Enclavé dans l’Inde, le Bangladesh forme un gigantesque delta traversé par plus de 300 cours d’eau, dont le Gange et le Brahmapoutre, récupérant ainsi les eaux de l’Himalaya. Pareille configuration géographique rend le territoire vulnérable aux inondations, tempêtes tropicales et cyclones, même dans les zones de terre ferme. À noter que le changement climatique augmente l’intensité et la fréquence de ces événements.
Dans cet environnement complexe, l’ONG Friendship a initié en 2017 un programme de plantation de mangrove dans les zones habitées de la région côtière des Sundarbans. S’étendant jusqu’à 100km à l’intérieur des terres sur une surface de 10.000m2, à moitié recouverte par le Bangladesh et l’Inde, la région constitue l’une des plus grandes forêts de mangrove au monde, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’année dernière, nous avons lancé une initiative pour accéder à du financement privé pour élargir les surfaces de plantation. Dans ce cadre, nous avons lancé le Blue Mangrove Fund.
Depuis 2017, avec le soutien du ministère luxembourgeois de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, dans le cadre du fonds Climat et Énergie, Friendship a mis en œuvre successivement deux projets de reforestation de la mangrove. Toutefois, , président de Friendship Luxembourg, explique la nouvelle stratégie de financement: «L’année dernière, nous avons lancé une initiative pour accéder à du financement privé pour élargir les surfaces de plantation. Dans ce cadre, nous avons lancé le Blue Mangrove Fund.»
Avec le Blue Mangrove Fund, lancé en novembre 2021 à l’issue de la COP26, Friendship cherche donc à diversifier ses financements en touchant aussi bien des investisseurs particuliers que des petites et moyennes entreprises au Luxembourg et en Belgique. Le ticket d’entrée s’élève à 3.750 euros par personne. Un montant de compensation carbone calculé sur base de la valeur du cours de la tonne de carbone.
Le défi de la planification
À la fin mars, «nous avions déjà des engagements pour financer 20 hectares de plantations pour un équivalent d’environ 150.000 euros de souscriptions depuis la Belgique et le Luxembourg», explique Stéphane Van Haute, responsable de l’action climatique et de la communication chez Friendship.
Nous avons le soutien de la Banque Raiffeisen depuis l’année dernière. La banque s’est engagée, pour toutes les 200 transactions de ses nouvelles cartes Visa, à financer la plantation d’un arbre au Luxembourg ou au Bangladesh.
Le Blue Mangrove Fund cherche également à établir des partenariats avec des fondations et de grandes entreprises afin d’accroître son financement. «Nous avons le soutien de la Banque Raiffeisen depuis l’année dernière», indique Stéphane Van Haute, qui explique que «la banque s’est engagée, pour toutes les 200 transactions de ses nouvelles cartes Visa, à financer la plantation d’un arbre au Luxembourg ou au Bangladesh». Deux tiers de cette source de financement partent au Bangladesh. Le Fonds développé par Friendship bénéficie aussi d’un partenariat avec l’enseigne Naturata. D’autres accords de collaboration se trouvent en cours de négociation, nous laissent entendre les cadres de Friendship.
Grâce à sa nouvelle source de financement, au travers du Blue Mangrove Fund, Friendship a désormais un objectif de 50 hectares de plantation pour 2022. La planification des zones de plantation relève toutefois d’un exercice particulier. «La plantation se fait toujours le long des rivières, sur des terrains appartenant toujours aux collectivités locales ou à l’État. Ce sont des terres qui ne sont pas très profondes, mais s’étirent en longueur le long des rives», explique Marc Elvinger. «Il faut négocier avec les autorités locales pour s’assurer qu’on pourra disposer de terre sur le long terme», ajoute-t-il.
Nous avons un stock de 60 hectares qui sont disponibles pour planter, déjà sécurisés en termes d’accès.
«Nous avons un stock de 60 hectares qui sont disponibles pour planter, déjà sécurisés en termes d’accès», précise Stéphane Van Haute. Le travail ne fait alors que commencer. Une situation que Marc Elvinger illustre de la sorte: «Ce n’est pas comme si on était en Amazonie et qu’on se disait qu’on allait replanter 10.000 hectares d’un coup. Ici, de ce point de vue, c’est de l’artisanal relativement intensif en ressources humaines du point de la mobilisation des communautés, de la sécurisation des terres.»
Un double objectif
Aussitôt les zones de plantation planifiées et sécurisées, «il faut faire tout le travail en étroite collaboration avec les communautés locales», spécifie le président de Friendship Luxembourg». L’objectif est en effet double: «Nous opérons des projets de plantations de mangrove dans cette région à la fois pour protéger les digues et les communautés ainsi que pour apporter des activités génératrices de revenus.» La protection des zones de culture et d’habitation n’est en effet pas seulement soumise à la menace de l’élévation des eaux, mais aussi à un accroissement du taux de salinité des sols. L’enjeu touche donc la protection des activités économiques locales.
Nous opérons des projets de plantations de mangrove dans cette région à la fois pour protéger les digues et les communautés ainsi que pour apporter des activités génératrices de revenus.
La replantation de la mangrove a aussi pour avantage de contribuer à absorber le CO2. Le Blue Mangrove Fund a d’ailleurs pour objectif «la création d’un puits de carbone au Bangladesh par la reforestation des mangroves». Mais tous ces bénéfices ne peuvent que s’inscrire dans une stratégie de long terme. «On part de l’hypothèse qu’il faut au moins pendant cinq ans une maintenance intensive. On escompte qu’après cinq ans, les arbres auront atteint une dimension plus significative, et on verra les bénéfices économiques qui en résultent pour les communautés locales», souligne Marc Elvinger. Pendant toute cette période, la prévention de l’effondrement des digues revêt donc d’un intérêt majeur.
Pour l’instant, le Blue Mangrove Fund n’émet pas de certificat carbone à ses investisseurs. En revanche, Friendship envisage la possibilité de certifier ses programmes de replantation de la mangrove afin d’attirer de grandes entreprises qui ont besoin de certificats pour leurs activités de compensation carbone.