L’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) a dévoilé, mardi 24 janvier, les résultats de son premier baromètre de l’emploi, qu’elle a réalisé auprès des cabinets de recrutement avec la Federation for Recruitment Search & Selection (FR2S). Si cette enquête ne délivre pas d’information inédite ni ne dresse de constat exceptionnel, elle a le mérite d’apporter une vue complémentaire du marché de l’emploi. Elle confirme aussi les constats déjà dressés, notamment ceux mis en exergue dans le . Voici les cinq points à retenir de cette nouvelle enquête qui a pour but d’objectiver le défi du recrutement des talents et de rendre le Luxembourg plus attractif.
Les candidats demeurent les grands décideurs
Le baromètre de l’UEL et de la FR2S met en lumière le fait que le marché est axé sur les candidats. Trop peut-être? «91% des candidats ont trop d’opportunités d’emplois à choisir», relève l’enquête. Et c’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle les missions de recrutement ne sont souvent pas remplies: parce qu’ils ont plusieurs offres, mais aussi parce que leurs attentes en termes de rémunération sont supérieures à ce qui leur est proposé.
En matière de salaires, justement, . Toutefois, si ce mécanisme doit conduire à une hausse des salaires, il ne saura résoudre tous les problèmes. «S’ils n’ont pas l’augmentation salariale qu’ils souhaitent, ils vont voir si l’herbe est plus verte ailleurs», indiquait en effet la FR2S l’été passé.
Le marché du travail est tendu
Là encore, les cabinets de recrutement, l’UEL et la FR2S ne délivrent pas d’information inédite: le marché du travail luxembourgeois est en tension et aucun secteur d’activité n’est épargné. Ils précisent néanmoins qu’«environ un tiers des missions de recrutement ne sont pas remplies». Les dispositifs légaux et les aspects réglementaires, puis les aspects économiques, avec notamment la question du coût du logement et les difficultés en matière de mobilité, sont autant de facteurs qui accentuent le manque de main-d’œuvre.
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On sait par ailleurs que , de quoi répondre, en partie, au besoin de main-d’œuvre. Ce manque de main-d’œuvre est considéré comme le principal obstacle au développement économique des entreprises. Dans le secteur de l’artisanat, le constat est d’autant plus poignant, avec 70% des entreprises qui confirment un manque de personnel. «Le Luxembourg devrait trouver pour rattraper la demande des clients», indique la Chambre des métiers.
Le salaire ne fait pas tout
Si le salaire reste une donnée importante pour les candidats, ces derniers sont de plus en plus nombreux à s’attarder sur d’autres critères. «La flexibilité ou la qualité de vie sont le second critère d’attractivité, avec un score proche de celui du salaire», souligne l’enquête. Les candidats accordent ainsi une grande importance aux possibilités de télétravail offertes par l’employeur ou à la possibilité de travailler dans des bureaux satellites. «L’offre de perspectives d’évolution se classe en troisième position. La culture d’entreprise n’arrive qu’ensuite», notent l’UEL et la FR2S.
Les cabinets de recrutement collaborent davantage
Quatrième enseignement à tirer de ce baromètre: le fait que les cabinets de recrutement sont de plus en plus nombreux à collaborer avec l’Adem. «Ce sont deux tiers des cabinets de recrutement, ce qui illustre les efforts entrepris pour se rapprocher du terrain», souligne l’enquête. Par ailleurs, un partenariat a été conclu entre l’Adem et la FR2S, fédération de référence pour les professionnels du recrutement et de la chasse de têtes au Luxembourg. Et des actions très concrètes sont menées auprès des demandeurs d’emploi, comme le Jobday, qui mobilise la vingtaine de cabinets de recrutement membres de la FR2S. La dernière édition, en mars 2022, avait par exemple permis à plus de 500 demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem de bénéficier des conseils de ces chasseurs de têtes.
La fuite des talents, une réalité?
L’UEL et la FR2S, après avoir sondé les cabinets de recrutement luxembourgeois, évoquent une fuite des talents, avec des candidats qui, pour la plupart, choisissent de quitter le Luxembourg pour travailler en France. Si le salaire de base y est pourtant moins élevé, les deux entités pointent notamment l’impact «des énormes efforts fiscaux faits par la France, comme le régime impatrié, l’intéressement, les packages pour les familles…». D’où l’importance, selon elles, de maintenir un cadre fiscal attractif, condition pour rester compétitif et continuer à attirer des talents, mais surtout de les garder.