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Politique sociale

La CSL veut une hausse de 10% du salaire social minimum



Pour Nora Back, le salaire social minimum ne remplit plus sa fonction sociale qui est de permettre aux gens de vivre correctement. Elle en appelle au futur gouvernement pour une revalorisation et une réforme en profondeur. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Pour Nora Back, le salaire social minimum ne remplit plus sa fonction sociale qui est de permettre aux gens de vivre correctement. Elle en appelle au futur gouvernement pour une revalorisation et une réforme en profondeur. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le salaire social minimum (SSM) remplit-il son rôle? Non, selon la Chambre des salariés, qui estime que son niveau est trop faible pour vivre décemment et qu’il marque plus les inégalités sociales qu’il ne les gomme. La CSL plaide ce vendredi 27 octobre pour une revalorisation structurelle et conséquente.

«Dans des temps difficiles marqués par une importante perte de pouvoir d’achat, la hausse des taux d’intérêt et la crise du logement, il est important de parler des salaires et surtout de ceux des plus pauvres», insiste la présidente de la Chambre des salariés, Nora BackNora Back. Pour elle, le salaire social minimum est la première ligne de défense pour lutter contre le phénomène des travailleurs pauvres. «Le Luxembourg est numéro 1 au classement des pays européens comptant le plus de travailleurs pauvres», insiste-t-elle.

Aussi, elle interpelle déjà le futur gouvernement: «Le triple A financier, c’est bien, mais il ne faut pas oublier le triple A social.» Un triple A social dont les principaux outils sont l’indexation et le SSM. Deux outils «qui ne nuisent pas à la compétitivité de l’économie. La croissance, la productivité et la rentabilité des entreprises sont parmi les plus hautes d’Europe.» Une position qui heurte frontalement celle du patronat.

Pour mémoire, au 1er septembre, le salaire social minimum non qualifié est fixé à 2.570,93 euros et le salaire social minimum qualifié à 3.085,11 euros. Soit le plus haut niveau nominal de l’UE. «Ce qui ne suffit pas à lui faire remplir sa fonction sociale qui est de permettre aux gens de vivre correctement», juge Nora Back pour qui le SSM n’est pas en phase les conditions générales de vie et la productivité.

15% des salariés concernés

Et c’est pour chiffrer les manquements du SSM que la CSL a lancé une étude pour dresser le «portrait de la population au salaire minimum». Pour la rédaction de cette étude, la CSL s’est basée sur les données de l’Inspection générale de la Sécurité sociale.

Qui est concerné par le SSM? 15% des 438.765 salariés recensés par l’IGSS en mars 2022. 8,7% étaient rémunérés au voisinage du SSM non qualifié et 6,3% au voisinage du SSM qualifié. Les femmes sont plus concernées par le SSM que les hommes (17,2% contre 13,5%). Être jeune, célibataire et portugais constitue une circonstance aggravante… C’est dans le secteur du commerce que l’on trouve le plus, de salarié au salaire minimum, soit 24,4% de la force de travail totale du secteur.

Contrairement à une première idée reçue, le SSM n’est pas un phénomène touchant principalement les frontaliers. 60% de la population au SSM est résidente. Et 23% de nationalité luxembourgeoise. Les Portugais arrivent en deuxième position de ce classement, juste devant les Français.

Un marqueur d’inégalités sociales

Le SSM est aussi souvent perçu comme un phénomène transitoire dans une carrière. Une image également à corriger: 22,5% des personnes au salaire minimum en 2011 y étaient toujours en 2022. Dix ans, c’est le quart d’une vie professionnelle… Un phénomène d’autant plus préoccupant que malgré les revenus des autres membres du ménage et malgré les transferts sociaux, les ménages dont au moins un des salariés est rémunéré au voisinage du SSM restent considérablement plus pauvres que les autres. La différence entre les revenus moyens des ménages SSM et des ménages non SSM atteint 91%.

Pour la CSL, «une revalorisation structurelle et conséquente du salaire minimum est capitale». Une revalorisation qui devrait atteindre immédiatement 10%. Une revalorisation qui ne devra pas dispenser le prochain gouvernement d’établir un plan de lutte contre la pauvreté et le phénomène des travailleurs pauvres. «Une hausse de la pension minimum est indispensable pour éviter que la pauvreté salariale se transforme en pauvreté des personnes âgées. Celui qui travaille au SSM part à la retraite avec une pension minimum», insiste le vice-président de la Chambre des salariés, Patrick DuryPatrick Dury. La CSL demande également une application plus stricte de la loi qui prévoit qu’après une expérience professionnelle dotée dans un emploi (6 ou 10 ans), un salarié doit être considéré comme qualifié.