Natalie Westerbarkey est directrice générale et membre du comité exécutif de l’International Capital Market Association (ICMA). Administratrice certifiée par l’ILA et par la Deutsche Börse, elle exerce des mandats au sein de l’ICMA Ltd depuis novembre 2024.
Paperjam : Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme membre d’un conseil d’administration indépendant?
Natalie Westerbarkey. – «Il arrive que les discussions au sein du conseil d’administration soient houleuses. En tant que présidente d’un conseil d’administration, il est important de s’appuyer sur sa confiance intérieure pour permettre un débat sain, tout en sachant quand passer à l’ordre du jour.
Comment gérez-vous la résistance ou le scepticisme dont vous faites l’objet?
«Par la logique et en restant rationnel.
Croyez-vous que l’égalité des sexes s’améliore au sein des conseils d’administration?
«Il y a des progrès, probablement dus à une meilleure prise de conscience des avantages de l’égalité des sexes, à des changements culturels ou à l’application de la réglementation. Toutefois, si l’on considère les grandes sociétés cotées en Europe et si l’on tient compte de nombreuses études, il reste encore du chemin à parcourir pour parvenir à l’égalité des sexes.
Quel est votre avis sur les quotas de femmes au sein des conseils d’administration? Sont-ils nécessaires ou contre-productifs selon vous?
«Idéalement, l’égalité des sexes serait atteinte sans quotas, mais d’après mon observation, au cours des 25 dernières années, les progrès ont été très lents. Il serait bon d’essayer les quotas, puisque peu de choses ont été réalisées sans eux. Toutefois, les quotas peuvent donner lieu à des accusations de symbolisme et à des nominations effectuées uniquement pour atteindre le quota, ce qui peut conduire à un «mode de maintien» au sein des entreprises une fois que les quotas sont atteints, laissant peu d’élan pour atteindre la parité entre les hommes et les femmes.
En tant que femme membre d’un conseil d’administration, vous sentez-vous particulièrement responsable de défendre la parité et l’inclusion?
«Oui, j’ai le sentiment qu’il est de ma responsabilité de sensibiliser les gens si je sens une inégalité. Toutefois, les membres féminins et masculins des conseils d’administration doivent soutenir les femmes pour atteindre la parité, dénoncer les préjugés et la discrimination et instaurer une culture d’encouragement mutuel.
De votre point de vue, quel est l’impact de la diversité sur les performances d’un conseil d’administration?
«La diversité et un débat constructif et respectueux sont essentiels à la bonne performance d’un conseil d’administration et ne se limitent pas au sexe, mais sont très importants pour la diversité de pensée.
Wquelles solutions ou politiques pourraient favoriser une meilleure parité hommes-femmes?
Les politiques relatives au lieu de travail, y compris les arrangements flexibles pour s’occuper des enfants, des membres de la famille dans le besoin et des personnes âgées, contribueraient considérablement à favoriser une meilleure parité entre les hommes et les femmes. Cela permettrait aux employés de concilier leurs responsabilités professionnelles, familiales et personnelles, ce qui est essentiel. En outre, il est essentiel que les hommes normalisent également les pratiques d’inclusion, telles que la prise d’un congé parental complet et la flexibilité du travail. Les entreprises doivent mettre en place des programmes de mentorat et de parrainage pour les employés masculins et féminins afin de promouvoir la sensibilisation et de veiller à ce que tous les genres soient mis en relation avec les opportunités sans préjugés.
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésite à s’engager dans cette voie?
«Trouver le bon équilibre entre la zone de confort et le fait d’en sortir de temps en temps est une voie prudente.
Avez-vous une anecdote ou un moment marquant de votre carrière qui illustre la réalité d’être une femme dans cette fonction?
«J’ai parfois reçu des remarques humoristiques, quoique bien intentionnées, sur le fait que j’étais présidente du conseil d’administration, mais je crois que ce n’était pas seulement dû au sexe, mais aussi à des suppositions liées à l’âge. J’étais pourtant la personne la plus qualifiée pour ce rôle, ce qui est un facteur non visible pour les personnes extérieures, et il est utile d’avoir des certifications officielles d’administrateur de conseil d’administration.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme qui veut se faire une place dans la société? Et contre quoi la mettriez-vous en garde?
«Il n’y a pas de raccourci [je pense]. Il est toujours important de se concentrer sur la connaissance, d’investir dans des qualifications formelles et de rester cool.»