Bien que Luxembourg soit une des capitales les plus vertes d’Europe, chercheurs et urbanistes appellent à repenser l’intégration de la nature en ville pour qu’elle profite réellement à la santé des citoyens. (Photo: Shutterstock)

Bien que Luxembourg soit une des capitales les plus vertes d’Europe, chercheurs et urbanistes appellent à repenser l’intégration de la nature en ville pour qu’elle profite réellement à la santé des citoyens. (Photo: Shutterstock)

Alors que la nature recule face à l’urbanisation, Luxembourg reste une ville plutôt verte, avec plus de la moitié de sa surface occupée par des espaces naturels. Mais cette apparente abondance ne garantit pas pour autant une véritable connexion à la nature. À l’occasion de la conférence internationale Forests & Parks for Public Health, chercheurs et urbanistes aborderont les moyens d’intégrer durablement la nature au cœur des villes pour qu’elle profite réellement à la santé des citoyens.

Avec 15 espaces classés comme parcs ou espaces verts, Luxembourg est plutôt bien dotée en comparaison à d’autres capitales européennes. Dans le «Green City Index», la Ville de Luxembourg figure régulièrement parmi les dix villes les plus vertes du monde. Plus de la moitié du territoire de la capitale – 68% en incluant les espaces verts privés – est constituée de surfaces vertes. Et le collège échevinal n’entend pas rogner sur cette proportion. Un défi face à la croissance urbaine et démographique.

À l’échelle nationale, le pays compte 92.150 hectares de forêts, ce qui représente 35% de la surface du territoire, bien que la majorité soit des forêts privées. Pour autant, cela ne suffit pas à être vraiment «connectés à la nature», pense Julie Schadeck, directrice générale d’UNature asbl qui accueille du 21 au 24 mars la

Une table ronde, le 23 mai, portera sur la planification urbaine fondée sur la nature. Le Dr. Terry Hartig présentera comment la nature en ville influence le bien-être, en proposant un cadre destiné aux urbanistes pour concevoir des espaces maximisant les bénéfices pour la santé tout en réduisant les risques. Ce chercheur en psychologie environnementale et pionnier dans l’étude des effets de la nature de la santé et le bien-être s’appuie notamment sur la théorie de la restauration de l’attention qui affirme que certains environnements ont la capacité de restaurer la capacité d’attention. Il plaide ainsi pour des espaces verts accessibles, avec des paysages cohérents qui captent l’attention sans provoquer de «surcharge cognitive».

Il recommande notamment aux urbanistes de travailler de concert avec des experts en santé publique et de prendre en compte les risques, tels que les allergènes, la pollution, mais aussi des éléments sociétaux, comme la «criminalité perçue». 

La Docteur Jill Litt expliquera aussi comment des outils tels que les jardins communautaires peuvent améliorer la santé intergénérationnelle, en revalorisant la nature comme cœur de communautés saines et dynamiques.  Cette chercheuse de l’Université du Colorado plaide pour l’implication des habitants dans la création et la gestion des espaces verts qu’il faut, selon elle, considérer comme de véritables infrastructures de santé au même titre que des hôpitaux ou des cliniques! Elle encourage les urbanistes à collaborer avec des épidémiologistes et des sociologues.

Cloche d’Or: du gazon ne suffit pas 

Car il ne s’agit pas de créer des espaces verts pour offrir une réelle connexion à la nature, et le parc créé à proximité directe de la Cloche d’Or en est un exemple.«Il n’y a pas une unique définition de ce qu’est un espace naturel. Mais on parle tout de même d’espaces où il y a de la biodiversité, des d’espèces différentes… Un espace qui ne contient que du gazon, sans aucun arbre, c’est toujours mieux que de l’asphalte, mais, pour avoir un impact, il faut quand même considérer la présence de petits arbres, de plus grands arbres, des endroits où des espèces peuvent se cacher, où des enfants peuvent jouer, où l’on peut aussi se reposer», indique Julie Schadeck.

Une autre règle est, elle, plus claire: celle des 3-30-300. Cette règle stipule que chaque citoyen devrait voir au moins trois arbres depuis son domicile, bénéficier de 30% de couverture arborée dans son quartier et ne pas vivre à plus de 300 mètres d’un parc ou espace vert; mais est-elle conciliable avec une croissance démographique soutenue qui nécessite de construire encore davantage sur des espaces qui ne sont pas extensibles? Oui, selon Julie Schadeck.

«Si on a l’intention de le faire, c’est faisable. Il y a des chercheurs, qui sont en train de développer des recherches et des modèles là-dessus pour voir comment le faire au mieux, respectant cette règle du 3-30-300». À noter que le Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT) vise à réduire de moitié l’artificialisation d’ici 2035 et à atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050.

Le Luxembourg pourrait aussi s’inspirer d’autres capitales ou villes qui mènent des projets innovants, comme Copenhague ou Barcelone souvent citées. «Ils créent par exemple de nouveaux lieux sur d’anciens espaces en utilisant la végétalisation. Il y a aussi des projets qui consistent par exemple à rouvrir le sol pour aider la pluie à mieux pénétrer, c’est aussi une façon de créer de nouveaux espaces», souligne Julie Schadeck.

Le lien vers la conférence est

Le programme: