec un grand potentiel. Donc, si les gens peuvent voyager, le pays peut être une belle destination, notamment pour les touristes venant des pays proches.»