Dans le rapport «ESG & Green Finance: What Next?», Simon Gray a intégré l’analyse et les idées des leaders de la finance durable: , CEO de la Bourse de Luxembourg, Hakan Lucius, responsable du développement durable à la BEI, , présidente de LuxFlag, pour n’en citer que quelques-uns. Le rapport, qui vise à aider les lecteurs à planifier leurs stratégies ESG en 2023, révèle que la pression exercée sur le secteur financier pour accélérer les transitions durables est de plus en plus forte.
Simon Gray fait référence à ce qu’il appelle son propre sentiment de «frustration, à savoir que les gouvernements du monde entier ou les responsables politiques en Europe sous-traitent en quelque sorte au secteur financier toute la question de la durabilité». «Ils ont créé ces rôles, offrant des incitations efficaces pour que les gens investissent dans des produits et des entreprises verts, mais sans prendre les décisions difficiles qui seraient nécessaires pour [atteindre] 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels – ce qui, il est clair, n’arrivera tout simplement pas», ajoute-t-il
La COP27, qui s’est tenue en Égypte en novembre, a bien sûr suscité des réactions mitigées. Nombreux sont ceux qui ont souligné l’absence relative de progrès en matière de réduction des émissions et des combustibles fossiles, alors même que le sommet s’est conclu par la création d’un fonds historique pour les pertes et les dommages, destiné à tenir les pays fortement émetteurs de carbone responsables de ceux qui sont plus vulnérables.
«Les décisions difficiles ont été repoussées d’une décennie à l’autre», ajoute Simon Gray. Pour passer sous la barre des 1,5 °C, «il faudrait faire des choses colossales en termes de réduction de l’utilisation des combustibles fossiles. Ce qui est plus facile aujourd’hui, c’est encourager le secteur financier à orienter les investissements et les prêts vers des activités vertes… mais cela ne suffira pas à stopper le réchauffement climatique».
Les décisions difficiles ont été repoussées à plus tard, décennie après décennie.
Simon Gray souhaite que les gouvernements prennent des décisions plus fermes pour mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles et construire des installations de production d’énergie renouvelable le plus rapidement possible. Il faut également s’engager davantage, affirme-t-il, malgré les tensions géopolitiques: «La Chine est désormais le plus gros émetteur de carbone au monde. Nous n’irons pas très loin pour réduire réellement les émissions et pour commencer à ralentir et à arrêter la hausse des températures sans la Chine.»
Déclassement de fonds en raison du SFDR
Beaucoup de choses dépendent du règlement européen sur la divulgation des informations financières durables (SFDR), qui comprend des règles techniques détaillées pour les gestionnaires d’actifs et entrera en vigueur en janvier 2023.
La taxonomie verte de l’UE est «âprement contestée», écrit M. Gray, tandis que les règles du SFDR «risquent de submerger le secteur de l’investissement avec des demandes qu’il ne peut satisfaire et d’assombrir l’ensemble du processus par des accusations de blanchiment écologique».
Compte tenu du manque de clarté sur les fonds ayant un «objectif de durabilité» en vertu de l’article 9, Simon Gray indique que «nous avons vu un grand nombre de fonds de l’article 9, qui sont censés être les plus durables, souvent décrits comme ‘vert foncé’. Ils ont été rétrogradés à l’article 8 parce que leurs gestionnaires ne sont pas sûrs de pouvoir bénéficier de l’article 9 et préfèrent ne pas prendre le risque d’être accusés d’écoblanchiment».
Quelle performance pour les investissements verts?
Le rapport examine également si ces investissements sont plus performants à moyen et long terme que les produits non durables. Pour ce qui est de la conclusion: «c’est compliqué!»
Dans le passé, explique Simon Gray, «on supposait qu’il y avait une sorte de prix à payer pour investir dans des produits durables… [que] l’on risquait de ne pas obtenir d’aussi bons rendements». Toutefois, ces dernières années, ces fonds ont enregistré des performances supérieures. Et ils ne sont pas nécessairement investis dans des parcs éoliens ou dans l’isolation des maisons, par exemple. La raison pour laquelle ils offrent de si bons rendements, explique-t-il, est qu’«ils sont davantage orientés vers la technologie que les fonds comparables, de sorte qu’il s’agit à bien des égards d’un investissement intégré. La technologie contribue grandement à prévenir les émissions de carbone».
Mais une autre complication résulte de la crise énergétique. Comme l’explique M. Gray, l’année dernière et cette année, les investissements dans les combustibles fossiles ont donné «de très bons rendements».
Le rapport complet «ESG & Green Finance: What’s Next?» est disponible .
Cet article a été rédigé par en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.