Depuis 2014, l’institut Infas mène chaque année, pour le compte de la Chambre des salariés Luxembourg et de l’Université du Luxembourg, une enquête dénommée «Quality of Work», sur différents sujets liés à la satisfaction des salariés luxembourgeois (qu’ils soient résidents ou travailleurs frontaliers). L’enquête réalisée en 2023, dont les résultats ont été publiés en juin 2024, révèle un décalage entre les attentes des salariés luxembourgeois et l’évolution des pratiques adoptées pendant la pandémie en matière de télétravail.
L’enquête révèle qu’en 2023, seuls 29% des salariés luxembourgeois télétravaillaient encore régulièrement (soit un niveau similaire à celui de 2017), contre 40% en 2021, au plus fort de la crise sanitaire.
Cette tendance vers une diminution du télétravail est illustrée par des exemples de plus en plus nombreux de grandes entreprises qui, de par le monde, décident de restreindre, voire supprimer la possibilité, pour leurs salariés, de télétravailler.
Au Grand-Duché, un exemple particulier fait grand bruit: Amazon, cinquième employeur le plus important du pays, a annoncé (via une communication diffusée à ses salariés le 16 septembre 2024) avoir décidé de mettre fin à la possibilité du télétravail pour les salariés de ses services administratifs à partir du 2 janvier 2025. Au Luxembourg, plus de 4 200 salariés sont concernés.
A cette tendance à la baisse s’oppose le constat que le télétravail reste une pratique appréciée par les salariés luxembourgeois, selon les chiffres de l’enquête «Quality of Work».
D’après l’enquête, 57% des salariés interrogés souhaitent télétravailler au moins un jour par semaine, et 32% d’entre eux aimeraient même passer la majorité ou la totalité de leur temps en télétravail. Le télétravail est généralement perçu comme avantageux par les salariés parce qu’il emporte une réduction des déplacements, qu’il va de pair avec une plus grande autonomie dans l’organisation du travail et qu’il permet d’éviter certaines modalités de travail qui sont souvent perçues comme désavantageuses, telles que le travail en «open space».
La plupart des salariés interrogés semble ne pas considérer que le télétravail nuirait à la qualité de leur travail: 85% des télétravailleurs affirment pouvoir travailler sans interruption à domicile, contre 65% en 2021.
Cela n’est probablement pas sans lien avec l’amélioration des conditions matérielles du télétravail. En 2023, 70% des salariés télétravailleurs se disent bien équipés pour travailler à domicile, contre 61% en 2021. On peut néanmoins relever que malgré cette amélioration, seuls 24% des employeurs apparaissent couvrir les frais de communication liés au télétravail, malgré l’obligation en ce sens consacrée par la Convention collective relative au télétravail du 20 octobre 2020, d’obligation générale.
En tout état de cause: les chiffres de l’enquête «Quality of Work» mettent en lumière une tension croissante entre la tendance générale vers une diminution du télétravail et la satisfaction que le télétravail apporte à une majorité de salariés luxembourgeois. Cela laisse craindre que le sujet du télétravail devienne un point de crispation dans les entreprises.
Pour plus d’information : rendez-vous sur le site web de Luther S.A..