Grâce à sa technologie et le principe de filtration membranaire, la société luxembourgeoise Ama Mundu est capable de trier, étape par étape, les différentes ressources présentes dans les eaux usées, lesquelles contiennent de très nombreux composés organiques et inorganiques qu’il convient de valoriser.
«De la même manière que les effluents solides sont triés, nous, nous trions les effluents liquides. Dans une eau usée, on retrouve évidemment de l’eau et des résidus. En séparant de manière astucieuse ces différents éléments, on obtient des fractions avec un potentiel de valorisation immense», précise Vincent Popoff, directeur de la société.
La solution d’Ama Mundu s’adresse à la fois aux agriculteurs, qui souhaitent opter pour une prise en charge économique et écologique de leur lisier; aux producteurs de biogaz, pour améliorer la productivité de leurs usines de méthanisation en valorisant mieux leurs digestats; mais aussi aux professionnels du tourisme, aux promoteurs immobiliers de la ville durable ou encore aux municipalités qui désirent s’inscrire dans une démarche environnementale.
La commune de Waldbillig, dans l’est du Luxembourg, est d’ailleurs la première à utiliser cette technologie: «La construction d’une nouvelle station d’épuration prendra plusieurs années avant d’être opérationnelle», explique Vincent Popoff. «Nous avons apporté une solution intermédiaire: une station de filtration qui, en plus d’être économe et opérationnelle de suite, est également amovible afin de permettre une éventuelle nouvelle utilisation.»
Changer de paradigme pour innover
La solution se présente sous forme d’unité industrielle très compacte. Elle est composée uniquement de matériaux propres et recyclables. Aucun traitement chimique ou biologique des eaux n’est mis en œuvre. «Nous avons fait évoluer les procédés, c’est là où réside notre innovation, l’approche est différente. Nous livrons des machines clés en main, avec une prise en charge de la conception à la maintenance», précise M. Popoff.
Au cours de ces derniers mois, une dizaine de machines ont été installées, aussi bien pour le recyclage d’eau au niveau d’écoquartiers que pour la réduction de volumes d’effluents sur des sites de méthanisation. Pour cette dernière application, la demande est très forte.
«Les retours d’expérience accumulés sur ces premières installations sont primordiaux pour nous. Ils confirment la validité des choix technologiques retenus, tout en permettant d’optimiser nos procédés en conditions opérationnelles réelles.»
Pour sa solution innovante et brevetée, Ama Mundu Technologies s’est vu décerner plusieurs prix d’innovation et d’environnement, mais a aussi pu bénéficier d’un cofinancement de la part du ministère de l’Économie pour son premier projet de R&D.
Le choix de s’installer au Luxembourg a vraiment été stratégique pour nous. C’est une réelle porte d’entrée sur le marché européen.
L’entreprise est également engagée dans un second projet de recherche, à l’échelle européenne cette fois-ci: «Perséphone», projet Interreg impliquant, durant trois ans, 13 partenaires issus de la Grande Région pour réfléchir au développement de la filière biogaz. «Dans ce contexte, le choix de s’installer au Luxembourg a vraiment été stratégique pour nous. C’est une réelle porte d’entrée sur le marché européen.»
La croissance démographique, l’industrialisation, l’urbanisation ou simplement les modes de vie actuels sont autant de menaces pour les ressources en eau potable. «La réutilisation des eaux usées n’est pas quelque chose de nouveau, elle est déjà monnaie courante dans le cadre d’opérations spatiales ou militaires. Mais pour ce qui est de la vie de tous les jours, les réglementations actuelles ne permettent pas encore d’exploiter pleinement cette ressource. Nous sommes en avance sur la réglementation, car la technologie est prête!», prévient Vincent Popoff.