Le logement est l’un des plus importants dossiers à venir d’ici les prochaines législatives, selon Gilles Baum. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le logement est l’un des plus importants dossiers à venir d’ici les prochaines législatives, selon Gilles Baum. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Pandémie, fiscalité, logement… à l’occasion du bilan de l’année parlementaire, le président de la fraction DP, Gilles Baum, revient sur une année de crise.

Votre travail a lui aussi été impacté par la pandémie et les mesures de confinement. Comment vous y êtes-vous adapté?

. – «Cela a énormément changé, nous sommes tombés en télétravail d’un jour à l’autre. Nous avons alors découvert Zoom, Webex ou Teams, comme tout le monde. Cela fonctionne bien. Mais il n’y a pas la même ambiance, la possibilité de parler à quelqu’un en face à face, de poser des questions aux fonctionnaires ou aux ministres. Donc le présentiel, c’est mieux. Après la rentrée du mois de septembre, nous allons repasser un peu plus en réunions en présentiel.

Quels grands dossiers ont dû être mis de côté?

«La pièce maîtresse aurait dû être la réforme du système d’imposition. Avec l’individualisation, le pouvoir de faire sa déclaration d’impôt seul lorsqu’on est en couple, pacsé ou marié.

En 2019, nous gardions des réserves pour parvenir à faire une réforme ambitieuse du système d’imposition, mais nous avions une liste d’idées, récoltées avec les socialistes et les Verts, et nous étions en marche pour faire une grande réforme. Et la crise nous a surpris…

Le montant des aides économiques accordées pour faire face à la crise vous a-t-il semblé proportionné?

«Nous avions des réserves pour nous engager dans des mesures comme le chômage partiel, l’allocation de vie chère ou les aides aux entreprises. Mais nous ne voulions à aucun moment que les gens tombent dans le chômage et que les entreprises fassent faillite. C’est le plus important.

Le Premier ministre a dit au début de la crise: ‘Cela va coûter ce que cela va coûter.’ De fait, cela a coûté beaucoup d’argent. Mais les gens ne sont pas au chômage, et nous n’avons pas la vague de faillites prédite. Nous nous en sortons assez bien. Et la bonne situation que nous avions en 2019 nous a permis de ne pas prendre cette crise de plein fouet comme d’autres pays.

L’idée d’une taxation des entreprises gagnantes de la crise, comme proposée par le ministre Dan Kersch (LSAP), ou plus récemment par la ministre Taina Bofferding (LSAP), est-elle d’actualité, selon vous?

«C’est niet tout court. D’une part, parce que les entreprises au Luxembourg qui ont bien travaillé, qui ont fait des produits, seront imposées à leur juste taux, mais si elles ont fait plus de bénéfices, elles paieront plus d’impôts.

Ce qui est important, c’est que les entreprises puissent réinvestir leur argent et engager des gens. Mais c’est une idée qui vient du LSAP, et il est tout à fait normal que le LSAP articule ses idées. Nous sommes en en coalition, pas en fusion.

Êtes-vous favorable à la taxation au niveau international des entreprises à un taux de 15%, au sujet de laquelle vient d’être trouvé un accord?

«Nous y sommes tout à fait favorables. Certains pays de l’UE ne sont pas encore prêts à le faire. Mais le Luxembourg est favorable. Cela ne va pas nuire à notre attractivité, bien au contraire. Avec, nous pouvons faire beaucoup pour la justice fiscale.

Quel sera le grand dossier d’ici les prochaines élections législatives?

«Le grand dossier, c’est le logement. Nous allons voter cette semaine le Pacte logement 2.0. Dedans, par exemple, si un promoteur veut faire un projet immobilier d’une certaine envergure, la commune peut lui demander la cession gratuite de 10% du terrain et, en contrepartie, il pourra bâtir 10% en plus en volume. Et c’est à mon avis la seule manière pour l’État et pour les communes d’avoir accès aux terrains pour faire du logement abordable. Mais, même avec ça, ça ne va pas ramener une accalmie, car la demande est énorme. Cela va dominer l’actualité politique des prochaines années, et ce sera un grand thème de la campagne électorale.

Ne faut-il pas recourir au levier fiscal?

«Nous avons des gens qui ont des terrains constructibles, mais qui ne veulent pas construire. Pour le moment, ils ne sont pas imposés. Donc Mme Bofferding veut faire une réforme de la taxe foncière. C’est une manière d’utiliser le levier fiscal.

Que pensez-vous du rapport de M. Waringo ?

«C’est un très bon travail qui a été fait, avec des recommandations que nous prenons très au sérieux. Nous pouvons toujours améliorer notre travail politique.

Mais personne n’était préparé à cette pandémie, ni au Luxembourg, ni à l’étranger, d’ailleurs. Et, au fur et à mesure que nous apprenons, nous en tirons des leçons. Ce n’est d’ailleurs pas la fin, c’est une étude, c’est le début de l’historique de toute la crise, parce qu’il n’y a pas seulement les maisons de retraite, il y a l’économie, les écoles, le bien-être, et j’en passe. Une fois cette crise définitivement derrière nous, il faudra faire une étude qui couvrira tous les domaines de la vie de tous les jours.»