«Nous avons un déficit de 5,3 milliards d’euros sur les deux années 2020 et 2021. Qui va payer ce déficit?», s’interroge Georges Engel. «Il faut prendre l’argent là où il est.» (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

«Nous avons un déficit de 5,3 milliards d’euros sur les deux années 2020 et 2021. Qui va payer ce déficit?», s’interroge Georges Engel. «Il faut prendre l’argent là où il est.» (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le Covid a été omniprésent pendant l’année parlementaire écoulée. D’autres sujets devraient désormais émerger pour les députés LSAP, notamment les écoles, le logement ou la justice fiscale. Le président du groupe, Georges Engel, assure que des propositions seront faites, notamment concernant un «impôt Corona».

Après une année législative concentrée autour de la pandémie de Covid-19, le président du groupe parlementaire LSAP, , considère qu’il faut désormais se tourner vers d’autres sujets, notamment la justice fiscale. Des propositions concrètes sont attendues concernant un . Mais d’autres dossiers seront importants, comme le logement, les écoles ou, bien sûr, la santé.

Cette année parlementaire a été placée sous le signe du Covid. Avez-vous tout de même pu avancer sur d’autres dossiers?

Georges Engel. – «Bien sûr, cette année, le point de mire a toujours été le Covid: nous avons voté 13 lois spécifiques sur le Covid et quelque 50 lois annexes par rapport à la situation du virus.

Mais nous avons aussi travaillé sur d’autres sujets, comme le logement, , la sécurité intérieure, la sécurité routière, l’école. Nous avons ainsi adopté le et la nouvelle . Donc de nombreux projets, à côté du Covid, ont quand même été débattus à la Chambre des députés.

La fiscalité a été un sujet important ces derniers mois…

«Pendant toute l’année, une discussion sur la justice fiscale a eu lieu. En tant que parti, nous avons demandé à ce que la commission des finances travaille sur des idées pour une fiscalité plus juste. Nous avons entendu de nombreuses personnes et, en automne ou en début d’année prochaine, nous aurons un débat sur la justice fiscale – un débat très important pour nous.

La proposition d’un faite par le ministre (LSAP) et reprise par la ministre (LSAP) sera-t-elle au centre de ces débats?

«Bien sûr. Nous avons un déficit de 5,3 milliards d’euros sur les deux années 2020 et 2021. Qui va payer ce déficit? Quelqu’un doit le payer et, pour nous, il est clair que ce ne sont ni les gens les plus démunis, ni la classe moyenne, ni les entreprises qui ont eu beaucoup de difficultés suite à la crise. Ce ne sont certainement pas les prochaines générations. Mais qui d’autre? Il faut prendre l’argent là où il est.

Or, il y a des entreprises qui ont fait beaucoup de bénéfices pendant cette année – légitimement d’ailleurs. Mais, du fait qu’ils ont fait beaucoup de bénéfices, je trouve qu’il s’agit d’un apport normal à fournir pour le bien-être de la société et afin que celle-ci soit plus juste et plus équitable.

Le ministre de l’Économie, (LSAP), semble plus dubitatif quant à cette idée. Vous attendez-vous à des débats en interne?

«Cela suscite des discussions en interne. Car il faut définir qui sont les gagnants. Nous sommes en train d’en discuter et nous annoncerons vers la fin de l’année ou le début de l’année prochaine nos propositions quant à une imposition plus juste. Et l’impôt Corona en fera certainement aussi partie.

Le DP rejette sans ambiguïté cette idée. Rien ne semble donc pouvoir aboutir sous cette coalition. Visez-vous les législatives?

«Dans le gouvernement, nous avons trois partis, il n’y en a pas qu’un seul. L’un peut avoir une opinion, un autre peut en avoir une différente, mais il faut trouver un consensus entre trois partis. Si l’un dit: l’impôt Corona, nous ne voulons pas en entendre parler; et un autre dit: pour nous, c’est un sujet; il y a encore un troisième parti qui doit s’exprimer. À partir de là, il s’agit de trouver un consensus.

Au-delà de l’impôt Corona, d’autres leviers fiscaux peuvent être activés: le foncier, les successions, l’impôt sur la fortune…

«Il est clair que si nous voulons changer quelque chose au niveau de la crise du logement, qui est dramatique au Luxembourg, il faut prendre des mesures au niveau des impôts, soit sur la spéculation, soit sur la fortune.

Si on parle de l’impôt sur la fortune, beaucoup pensent: on va nous prendre notre maison, nos petits terrains. Mais nous, nous considérons qu’une partie ne sera jamais imposée, et cette valeur peut aller jusqu’à 2 millions d’euros. Dans ce cas, la plupart des gens ne seront pas concernés par cet impôt. Mais pour certains, cet impôt va jouer, et c’est là où nous allons prendre l’argent dont nous avons besoin pour les générations futures.

Quels sont les grands dossiers à venir pour la suite de cette législature?

«Il y a donc clairement la fiscalité, mais aussi la Constitution, la situation du logement, tout ce qui concerne le travail – durée du travail, télétravail –, ainsi que les mesures à propos des écoles, qui seront très importantes pour réduire l’écart qu’il y a maintenant et ramener plus de justice à l’école. Puis nous devons tirer les conséquences des discussions autour de la santé, qui ont commencé il y a quelques mois, et sur lesquelles il faut désormais avancer.»