Le troisième stablecoin, à la capitalisation de 16 milliards de dollars, s’est écrasé ce vendredi matin, victime de professionnels de la finance. (Photo: Shutterstock)

Le troisième stablecoin, à la capitalisation de 16 milliards de dollars, s’est écrasé ce vendredi matin, victime de professionnels de la finance. (Photo: Shutterstock)

Au terme d’une semaine de tous les dangers, ce vendredi 13 mai au matin, les promoteurs de l’écosystème Terra Luna et du stablecoin UST ont débranché la blockchain (provisoirement). Victimes d’une leçon d’as de la finance.

«Les réalités intersubjectives s’effondrent dès que les gens cessent d’y croire», avaient prévenu Neel Mehta, Adi Agashe et Parth Detroja dans «Blockchain, bulle ou révolution?», l’an dernier. Cette semaine, les détenteurs du stablecoin UST ont fini par cesser d’y croire, plongeant la Terra, deuxième blockchain de la finance décentralisée derrière Ethereum, et son stablecoin, le troisième du marché avec une capitalisation de 18 milliards de dollars… dans un coma à l’issue incertaine.

Selon différentes sources, près d’une dizaine de petits investisseurs ont mis fin à leurs jours depuis mercredi alors que les équipes de Do Kwon tentaient de réanimer leur projet par tous les moyens.

Qui a tué Terra Luna? Désignés sur les réseaux sociaux, Citadel et Blackrock démentent. Les attaquants, professionnels de la finance, auraient embarqué de 812 à 950 millions de dollars en une semaine. Et donné une leçon à la cryptosphère, tétanisée à différents niveaux ce vendredi. 

Ce stablecoin algorithmique, à la différence des stablecoins «classiques», n’est pas associé à des dollars ou des garanties stockées dans une banque, mais il maintient sa parité au dollar par son lien avec un autre token: le jeu consiste à acheter et à vendre ces deux tokens au rythme de l’évolution du cours du stablecoin pour qu’il reste le plus près possible d’un dollar.

La déroute de l’UST a commencé avec une vente massive de 85 millions de dollars UST contre de l’USDC (un stablecoin «classique») sur Curve. Fin mars, la Luna Guard Foundation, qui protège la cryptomonnaie, achète du bitcoin pour un milliard de dollars. Le 1er avril, elle annonce un quatrième pool de liquidité et retire 150 millions de dollars du troisième pool pour préparer le nouveau. À ce moment-là, les attaquants vident le troisième pool en cédant ce qu’il faut d’UST, puis le reste sur Binance. L’UST décroche du dollar. 10 millions de dollars sont retirés chaque minute par des petits investisseurs. La peur gagne le Nasdaq et la bourse, le prix du bitcoin baisse, le stablecoin continue de baisser.

Les gardiens de Terra Luna doivent lâcher leurs bitcoins pour protéger leur monnaie, mais l’arrivée des bitcoins fait baisser sa valeur et la boucle infernale continue. Les gardiens s’inclinent jusqu’à 0,23 dollar (au lieu de 1 dollar) pour l’UST quand le fondateur du projet, Do Kwon, annonce sur Twitter un plan de sauvetage à venir. Sauf que son plan arrive huit heures plus tard et ne convainc personne.