L’affaire Barbie-ToyTalk a mis un frein au développement des jouets «connectés». (Source: image générée par Dall-e pour ChatGPT)

L’affaire Barbie-ToyTalk a mis un frein au développement des jouets «connectés». (Source: image générée par Dall-e pour ChatGPT)

À peine les grosses courges ont-elles fini en soupe d’Halloween que la planète a basculé en mode «Noël». Sept ans (sept!) après que le mariage Barbie-ToyTalk se soit terminé par un fracassant divorce, les jouets pour enfants ne se vantent plus tellement d’être dotés d’intelligence artificielle, à la différence des jouets pour adultes. Dont le Humane AI pin en prévente à partir de ce jeudi 16 novembre. Bienvenue dans la chronique du futur.

Il s’appelle Teddy. «Smart Teddy». Il n’a pas de caméra. Pas de microphone. Il ne peut rien enregistrer. Juste délivrer des contenus via une application dans les mains… des parents. Cinq activités par domaine, six domaines, plus des dizaines d’histoires ou de poèmes, pour 80 dollars plus un abonnement annuel. Récompensé il y a un an comme huit autres jouets des Smart Toys Awards sous l’égide du Forum économique mondial, le bel ourson au nœud papillon est à peu près aussi intelligent que le Docteur Maboul en 1965… Avant cinq ans, en même temps, il y a peu de bambins plus connectés…

Sept ans après le fiasco de Mattel avec sa Barbie connectée, accusée d’enregistrer les enfants et de transférer les données sur les serveurs de ToyTalk – rachetée par Apple pour apporter ses technologies à Siri –, la technologie a avancé partout mais pas dans les jouets pour enfant, à se pencher cinq minutes sur la liste des jouets récompensés au niveau international.

Le problème est le même et la confidentialité des données, jugée à peu près accessoire par tout adulte normalement constitué dans sa vie de tous les jours, est une ligne rouge dès qu’il s’agit des enfants. D’ailleurs le procès d’intention fait à Barbie est injuste, puisque ce n’est pas la seule entreprise qui ait été confrontée à ce problème. Un an plus tard, la chinoise Genesis Industries Limited, avait pris cher de la part du régulateur français de la donnée: il suffisait d’être à neuf mètres de ses poupées «Mon amie Cayla» et «I-QUE», même à l’extérieur de la maison, et à 20 mètres lorsqu’elle était connectée en bluetooth, pour en prendre le contrôle…

Difficile d’aller dans le graveleux des poupées pour adultes. Des poupées sexuelles, s’entend. Le latex est devenu robot, le robot est devenu intelligent… mais les seules fonctions intelligentes de ces «compagnes de vie» d’un genre pas si neuf – les premières sont sorties il y a près de 15 ans – sont liées à leur compréhension de la sexualité de leur partenaire humain pour l’accompagner vers un certain plaisir, pour ne pas dire un plaisir certain.

Première «broche» very high tech

Reste donc LE truc hype de cette présaison de Noël: les précommandes du Humane AI Pin, à partir de ce jeudi 16 novembre. Pour la modique somme de 699 dollars, le geek pourrait commencer à rêver d’un premier objet doté d’une vraie intelligence artificielle capable de différentes choses tout à fait primordiales: filtrer les appels voire envoyer une réponse automatisée à tous les pénibles qui vous appelleraient pour un oui ou pour un non; répondre à vos questions existentielles; adapter la playlist que vous avez dans les oreilles à ce que vous êtes en train de faire et tant pis si vous aimez cuisiner avec de l’opéra italien; ou bien, toujours à propos de nourriture, de vous dire si l’artichaut que vous avez en main est bon ou pas pour votre diabète; ou enfin, être votre interprète en temps réel.

Le «pin» qui a fait le plus de bruit depuis dix jours. Premier appareil sans écran doté d’IA capable de différentes choses. (Source: Humane AI)

Le «pin» qui a fait le plus de bruit depuis dix jours. Premier appareil sans écran doté d’IA capable de différentes choses. (Source: Humane AI)

Cette petite broche carrée n’a pas d’écran ni encore de possibilité de faire de la vidéo et les images qu’elle peut diffuser peuvent se retrouver dans le creux de votre main. C’est moins discret que le crayon d’espion qu’une de mes collègues s’est offert, mais ce concentré de technologie est en partie financé par le CEO et fondateur d’OpenAI, Sam Altman, signe de la collaboration à venir avec ChatGPT, voire avec son principal financeur, Microsoft.

«There are no “wake words” and therefore no “always listening” or “always recording”», promet l’entreprise, développée par Imran Chaudhri et Bethany Bongiorno, qui ont tous deux travaillé chez Apple – le premier était un designer clé chez Apple, impliqué dans le développement de l’iPhone et de l’iPad, tandis que le second a travaillé dans le développement logiciel chez Apple. Une sorte de centre de données permet, toujours selon le pitch officiel, de contrôler les données qui sont stockées, donc pas à l’insu de votre plein gré.

Évidemment et comme toujours, la scène tech est partagée. Entre ceux qui ont déjà trouvé deux erreurs dans les réponses de la broche et dans le film publicitaire – un drame a priori résolu puisque l’IA intégrée à la broche a été «upgradée» – et ceux qui n’aiment pas pour cette éternelle question non seulement du stockage des données, mais de l’écoute de vos conversations par ce petit bloc, choisissez votre camp.

, centré sur les «AI agents», qui explique que «les entreprises explorent diverses options, notamment des applications, des lunettes, des pendentifs, des épingles et même des hologrammes. Toutes ces possibilités sont possibles, mais je pense que la première grande avancée dans l’interaction homme-agent sera celle des écouteurs. Si votre agent a besoin de s’enregistrer avec vous, il vous parlera ou apparaîtra sur votre téléphone. («Votre vol est retardé. Voulez-vous attendre ou puis-je vous aider à le réserver à nouveau?») Si vous le souhaitez, il surveillera le son entrant dans votre oreille et l’améliorera en bloquant les bruits de fond, en amplifiant les paroles difficiles à entendre, ou faciliter la compréhension de quelqu’un qui parle avec un fort accent.»