Les données ESG doivent faire l’objet de tests afin d’être disséminées de façon uniformisée. A contrario, des données peu fiables ralentissent la transition du secteur financier en matière de durabilité. (Photo: Shutterstock)

Les données ESG doivent faire l’objet de tests afin d’être disséminées de façon uniformisée. A contrario, des données peu fiables ralentissent la transition du secteur financier en matière de durabilité. (Photo: Shutterstock)

Les données ESG ne manquent pas. Leur qualité et leur granularité faisant cependant régulièrement défaut, les gestionnaires d’actifs rencontrent des difficultés à mettre en œuvre le cadre réglementaire se renforçant.

La reprise post-estivale des activités du secteur financier s’annonçait marquée par . Notamment les nouvelles règles MiFID imposant à l’industrie des investissements de connaître les préférences de la clientèle en matière de finance durable, depuis le 2 août. Sur base du profil de leurs clients, les distributeurs de fonds doivent ainsi être en mesure de leur proposer soit des fonds «verts» selon l’article 8, soit des fonds «vert foncé» selon l’article 9, soit des fonds «bruns» selon l’article 6 de la taxonomie européenne, issue de la SFDR (Sustainability Finance Disclosure Regulation).

Plus d’un mois plus tard, la mise en application de la nouvelle règle de connaissance de clientèle semble encore poser quelques problèmes pour de nombreux gestionnaires d’actifs et banquiers privés. L’une des raisons est l’absence de données fiables sur les actifs visés.

Le défi ne se trouve pas tant dans l’existence des données, mais plutôt dans leur qualité et leur granularité. La donnée se trouvant au cœur même du . Surtout que la complexité de l’analyse nécessite une multitude d’indicateurs, bien davantage que pour les analyses financières classiques.

Face à la difficulté de collecter des données fiables rapportées par les entreprises elles-mêmes, il arrive que des gestionnaires complètent des zones d’ombres avec des données collectées par leurs propres moyens, augmentant du coup les heures de travail nécessaires pour parvenir à un résultat. D’autres préfèrent faire appel à des fournisseurs tiers de données, ne fournissant bien souvent qu’un unique score ESG sur une entreprise. , general manager ad interim de la LSFI (Luxembourg Sustainable Finance Initiative), ces prestataires doivent faire preuve de davantage de transparence quant à leur méthodologie, garantissant suffisamment de confort et d’assurance aux gestionnaires d’actifs.

Pour ne pas manquer des opportunités de vente

Les règles ESG gagnant rapidement en importance, notamment dans la lutte contre le «greenwashing», elles s’apparentent désormais de plus en plus aux domaines de compliance traditionnelle. Au regard de la complexité de ces matières, les principales institutions financières recrutent des analystes de données en soutien aux équipes compliance.

L’agenda réglementaire européen visant à encadrer les produits ESG n’en est encore qu’à ses débuts, prévoyant des ajustements législatifs au moins jusqu’en 2028. L’urgence de disposer de données fiables s’intensifie donc de jour en jour. Pour leur part, les autorités de supervisions se préparent à lancer leurs premiers contrôles.

Si le Luxembourg se positionne depuis des années en tant que pionnier de la finance durable, la gestion de la donnée des fonds d’investissement représente un immense potentiel pour la Place. déclarait en juin dernier, dans la foulée de la revente de sa société Kneip SA, spécialisée dans la gestion des données de fonds, à Deutsche Börse Group.

«Il a fallu beaucoup de pierres pour construire l’édifice qu’est devenue la place financière de Luxembourg. La donnée contribue au développement de cet écosystème», ajoutait-il, insistant sur l’importance de tester la donnée afin qu’elle soit diffusée de façon uniforme. Une exigence saine qui devrait également s’appliquer aux données ESG. Sans compter que «l’enjeu est d’autant plus important que si des acteurs de l’industrie ne se sont pas bien occupés de leurs données, ils ne sauront pas combien d’opportunités de ventes ils ont pu manquer».

Cet article est issu de la newsletter Paperjam + Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.