«Oh, really?» Matteo Cernuschi n’en revient pas. Le cofondateur d’ANote Music est à l’étranger. Il a raté la Startup World Club, organisée jeudi soir chez EY, et c’est le partner de Pegasus Tech Ventures, Justin Jackson, qui vient de lui annoncer par téléphone que la fintech a remporté le ticket pour la demi-finale et la finale du concours mondial, au cours desquelles elle sera opposée à 76 autres start-up, du 28 au 30 septembre à San Francisco.
À côté de lui, l’autre cofondateur et CEO, Marzio F. Schena, et leur directeur technologique, Grégoire Mathonet, se marrent, la coupe aux petites oreilles posée devant eux.
«Je vais rajouter une couche de pression supplémentaire!», les prévient le partner d’EY, 
«C’est d’ailleurs le message de cette promotion», remarque M. Lecoustey. Les dix projets retenus par les représentants de l’écosystème ont des ambitions qui dépassent la Grande Région, que ce soit WEO et son utilisation d’images gratuites de satellites pour aider les communes à «verdir» leurs espaces, deuxième du classement, ou encore Food4All et sa mission de lutter contre le gaspillage alimentaire, troisième.
Surprise: le partner de Pegasus Tech Ventures, Justin Jackson (à gauche), a pris le téléphone du CEO d’ANote Music, Marzio F. Schena, pour annoncer à l’autre cofondateur, Matteo Cernuschi, que la fintech s’est qualifiée pour San Francisco. (Photo: Maison Moderne)
«Je suis très content», commente alors le CEO de la fintech spécialisée dans la tokenisation des droits musicaux. «Très content d’aller à San Francisco.» Puis, moins sur le ton léger d’un entrepreneur ravi. «Ce que vous faites comme entrepreneur n’est pas seulement validé par vos clients. Mais aussi par l’écosystème. Au début d’une aventure entrepreneuriale, il y a la famille et les amis qui vous poussent à essayer et à essayer encore. Puis vous développez le projet! Jusqu’à ce qu’un des plus gros VC de la planète, Pegasus Tech Ventures, décide de vous emmener dans la Silicon Valley. C’est quelque chose en soi!»
Comme il l’avait rappelé sur scène, ANote Music a la particularité de tenir sur trois jambes, comme ces tabourets parfois inconfortables: la technologie, le monde de la finance et l’industrie musicale. Il a fallu, pour cette start-up du Technoport, développer une plateforme capable de «fractionner» les droits musicaux – ce qu’on appelle tokéniser quand la représentation de cette fraction est un ou des jetons numériques comme autant de parts d’un titre musical –, convaincre les détenteurs de droits musicaux d’apporter une partie de leur catalogue contre des dollars sonnants et trébuchants, et les investisseurs (particuliers ou plus institutionnels) d’acheter ces tokens pour espérer des retours sur investissements récurrents. En 2021, les investisseurs ont bénéficié d’un rendement de 7,5%. D’un million, le chiffre d’affaires est espéré à 11,6 millions d’euros en 2026.
«Ce n’est pas dur d’attirer des détenteurs de droits musicaux», assure-t-il lors de la conférence de presse. Mais à quoi bon attirer une star mondiale si les investisseurs sont trop peu nombreux ou si leur capacité d’investissement est trop faible?
ANote Music continue donc de grandir petit à petit, ayant lancé sa plateforme en pleine pandémie, en juillet 2020, après avoir pensé un temps à retarder le lancement et avoir remarqué que les «confinés» consommaient plus de films et de musique en streaming.
Beyoncé, Avicii et les montagnes russes
Le père de Beyoncé comme conseiller; Era, Vianney, Drake, Avicii, Avril Lavigne ou les Beach Boys comme artistes déjà conquis; une subvention de 800.000 euros du ministère de l’Économie si tout se passe bien: la Young Innovative Enterprise surfe sur la bonne vague.
Là où M. Lecoustey reconnaît à la joyeuse équipe «la résilience, beaucoup de travail, de la consistance et de la capacité à se réinventer dans un monde en pleine mutation», le CEO invite les entrepreneurs en herbe à être prêts pour les montagnes russes et à être bien préparés aux différentes étapes du développement de la start-up.
Le partenaire de Pegasus Tech Ventures, qui remplaçait le très apprécié Bill Reichert, avouait avoir été très surpris par l’écosystème luxembourgeois et être prêt à revenir. Le VC qui a investi dans SpaceX ou Airbnb apportera un million de dollars au vainqueur final de son concours. Vainqueur en 2017, la japonaise Unifa, une solution d’IoT pour surveiller la santé des enfants, poursuit son développement et a levé 10 millions de dollars à ce jour. Le vainqueur de 2018, issu du MIT, Leuko Labs, avec sa solution de mesure de la pression sanguine, ou encore le dernier vainqueur, en 2019, la vietnamienne spécialisée dans la logistique Abivin, le rappelle: Pegasus Tech Ventures est agnostique et s’intéresse à tous les types de technologies.
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