Loin des votes en plénière du Parlement européen, une guerre d’influence se mène en coulisse. (Photo: Shutterstock)

Loin des votes en plénière du Parlement européen, une guerre d’influence se mène en coulisse. (Photo: Shutterstock)

Émanation de Corporate Europe Observatory et de l’allemande LobbyControl, Lobbyfacts accumule depuis 2012 les données sur ceux qui œuvrent en coulisse au niveau européen. Aperçu sans rigueur scientifique.

L’exercice est périlleux. Entre les grandes déclarations sur la transparence nécessaire à la démocratie et la réalité, les écarts sont nombreux. Près de dix ans après avoir commencé à accumuler des données sur les lobbyistes, Lobbyfacts prend des gants: les données ne concernent que ceux qui sont inscrits, comme le prévoit la réglementation européenne, et elles comportent de nombreux biais.

Par exemple, certaines sociétés n’ont pas de lobbyistes enregistrés, mais ont recours à des cabinets d’avocats, qui eux, sont accrédités. D’autres s’en réfèrent à une fédération chargée de défendre leurs intérêts. D’autres encore ont des activités de l’ombre pas forcément dans les enceintes européennes, mais très efficaces: notes, rapports, séminaires, déjeuners ou dîners, tout est bon pour «permettre au décideur politique de comprendre les réalités de certains secteurs d’activité», comme le dit l’un d’entre eux, qui se défend de toute activité ou de tout comportement problématique.

Un simple coup d’œil dans la base de Lobbyfacts permet de constater que derrière Amazon (de 2,7 à 3 millions d’euros de dépenses et 5 personnes) et ArcelorMittal (de 1,2 à 1,5 million d’euros et 5 personnes), 30 organisations accréditent des lobbyistes, dont les fleurons nationaux (SES, Post, Cargolux, la Bourse de Luxembourg, Paul Wurth ou Heintz van Landewyck), des sièges européens de sociétés connues (Ferrero, Intelsat, Aperam, AIG Europe, Alipay ou Paypal). Ou d’autres, moins sur les radars, comme Celanese, la texane spécialisée dans les produits chimiques, Vynova, l’européenne spécialisée dans le PVC. Ou encore des structures financières, comme LetterOne, et ses superstars, le baron et ancien banquier britannique Davies d’Abersoch, l’ancien banquier de Boris Eltsine un temps soupçonné de collusion avec Donald Trump, Mikhail Fridman, au portefeuille très diversifié, dont 200 millions de dollars investis dans Uber dès 2016, ou l’ancien directeur général de BP, le baron Browne of Madingley.

Les dépenses d’Amazon ont bondi d’un million d’euros l’an dernier, selon Lobbyfacts, à près de trois millions d’euros. Soit une augmentation inférieure aux 50% d’augmentation constatés dans d’autres entités du groupe. Amazon a obtenu de la justice européenne la levée des arriérés fiscaux de 250 millions d’euros dont elle aurait dû s’acquitter auprès du Luxembourg pour des rulings.

«Depuis mars 2020, les lobbyistes des grandes sociétés pharmaceutiques ont rencontré les commissaires 44 fois – les associations pharmaceutiques 117 fois et les organisations liées à Gates 41 fois –, tandis que des ONG critiques comme Médecins sans frontières (MSF), Global Health Advocates (GHA), les producteurs de médicaments génériques et d’autres n’y ont pas eu droit», écrivait Corporate Europe Observatory .

De son côté, .