Effectivement, lors de sa réunion de politique monétaire de cette semaine, la Réserve fédérale a laissé sa politique monétaire inchangée, la fourchette du taux cible des Fed funds restant fixée à 4,25-4,50%. La décision a été prise à l’unanimité et le communiqué de presse qui l’accompagne indique que l’économie continue actuellement de «croître à un rythme soutenu» (le chiffre négatif de croissance au premier trimestre est essentiellement dû à une augmentation des importations, en anticipation des tarifs douaniers), que les conditions du marché du travail restent «solides» et que l’inflation «demeure quelque peu élevée». Toute cette phraséologie est la même que la dernière fois.
Néanmoins, on remarquera quelques nouveaux commentaires au sujet des prévisions de croissance et d’inflation. Ainsi, la Fed estime que «l’incertitude sur les perspectives économiques s’est encore accrue» et que «les risques d’une hausse du chômage et de l’inflation ont augmenté». Ces commentaires n’ont rien de particulièrement surprenant et n’ont suscité que peu de réactions de la part des marchés.
Bref, le président Trump et le secrétaire au Trésor Scott Bessent continueront à faire pression sur la Fed pour qu’elle réduise les taux d’intérêt, mais ces demandes continueront à tomber dans l’oreille d'un sourd alors que le staff de la Fed tente d’évaluer l’impact inflationniste des politiques tarifaires de l’administration Trump dans un contexte de vigueur persistante du marché de l’emploi. À ce titre, on se demande toujours où sont les licenciements de fonctionnaires annoncés par Elon Musk. Ils ne sont, et c’est rassurant, en tout cas pas dans les chiffres actuels du marché du travail.
Toutefois, l’ampleur de l’effondrement du moral des consommateurs et des entreprises à des niveaux historiquement compatibles avec une récession sera une source d’inquiétude pour la Fed. L’incertitude économique et les restrictions des dépenses publiques signifient que les accords commerciaux et les réductions d’impôts doivent être conclus rapidement pour éviter une récession due à la stagflation.
En tout cas, un ralentissement économique donnera à la Fed la possibilité de réagir par des baisses de taux plus tard dans l’année. Le marché privilégie un premier mouvement en juillet, mais elle pourrait attendre davantage et commencer par une réduction de 50 points de base en septembre, comme elle l’a fait en 2024.
En conclusion, la Fed reste donc en mode «wait and see», probablement au grand dam du président américain. Mais c’est le mieux qu’elle puisse faire alors que la poussière générée par les annonces de Donald Trump début avril n’est pas encore totalement retombée.