Sympa, la radio sur le frigo. «Pratique», l’écran qui permet de regarder Netflix pendant qu’on lui tourne le dos pour cuisiner… Amusant de savoir qu’il peut reconnaître – peut-être – 31 aliments, vous dire quand ces produits seront périmés, voire composer une recette. «Voire», parce qu’il faut être sûr qu’il a d’abord reconnu les aliments avec ses trois caméras intérieures.
Très sympa, tout ça, mais le frigo présenté par Samsung au Consumer Electronics Show de Las Vegas est toujours incapable de se charger des courses, cette corvée qui oblige à se coltiner tous les rayons du trop grand Cactus, les mamies qui ont choisi précisément le jour où vous faites vos courses pour monopoliser l’attention de la caissière du Delhaize ou à attendre devant le drive d’Auchan que les bornes se libèrent…
Normalement, l’AI Vision est capable d’identifier 31 aliments et aider à gérer leur utilisation. (Source: Samsung)
Imaginez, du coup, un réfrigérateur qui sait ce qu’il contient – à partir des codes-barres des aliments et de la reconnaissance par image –, qui sait quand ces aliments vont être périmés, qui vous alerte et vous propose des recettes. Jusque-là, rien d’étonnant. Mais qui va aussi déclencher des courses à partir des produits que vous consommez régulièrement et d’une part d’incertitude que vous pourriez aimer, en restant dans une enveloppe financière que vous aurez fixée au préalable. Idéalement, la livraison arriverait jusque dans le frigo, tant qu’à faire…
Notez que je n’ignore rien de la fonction «sociale» des supermarchés et autres espaces coopératifs, comme . Mais la fonction sociale aujourd’hui consiste en réalité en grande partie à se dépêcher de remplir son chariot pour aller se poser dans son canapé… et perdre son temps sur Netflix ou les réseaux sociaux!
La solution devait venir d’Amazon, qui a créé et éliminé 18 technologies (!) de Project Pulse pour améliorer l’expérience d’un client dans un supermarché sans caissière, via ses Amazon Go, à peu près rebrandés en «Just walk out» – «Sortez, tout simplement». Même l’ingénieur qui dirigeait le projet, Gopi Prashanth, a fini par aller travailler à son compte.
L’idée était que vous accédiez au supermarché avec votre empreinte – une carte de crédit ou un compte –, que vous preniez ce que vous vouliez et que vous ressortiez, la technologie se chargeant d’éditer votre facture. Il devait y avoir 3.000 Amazon Go en 2021: avec la fermeture de quatre d’entre eux au printemps dernier, il en reste 23, aux États-Unis. Le géant a conçu 64 points de vente «Just Walk Out», dont deux se trouvent à Londres. Ces espaces sont principalement implantés dans des aéroports, des enceintes sportives ou des universités américaines.
Avec son smartphone ou sa paume, Amazon Go promet d’entrer et de sortir «sans payer». Sans avoir à s’arrêter pour payer. La facture est faite automatiquement avec les produits pris en magasin. (Photo: Amazon)
De quoi distiller cette nouvelle culture «des courses» à des endroits de jeunes ou sans conséquence. Si vous oubliez d’acheter du lait dans un aéroport, personne ne vous le reprochera, mais vous apprendrez comment ça marche alors que vous êtes pressé… Façon «après ce p’tit concert sympa de Taylor Swift, je me ferais bien un paquet de Chocapic».
Probablement conscients de cet écueil, les ingénieurs de Samsung ont imaginé une fonction qui permette de commander les aliments directement depuis l’écran du «4-Door Flex™ Refrigerator with AI Family Hub», mettant fin à la liste des courses en post-it comme autant de mots d’amour qui évoqueraient un projet d’avenir. C’est déjà ça. Il est aussi équipé d’une alarme sur smartphone dès que sa porte est ouverte, de quoi surveiller celui ou celle qui mange entre les repas… ou s’extirper d’une interminable réunion avec un «j’ai une urgence, mon frigo m’appelle…» de nature à clouer le bec du manager old school.