L’Europe a perdu de son attrait pour les capitaux des investisseurs souverains. C’est ce qui ressort d’un rapport rédigé par l’asset manager Invesco, présent au Luxembourg, qui a interrogé 58 représentants de banques centrales et 81 de fonds souverains.
Alors que l’Europe était largement considérée comme une destination de premier choix pour les investisseurs souverains, ce sentiment s’est inversé au lendemain du 24 février, début de l’invasion russe de l’Ukraine. Depuis lors, l’Europe se trouve particulièrement exposée au conflit à plus long terme que n’importe quelle autre région du monde, note le rapport qui pointe les perturbations de l’offre d’énergie et de produits de base.
La résistance de l’économie américaine
Pour de nombreux investisseurs souverains interrogés par Invesco, la guerre en Ukraine a simultanément affaibli les perspectives de croissance et a rendu difficile la maîtrise de l’inflation, soit les ingrédients parfaits de la stagflation. Sur ce constat, une part des investisseurs souverains ont déclaré leur intention de redéployer, voire d’augmenter, leurs capitaux vers le marché américain et ceux de la région Asie-Pacifique.
Rod Ringrow, head of official institutions chez Invesco, juge que les États-Unis se trouvent en meilleure position économique que l’Europe, même si également soumis à des prévisions de baisse de croissance. «Plus indépendants dans leurs approvisionnements énergétiques, les États-Unis sont plus résilients aux chocs», déclare-t-il, ajoutant également «qu’ils n’ont pas besoin d’importer autant de denrées alimentaires que l’Europe». Selon lui, les États-Unis sont donc plus à même d’éviter un scénario de récession que l’Europe.
L’exception de la Chine
C’est sans compter que Rod Ringrow estime que l’inflation américaine est parvenue à un pic, ce qui est loin d’être le cas de l’inflation européenne. «Cela explique en partie l’opinion selon laquelle les États-Unis pourraient être un marché plus attrayant pour les souverains.»
Perçue comme moins impactée par les répercussions macroéconomiques de la guerre en Ukraine, la région Asie-Pacifique devient également une destination de choix pour les investisseurs souverains. La Chine fait toutefois exception à la règle. Alors que des flux de capitaux vers la Chine avaient connu une tendance à la hausse au cours des années précédentes, Invesco indique que le risque réglementaire y est désormais vu comme une inquiétude par les investisseurs, à la suite des interventions du gouvernement dans de nombreux secteurs, tel celui des technologies, impactant les prix des actifs. Par conséquent, plus de la moitié des fonds souverains estiment que le marché chinois est devenu plus difficile à pénétrer qu’il y a un an.