À vous entendre, une fusion/acquisition est comme un tango que mènent les deux parties. Mais qui joue alors la musique?
«Le rythme est donné par les conseillers de chaque partie, l’acheteur et le revendeur, mais il est aussi donné par le régulateur et le cadre qu’il fixe. Il y a donc en réalité tout un orchestre qui accompagne le couple qui danse au milieu de la piste.
La communication est-elle la clé pour mener à bien une telle opération?
«La communication est clé dans un deal de cette sorte. Elle doit se faire entre clients, entre conseillers, et entre les conseillers et leurs clients, bien sûr. Les transactions qui se déroulent le mieux, et on le constate bien tristement durant la période que nous traversons (la crise sanitaire), sont celles où tous les acteurs se mettent autour de la table pour échanger et négocier. On communique avec des mots, bien sûr, mais aussi avec ce que l’on appelle le body language, et cela ne traverse pas les écrans de téléconférence ou, pire, les mails.
Il s’agit également de communiquer au bon moment, sans sous-estimer, comme je vous le disais juste avant, tous les paramètres non verbaux qui entrent en jeu.
Préserver la valeur est-il l’enjeu principal d’une fusion/acquisition?
«Ça peut être le cas, lorsque l’objectif de la transaction repose justement sur une valorisation. Mais ce n’est pas toujours ce qui motive l’opération. Prenons le cas d’un chef d’entreprise qui souhaite se retirer des affaires et entame une procédure de succession, la motivation n’est alors pas intégralement financière, mais plutôt d’assurer la continuité de l’activité en question. Autre exemple, le fait de vouloir se défaire de son activité car le régulateur l’impose ou parce que, d’un point de vue réglementaire, l’activité est devenue trop complexe. Du côté de l’acheteur enfin, ce dernier peut très bien viser l’achat de tel ou tel portefeuille de clients plutôt que la valeur en soi du portefeuille. La valeur est donc un élément, mais une opération de fusion/acquisition ne s’y résume que dans certains cas précis.
Des événements comme le Brexit ou la crise sanitaire ont-ils eu une influence sur les fusions/acquisitions?
«En toute honnêteté, je ne crois pas que ces deux événements, pourtant majeurs, aient eu un impact sur le sujet qui nous occupe. Les transactions ne se sont pas interrompues, même si les parties concernées ont pu se montrer plus prudentes. Je pense d’ailleurs que le secteur des fusions/acquisitions sera un des rares à ne pas se modifier. Au contraire, on devrait même revenir à des modalités moins digitales, plus physiques, pour procéder à des opérations de fusion/acquisition, suite à la crise sanitaire.
Ce qui a changé en revanche, c’est l’attractivité de certains secteurs qui ont révélé des potentialités, je pense notamment aux nouvelles technologies ou au secteur de la santé par exemple. Mais que des secteurs deviennent ‘tendance’ et d’autres le deviennent moins n’est pas une nouveauté.
Les trois ingrédients d’une fusion/acquisition réussie?
«La réponse est extrêmement simple: un bon avocat, un bon avocat et… un bon avocat [rires].»
Retrouvez le 29 juin prochain l’interview express du deuxième intervenant, Marc Mouton, sur paperjam.lu.
Le 4e épisode du podcast Arendt We Live est à écouter en intégralité ci-dessous.