L’Economist Intelligence Unit (EIU) prévoyait une croissance de 4% de la zone euro avant la guerre en Ukraine, désormais revue à 2,2%. (Photo: Shutterstock)

L’Economist Intelligence Unit (EIU) prévoyait une croissance de 4% de la zone euro avant la guerre en Ukraine, désormais revue à 2,2%. (Photo: Shutterstock)

L’instabilité macroéconomique n’épargne quasiment plus aucune région du monde. Au niveau de la zone euro, l’Economist Intelligence Unit (EIU) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022, fortement marquée par les scores négatifs de l’économie allemande.

Avant le début de la guerre en Ukraine, l’Economist Intelligence Unit (EIU) tablait sur une croissance de 3,9% du PIB mondial en 2022. Près de six mois après le début du conflit, l’EIU ne mise désormais plus que sur une croissance mondiale de 2,8%. «Cela signifie que la guerre en Ukraine amputera le PIB mondial d’un trillion de dollars», note l’EIU dans une étude publiée le 7 juillet.

Le recul de la croissance économique à l’échelle planétaire s’explique par une série de conséquences de la guerre en Ukraine, notent les analystes de l’EIU. D’un point de vue macroéconomique, la guerre se reflète dans la hausse des prix des produits de base, les perturbations d’approvisionnement et la détérioration du moral des ménages et des entreprises. Une situation qui devrait se poursuivre pendant tout le reste de l’année, l’Union européenne s’attendant à ce que le conflit ukrainien perdure au moins jusqu’à la fin de 2002.

L’EIU souligne toutefois que la guerre en Ukraine, à elle seule, ne peut justifier le ralentissement économique, rappelant le poids de la surchauffe de l’économie américaine et de la politique zéro Covid-19 en Chine. À cela s’ajoute la possibilité qu’un nouveau variant de Covid-19 apparaisse au cours du second semestre. Ce qui pourrait à nouveau nuire aux perspectives économiques, certains pays réimposant alors des restrictions de voyage ou des mesures de distanciation sociale.

Le pouvoir d’achat et la confiance des entreprises

Alors que l’EIU a revu à la baisse ses prévisions pour la plupart des principales économies du globe, seuls l’Argentine, le Brésil et l’Afrique du Sud affichent des perspectives revues à la hausse.

En Europe, les vents contraires macroéconomiques vont bon train. Les économies européennes se trouvent confrontées à «une inflation galopante qui pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs et nuit à la confiance des entreprises». Simultanément, la demande extérieure a tendance à ralentir en raison du resserrement de la politique monétaire américaine. De leur côté, les chaînes d’approvisionnement européennes sont perturbées par le conflit ukrainien et l’augmentation des prix des matières premières qui en découlent.

Les paramètres macroéconomiques en Europe sont tels que l’EIU n’hésite d’ailleurs pas à déclarer que l’Allemagne se retrouvera en situation de récession technique au second semestre, à l’issue de deux trimestres consécutifs de croissance négative. Alors que l’EIU s’attendait à une croissance de 3,3% de l’économie allemande au début de l’année, elle a revu sa copie, misant désormais sur 1,3%.

Le recul de la zone euro

Pour les troisième et quatrième trimestres de cette année, l’EIU s’attend en effet à ce que la croissance de l’économie allemande enregistre des scores négatifs, soit de -0,2% du PIB. Elle devrait toutefois revenir à un niveau positif, soit à 0,2%, au premier trimestre 2023.

L’économie française affiche, quant à elle, une perspective de croissance annuelle de 2,2%, contre 4,1% initialement prévus au début de l’année. Selon l’EIU, la France devrait enregistrer une croissance de 0,6% de son PIB au troisième trimestre et de 0,3% au quatrième trimestre pour finalement plafonner à ce même niveau au cours des trois premiers mois de l’année prochaine.

De façon générale, c’est l’économie de la zone euro qui pâtit du contexte macroéconomique découlant de la guerre. Cette dernière a incité l’EIU à réduire de près de moitié ses prévisions de croissance de la zone euro, la faisant passer dorénavant à 2,2% contre 4% en début d’année. Ce qui, du coup, annonce déjà des effets de report minimes à partir de 2022, signifiant que la croissance de la zone euro ralentira en 2023. Sur ce même principe, les scores de croissance de 2022 sont «faussement positifs», bénéficiant des effets de report d’une forte croissance en 2021.