POLITIQUE & INSTITUTIONS

Revue de presse

Des «principes» décriés dans le Spiegel



Un article qui, selon Étienne Schneider, a la volonté de nuire au Luxembourg. (Photo: Der Spiegel)

Un article qui, selon Étienne Schneider, a la volonté de nuire au Luxembourg. (Photo: Der Spiegel)

Une coupure de presse dont le gouvernement se serait probablement bien passé en pleine présidence du Conseil de l'Union européenne. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a consacré l’une de ses enquêtes de son édition datée du 12 septembre au Luxembourg.

Dans son article critique de quatre pages, le journaliste Christoph Pauly décortique les liens entre la politique et les entreprises, locales ou multinationales, présentes au Grand-Duché.

«Das Luxemburg-Prinzip»

Deux responsables politiques sont particulièrement émaillés sous la plume du journaliste. Tout d’abord, le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, Étienne Schneider, posant en photo (d’archives), la main sur le capot de sa Rolls-Royce. Ses anciennes fonctions à la tête du conseil d’administration d’Enovos et de la SEO alors qu’il était en même temps haut fonctionnaire au ministère de l’Économie et les liens entretenus avec les milieux économiques sont pointés dans l’article, où le mélange entre public et privé, la proximité entre politique et entreprises, est présenté comme l’une des marques de fabrique du pays.

«Nous sommes étroitement liés à l’économie. Nous savons ce dont ils ont besoin», répond le ministre Schneider, peu cité dans l’article.

C’est tout un système que le journaliste veut mettre en exergue, avec l’intervention de l’association de défense des investisseurs Protinvest. Un système qui remonte à l’ère de Jean-Claude Juncker, indique le journaliste. L’ancien Premier ministre et actuel président de la Commission européenne est l’autre figure politique présentée comme responsable d'un fonctionnement impensable outre-Moselle et qui aurait permis d’attirer Amazon ou d’autres multinationales au Luxembourg.

La parution de l'article intervient alors que Jean-Claude Juncker aura l’occasion de s’expliquer sur son rôle dans l’optimisation fiscale des sociétés lors de son témoignage devant la commission spéciale «taxe» du Parlement européen, mise en place dans la foulée de l’affaire LuxLeaks. 

Questions de fond(s)

«L’Europe fonctionne désormais un peu comme le Luxembourg», conclut le journaliste, en s’interrogeant sur l’influence des lobbies à Bruxelles depuis l’arrivée de Juncker. 

De la photo d’Étienne Schneider à la reconversion de hauts fonctionnaires à la direction de banques qu’ils ont auparavant supervisées en ayant été occupés au ministère des Finances – à l’instar de Sarah Khabirpour mentionnée dans l’article –, les «case studies» examinés continuent de mal passer à l’étranger.

À charge, l’article pose cependant certaines questions de fond, dont la nécessaire transparence entre intérêts privés et mandats publics ou politiques. La publication des déclarations d’intérêts des membres du gouvernement sur le site internet de celui-ci est censé être une garantie à cet égard. La double rémunération des hauts fonctionnaires est en revanche un sujet qui ne semble pas être à l’agenda du gouvernement.

Interrogé dans l’émission Background d’RTL (entre autres) sur l’article du Spiegel, Étienne Schneider a vu dans cette publication une volonté de nuire au Luxembourg et en particulier à Jean-Claude Juncker à quelques jours de son passage devant la commission «taxe». 

Le ministre de l’Économie n’a du reste pas remis en cause le fonctionnement même des CA d’entité où l’État est représenté ainsi que la proximité avec le secteur économique, répétant que ceci permet au gouvernement de connaître les besoins des acteurs.