En septembre dernier, André von der Marck, directeur de Luxtram, a participé au 10x6 Mobilité organisé par le Paperjam + Delano Club. (Photo: Simon Verjus/Maison Moderne/archives)

En septembre dernier, André von der Marck, directeur de Luxtram, a participé au 10x6 Mobilité organisé par le Paperjam + Delano Club. (Photo: Simon Verjus/Maison Moderne/archives)

Luxtram fête un double anniversaire. En effet, le 10 décembre 2017, l’entreprise a mis sur les rails son premier tram sur un parcours reliant Luxexpo au Pont Rouge. Trois ans plus tard, jour pour jour, le tram arrivait à la gare. Il transporte désormais près de 80.000 voyageurs par jour d’un bout à l’autre de la capitale.

Quatre ans après son lancement, comment jugez-vous l’intégration du tramway dans la capitale?

. – «Nous avons réussi à faire entrer le tramway de façon progressive. En travaillant en trois phases, nous avons laissé le temps, à tout le monde, de le découvrir et s’y adapter. Pour rappel, la première étape a été la construction du premier tronçon sur le plateau du Kirchberg, à partir de 2015, pour une mise en service le 10 décembre 2017. Le parcours s’est ensuite prolongé jusqu’à la place de l’Étoile avec une mise en service à l’été 2018. Troisième étape, l’arrivée du tramway à la gare, le 13 décembre 2020.

Pourtant, au départ, il y a eu certaines craintes…

«Effectivement, beaucoup de personnes craignaient de nous voir faire un chantier pharaonique pour installer le tramway à Luxembourg. Mais, finalement, il s’est progressivement intégré dans la ville grâce à un chantier par phases.

Nous avons encore de la capacité. Mais 80.000 voyageurs par jour, c’est tout de même un beau chiffre.
André von der Marck

André von der MarckdirecteurLuxtram

Aujourd’hui, le tram semble avoir été adopté par les habitants de la capitale et les usagers. Avez-vous des chiffres de fréquentation?

«Nos statistiques reflètent cette stratégie progressive. Sur le premier tronçon, au Kirchberg, nous étions entre 15.000 et 17.000 voyageurs par jour. En prolongeant le parcours du tramway jusqu’à la place de l’Étoile, nous avons atteint entre 30.000 et 35.000 voyageurs par jour. C’est déjà un doublement du nombre d’usagers. Ensuite, il y a eu le confinement, où nous sommes descendus autour des 2.000 voyageurs par jour lors du premier confinement. Puis, en arrivant à la gare, nous avons encore doublé le nombre de voyageurs avec un pic, il y a quelques jours, à 78.000 voyageurs par jour.

L’augmentation du nombre de voyageurs s’explique-t-elle par un nombre de rames plus important sur un parcours plus long?

«À chaque fois que vous augmentez le linéaire, vous mettez en service plus de rames, et donc le nombre de places disponibles. Ce qui joue également sur la capacité du tram, c’est le nombre de fois qu’une même place est occupée sur l’ensemble du parcours du tram. Plus on augmente le linéaire – donc le parcours du tram –, plus l’offre assise augmente, car en général, les voyageurs prennent le tram pour faire quatre à cinq stations en moyenne. Donc, avec un parcours de 15 stations, on peut estimer qu’une même place est occupée trois fois sur l’ensemble du trajet. Nous avons également progressivement augmenté la fréquence de nos tramways. Au début, nous étions à six minutes, puis à cinq. Et actuellement, nous sommes à quatre minutes.

Êtes-vous au maximum des capacités?

«On peut encore accueillir plus de voyageurs. Nous avons encore de la capacité. Mais 80.000 voyageurs par jour, c’est tout de même un beau chiffre.

Sur l’ensemble des accidents que nous avons eu à déplorer, le tram n’a pas été en tort. Nous avons subi le non-respect des feux de signalisation par les autres usagers de la route.
André von der Marck

André von der MarckdirecteurLuxtram

Comment peut-on expliquer l’engouement autour du tram?

«Le premier succès, c’est cette mise en service progressive qui a été suivie par les usagers. La gratuité a aidé, mais les gens ont aussi très bien compris le mode d’emploi et le fonctionnement du tramway. Les comportements changent. Aujourd’hui, on peut laisser sa voiture au parking relais à Luxexpo, puis prendre le tram pour faire quelques courses. Revenir ensuite à sa voiture pour repartir en tram vers le centre-ville ou encore la gare pour y faire d’autres emplettes. Le tram a changé la manière de pratiquer la ville. Le tramway est comme un trottoir roulant. D’ailleurs, nous avons constaté que là où il y a le plus de monde, c’est entre les stations Royal-Hamilius et la place de Paris, alors que l’on aurait pu penser que la plus grande fréquentation se trouve de la gare vers le Royal-Hamilius.

Y a-t-il eu beaucoup d’accidents depuis le lancement du tram?

«Sur l’ensemble des accidents que nous avons eu à déplorer, le tram n’a pas été en tort. Nous avons subi le non-respect des feux de signalisation par les autres usagers de la route. Fort heureusement, je me réjouis de ne pas avoir eu d’accident mortel. On se compare par rapport aux grands réseaux de tramway en Europe, et nous sommes très bien placés en matière d’accidents. Nous avons moins d’accidents que la plupart des grandes villes. Mais c’est vrai que lorsque le tramway est accidenté, cela empêche la ligne de fonctionner, et donc impacte les autres rames. Mais, à chaque fois, nous essayons de trouver des solutions pour continuer le fonctionnement de la ligne et nous apportons des solutions pour diminuer le désagrément sur les passagers.


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Devant la gare, les conducteurs du tram doivent parfois être très vigilants, car beaucoup de piétons passent devant la rame au dernier moment…

«Nous avons six agents de ligne que nous dépêchons sur le terrain pour nous assurer que le flux avec les passagers se passe bien. Effectivement, nous les envoyons souvent à la gare. Mais cela ne fait qu’un an que le tramway cohabite avec les usagers dans le quartier Gare, et il y a encore de bonnes habitudes à prendre. Mais je vois surtout que la conception des infrastructures devant la gare a été bien pensée. En sortant de son train, l’usager pressé n’a pas à traverser de rails pour se rendre dans le tram puisque le quai du tram est directement accessible depuis le parvis de la gare.

Peu de gens savent que le son de la cloche du tramway est le même son de cloche que le premier tramway de Luxembourg qui a cessé de rouler en 1964.
André von der Marck

André von der Marckdirecteur Luxtram

Quelle est la prochaine étape des travaux du tram?

«La prochaine étape, c’est l’allongement du parcours du tramway jusqu’au lycée de Bonnevoie (, ndlr). Puis, la mise en service du tronçon D vers la Cloche d’Or. Il y a encore ainsi que sur le planning des travaux au niveau de la N3. Mais nous tablons toujours sur une mise en service d’ici la fin 2023. De l’autre côté, le chantier pour la réalisation d’un pont devant passer au-dessus de l’autoroute pour que le tramway puisse prendre la direction du Findel va commencer vers le 15 janvier. Nous estimons l’arrivée du tram à l’aéroport en 2024.

Pouvez-vous dévoiler quelque chose que l’on ne connaît pas à propos du tram?

«Ce n’est pas un secret, mais peu de gens savent que le son de la cloche du tramway est le même son de cloche que le premier tramway de Luxembourg qui a cessé de rouler en 1964. Nous l’avons enregistré au musée du tramway où il y a encore une rame de l’époque.»