Remplir un constat suite à un accident de la circulation pourrait être plus rapide et plus simple. C’est en tout cas la promesse faite par Lalux et Foyer qui ont mis en place, depuis le 30 mars dernier, un nouveau service. Basé sur l’application gratuite Assisto, disponible sous iOS et Android, ce dernier doit permettre aux utilisateurs «d’effectuer gratuitement une déclaration de sinistre automobile à son assureur via son smartphone».
Pour ce faire, les assurés doivent expliquer les circonstances de l’accident, en remplissant les champs identiques à ceux des constats traditionnels. Particularité toutefois: les données de leur contrat ont été préremplies grâce à la présence, sur leur vignette verte, d’un QR code. Un symbole lisible par un smartphone qui contient le type de contrat souscrit auprès de l’assureur, sa date de validité ou bien encore le type de véhicule assuré.
Gain de temps estimé à «plusieurs jours»
Dans les faits, les assurés devront donc «se contenter» de remplir les informations concernant les circonstances de l’accident. Une fois cette opération effectuée, le constat est envoyé directement aux assureurs qui reçoivent en quelques minutes croquis, explications écrites et images du sinistre. À l’heure actuelle, seuls les clients ayant reçu une nouvelle carte verte bénéficient de ce QR code. La généralisation à l'ensemble des assurés devant intervenir «gratuitement d’ici un an», selon Foyer et Lalux.
Un gain de temps estimé à «plusieurs jours par rapport aux constats papier», selon les différents acteurs du secteur. Et donc, des économies substantielles en termes de traitement des données et donc de coûts. Aucune donnée sur le montant des gains potentiels en cas d’utilisation massive de cette procédure n’a été dévoilée. Seule certitude, les enjeux sont conséquents au vu des quelque 3.000 accidents enregistrés chaque année par les assureurs et dont le montant s’élèverait à plusieurs dizaines de millions d’euros.
Quid de la confidentialité des données?
Alors que la Bâloise, autre grand acteur du secteur, affirme être «en discussions avancées avec la société qui a développé Assisto» et souhaite lancer ce service «dans les meilleurs délais», Axa Luxembourg indique réfléchir. L’assureur évoque la possibilité «d’intégrer des QR codes destinés à cette application en complément de notre service e-constat». Un service disponible via une application dédiée depuis 2010, mais utilisée actuellement par «un nombre restreint d’assurés».
Présentées comme «un service qui répond à une demande des clients» et qui «répond à la stratégie de digitalisation, d’innovation et de simplification» des différents groupes, les applications disponibles sur le marché - comme e-constat auto ou e-constat euresa - entraînent des questions quant à la protection des données.
L’étude au Luxembourg a veillé à respecter toutes les lois en vigueur
Lionel de Somer, cofondateur d'Assisto
«Nous ne sommes pas informés des détails de cette application que nous n’avons pas validée, mais il faut se poser la question de la vérification des flux de données», recommande un représentant de la Commission nationale pour la protection des données (CNPD), contactée par Paperjam.lu. «Il faut s’interroger sur la manière et l’endroit où sont stockées ces données, qui y a accès et comment, et enfin connaître le sérieux des différents intervenants.»
Des interrogations que Pinch, la société à l’origine de l’application Assisto, balaie d’un revers de main. Assurant que «l’étude réalisée pour le Luxembourg a veillé à respecter toutes les lois en vigueur», les créateurs de l'application précisent que «les informations des utilisateurs ne sont pas stockées sur un serveur externe mais sont uniquement disponibles lorsqu’un constat est créé». Seule une copie est disponible, «pour raison légale et en cas de besoin de nos clients», note Lionel de Somer, cofondateur d’Assisto.
Gratuite pour les assurés, l’application ne l’est pas pour les assureurs. Mais comme pour le montant des gains de productivité, le coût pour les compagnies d'assurance est un secret jalousement gardé.