Malgré la pénurie de matériaux, les entrepreneurs de la construction sont les plus optimistes, puisque 42% s’attendent à une hausse de leur chiffre d’affaires au cours des six prochains mois. (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne)

Malgré la pénurie de matériaux, les entrepreneurs de la construction sont les plus optimistes, puisque 42% s’attendent à une hausse de leur chiffre d’affaires au cours des six prochains mois. (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne)

La pénurie de main-d’œuvre reste le principal défi de l’artisanat au Luxembourg, dont les très petites entreprises (TPE) sont particulièrement affectées par l’impact de la crise sanitaire.

Ces six derniers mois, quatre entreprises artisanales sur dix ont été confrontées à une baisse de leur chiffre d’affaires, montre une enquête de la Fédération des artisans publiée ce jeudi. Les très petites structures – celles qui emploient jusqu’à cinq salariés – ont été les plus malmenées, avec une baisse des ventes de 64%.

Le secteur de l’alimentation artisanale apparaît comme le plus lourdement touché, avec 80% de sociétés qui déclarent avoir vu leur chiffre d’affaires diminuer. La prudence est de mise pour le prochain semestre: 55% des firmes artisanales sondées estiment que leurs revenus resteront stables. Mais les TPE sont deux fois plus pessimistes que la moyenne quant à la reprise, souligne la FDA, qui montre qu’à l’inverse, les entrepreneurs de construction sont les plus optimistes: 42% d’entre eux s’attendent à une hausse de leur chiffre d’affaires ces six prochains mois.

Ce sont les TPE qui souffrent le plus de la charge administrative, de l’évolution des coûts, du manque de rentabilité .

Christian Reutersecrétaire général adjointFédération des artisans

«Ce sont les TPE qui souffrent le plus de la charge administrative, de l’évolution des coûts, du manque de rentabilité. Le gouvernement devrait agir sur la productivité des entreprises, faire attention à la charge administrative et financière qui pèse sur ces entreprises», avance, pour Paperjam, Christian Reuter, secrétaire général adjoint de l’organisation.

Celle-ci relève que 80% des entreprises sondées se disent impactées dans leur quotidien par la crise sanitaire.

À la recherche de main-d’œuvre et de matériaux

Dans le détail, le manque de main-d’œuvre pèse sur 64% des entreprises, devant la (62%) et les charges administratives (48%). La pandémie pèse aussi sur l’absentéisme, cité comme le premier impact (59%), devant la hausse des frais (55%) et la baisse de la productivité (44%).

Car entre les arrêts maladie, les quarantaines et les congés pour raisons familiales, les heures de travail perdues s’accumulent. Généralement, entre 6% et 20% des heures potentiellement travaillées ont été impactées par ces absences du personnel, montre le sondage.

Autre enseignement: le manque de main-d’œuvre apparaît comme le principal frein au développement des entreprises artisanales. 80% d’entre elles disent ne pas parvenir à recruter le personnel nécessaire, un taux qui monte même à 94% dans les métiers de la fermeture du bâtiment. Pour tenter de pallier cela, près de 54% des sondés recrutent des salariés non qualifiés. «La formation professionnelle continue est une des rares pistes pour qualifier des salariés à différentes tâches ou les faire monter en compétences», avance la Fédération des artisans.


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Celle-ci relève un autre frein: l’augmentation des prix des matériaux et matières premières, qui frappe 93% des sociétés interrogées. Le principal impact porte sur des problèmes contractuels avec les clients (72%), devant une baisse des revenus (52%). «Le problème risque encore de durer», avertit l’organisation. Plus d’un répondant sur deux pressent un maintien de cette situation pour les deux mois à venir.

«Il n’est pas surprenant que les entreprises sortent fragilisées de cette période. On ne peut pas parler à cet instant d’un retour à la normale», ajoute Christian Reuter.

La Fédération des artisans a pris le pouls de 200 entreprises membres, dont principalement des sociétés de parachèvement, de construction et de génie technique. Au total, l’organisation regroupe 3.000 firmes luxembourgeoises qui occupent 80% de la main-d’œuvre dans l’artisanat.