Il est celui qui y a le plus perdu: plus d’un million de dollars. Pas étonnant qu’il ait voulu témoigner couvert. (Photo: Netflix)

Il est celui qui y a le plus perdu: plus d’un million de dollars. Pas étonnant qu’il ait voulu témoigner couvert. (Photo: Netflix)

Netflix a mis en ligne son nouveau documentaire sur la mort du fondateur de l’exchange QuadrigaCX, Gerry Cotten, disparu avec près de 200 millions de dollars que lui avaient confiés des internautes. N’hésitez pas à passer directement aux 30 dernières minutes.

Comment faire un film sur la disparition, en Inde, en 2018, du fondateur de l’exchange QuadrigaCX, Gerry Cotten, en teasant les internautes et en laissant de côté des aspects fondamentaux de la scène crypto? Demandez à Luke Sewell, qui a dirigé cette production qui concentre toutes les dynamiques de ce milieu encore opaque pour la majorité du grand public.

Le pitch: 2018, Gerry Cotten, fondateur de l’exchange QuadrigaCX, décède lors d’un voyage en Inde avec sa compagne. Il a conservé les clés privées des portefeuilles de ses clients et donc plus personne ne peut avoir accès aux fonds de la fintech canadienne, un grand classique du monde des wallets. La communauté s’interroge sur les conditions de son décès et s’énerve de ne pas pouvoir mettre la main sur ses fonds.

Le film: conçu comme un thriller, il démarre avec différents investisseurs, dont un qui a investi plus d’un million de dollars et qui veut rester anonyme, et des partages d’écrans de forum.

Pourquoi ça ne fonctionne pas? La pseudo-enquête nourrie de rumeurs et de calomnies, mais confortée par le témoignage d’un journaliste américain qui a mené la sienne, finit par accoucher d’une vérité beaucoup plus banale, tant sur la mort de M. Cotten que sur la réalité de son business. Le rythme, souvent très mou, ne parlera qu’à ces communautés d’internautes sur Twitter, Telegram, etc. qui font tourner en boucle des affirmations dénuées de toute réalité et qui aiment ça. Même les intervenants, que la production a fait passer pour des experts dans ce que font des start-up comme la Luxembourgeoise Scorechain, s’y sont cassé les dents sans rien voir de l’arnaque finale…

Pourquoi c’est intéressant? Justement pour cela. Les dynamiques complotistes sont parfaitement mises en lumière. Par exemple, même quand le journal américain dépêche un journaliste en Inde et qu’il parvient à établir la réalité de la mort du CEO de QuadrigaCX, les internautes appellent à le déterrer pour pratiquer une autopsie. Ensuite, difficile de ne pas spoiler le film, mais il explique comment, finalement assez facilement, ce jeune homme est parvenu à donner illusion sur son schéma de Ponzi et, indirectement, tout le travail qu’il reste à faire pour donner ses lettres de noblesse à cette industrie naissante. Au fur et à mesure des entrées de fonds sur sa plateforme, il achetait des cryptomonnaies sur des plateformes régulées en misant sur la hausse des cours et donc la restitution potentielle et ultérieure de leurs avoirs aux investisseurs floués. Sauf que les cours ne sont pas restés à la hausse et qu’il a dû injecter ses propres deniers pour tenter de s’en sortir, a établi un rapport d’EY…

À voir ou pas? Il neige ce week-end et vous avez épuisé le contenu de Netflix? Oui. Sinon, bof.

Cet article est issu de la newsletter hebdomadaire Paperjam Trendin’, le rendez-vous pour suivre l’actualité de l’innovation et des nouvelles technologies. Vous pouvez vous y abonner