Il fut un temps où vendre au-delà de ses frontières relevait du défi logistique. En 2025, un simple clic suffit. Le marché transfrontalier en ligne de l’Union européenne a atteint, l’an dernier, 275,6 milliards d’euros (hors voyages), représentant 36% du commerce en ligne global. Une dynamique mise en lumière jeudi 17 avril par un rapport de Cross-Border Commerce Europe (CBCommerce), réalisé avec le soutien de FedEx Express et de Poste Italiane.
Après un léger repli en 2023, le chiffre d’affaires des 500 premières marques transfrontalières européennes B2C a bondi de 39% en 2024 pour atteindre 69,5 milliards d’euros. «Cette augmentation substantielle témoigne de la robustesse du marché transfrontalier et de l’avantage concurrentiel croissant que ces acteurs de premier plan détiennent sur la scène internationale», soulignent les auteurs de l’étude.
Pour établir son classement, CBCommerce évalue les entreprises selon quatre critères principaux:
– ventes transfrontalières en ligne depuis 15 pays d’Europe occidentale, de Scandinavie et du Royaume-Uni;
– indicateurs SEO reflétant les performances transfrontalières;
– score transfrontalier basé sur le nombre de pays actifs;
– ma proportion et le nombre de visiteurs transfrontaliers.
À ces critères s’ajoutent sept paramètres secondaires pondérés, allant de la diversité linguistique aux méthodes de paiement, en passant par la qualité de la logistique locale.
La Suède et l’Allemagne en tête
En tête du classement figurent, dans l’ordre, Ikea (5,2 milliards d’euros de ventes transfrontalières), Lidl, H&M, Zalando, Jysk, Notino, Lego, Adidas, Decathlon et Zara. À eux dix, ces géants concentrent à eux seuls un cinquième du chiffre d’affaires du top 500. La Suède place deux entreprises dans le trio de tête (Ikea et H&M), l’Allemagne s’intercalant entre elles avec Lidl.
Le secteur de la mode, de la joaillerie et du luxe forme la locomotive de ce commerce numérique, représentant 43% du classement. Viennent ensuite les segments de la maison, du jardin et du bricolage, à hauteur de 9%. Mais une autre tendance se dessine: le re-commerce, ou la revente d’articles de seconde main. Estimé à 200 milliards d’euros l’an dernier, ce marché pourrait doubler d’ici à 2030, selon le rapport. Le secteur de la mode y joue un rôle moteur, générant à lui seul sept milliards d’euros de PIB dans l’UE et quelque 150.000 emplois. Le re-commerce de mode devrait même croître de 10,3% par an jusqu’à la fin de la décennie.
Alors que les responsables politiques s’interrogent sur l’avenir du marché unique, les consommateurs, eux, franchissent déjà les frontières. Virtuellement, mais concrètement: selon CBCommerce, le commerce électronique transfrontalier devrait poursuivre sa croissance dans les années à venir, les 500 premières marques attirant à elles seules 1,7 milliard de visiteurs transfrontaliers par mois.
