Le cofondateur de la banque privée russe Alfa Bank et d’un conglomérat international, l’oligarque Mikhail Fridman (ici en 2016 à Jérusalem), a appelé à cesser le conflit en Ukraine, où il est né et où résident ses parents. (Photo: Shutterstock)

Le cofondateur de la banque privée russe Alfa Bank et d’un conglomérat international, l’oligarque Mikhail Fridman (ici en 2016 à Jérusalem), a appelé à cesser le conflit en Ukraine, où il est né et où résident ses parents. (Photo: Shutterstock)

Dans le viseur des Américains depuis 2018, l’oligarque russe Mikhail Fridman a envoyé un courrier aux employés de son fonds LetterOne, domicilié au Luxembourg, pour demander la fin de l’«effusion de sang» en Ukraine. Pour autant, l’UE l’a sanctionné lundi en le qualifiant de «complice du cercle intime de Poutine».

«Mes parents sont citoyens ukrainiens et vivent à Lviv, ma ville préférée. Mais j’ai aussi passé une grande partie de ma vie en tant que citoyen russe (il possède aussi la nationalité israélienne), à créer et développer des entreprises. Je suis profondément attaché aux peuples ukrainien et russe et je vois le conflit actuel comme une tragédie pour eux deux», écrit Mikhail Fridman, à la tête d’un empire qui comprend notamment la holding luxembourgeoise LetterOne, dans une lettre aux employés du fonds, révélée par le Financial Times.

«Cette crise coûtera des vies et endommagera deux nations qui sont sœurs depuis des centaines d’années. Alors qu’une solution semble terriblement lointaine, je ne peux que me joindre à ceux dont le fervent désir est que l’effusion de sang cesse.»

Le milliardaire, dont la fortune est estimée à près de 12 milliards de dollars, est à la tête d’un conglomérat très diversifié et à celle de la première banque privée de Russie, Alfa Bank, qui figure dans la liste des entités sanctionnées en Europe et aux États-Unis.

«Complice du cercle restreint de Poutine»

Mikhail Fridman et Petr Aven, membre du conseil d’administration du groupe, ont déclaré qu’ils allaient contester les sanctions, considérées par eux comme «fallacieuses et infondées», prises par l’Union européenne à leur encontre.

Pour autant, dans les documents relatifs aux sanctions de l’UE, M. Fridman est décrit comme «un financier russe de premier plan et un complice du cercle restreint de Poutine». Quant à Petr Aven, il «est l’un des oligarques les plus proches de Vladimir Poutine», indique le Conseil. «Il est l’un des quelque 50 riches hommes d’affaires russes qui rencontrent régulièrement Vladimir Poutine au Kremlin.» Les deux hommes «ont activement soutenu matériellement ou financièrement et bénéficié des décideurs russes responsables de l’annexion de la Crimée et de la déstabilisation de l’Ukraine. «Ils ont également soutenu des actions et des politiques qui ont sapé ou menacé l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine», a déclaré le Conseil.

Dans une déclaration commune publiée mardi, MM. Fridman et Aven se sont dits «profondément choqués par ces allégations manifestement fausses», ajoutant qu’ils contesteraient les sanctions «par tous les moyens disponibles».

Fin 2020, la holding, qui consolide L1 Energy et sa holding à Londres, LetterOne Corporate Advisor Ltd et LetterOne Overseas Investments Ltd à Gibraltar, LetterOne Corporate Partner, LetterOne Office Services, L1 Energy Capital USA et DEA Finance à Luxembourg, avait terminé l’année avec un bénéfice de 45 millions de dollars. Ce qui lui a permis de réduire ses pertes à près de 4,5 milliards de dollars.