Ichigo Kurosaki, personnage principal du manga Bleach et Cyril Marchiol, CEO et fondateur de Tsume. (Photo: Tsume)

 Ichigo Kurosaki, personnage principal du manga Bleach et Cyril Marchiol, CEO et fondateur de Tsume. (Photo: Tsume)

Mangas, succès et Sandweiler, trois mots dont l’association ne viendrait pas immédiatement à l’esprit de chacun. Pourtant, la société Tsume est en passe de réussir le pari fou de devenir un des leaders mondiaux dans la conception et la réalisation de statuettes et figurines haut de gamme inspirées de l’univers des mangas et des jeux vidéo. Focus sur cette success-story luxembourgeoise.

Quand on franchit la porte des bureaux de l’entreprise, située dans la zone industrielle de Sandweiler, le ton est tout de suite donné. Des statues colorées grandeur nature et à l’effigie des plus grands personnages de mangas accueillent les visiteurs. Dragon Ball, Goldorak ou Naruto pour les plus connues, les statues pensées et fabriquées par font appel aux souvenirs de bien des générations.

Le portefeuille de clients de la société se compose tant de jeunes passionnés de dessins animés japonais, que de geeks fans de jeux vidéo, mais aussi de collectionneurs prêts à mettre le prix pour acquérir les figurines de la marque Tsume.

«Nos produits ne sont pas vus comme des produits dérivés mais plutôt comme des objets de collection ou des œuvres d’art», explique Luc De Ribeiro, administrateur de Tsume.

Et au regard de ses créations, pas étonnant que l’entreprise soit devenue en peu de temps une référence internationale. L’entreprise met un point d’honneur à reproduire le plus fidèlement possible les héros de mangas tout en laissant une large place à la créativité.

«Notre équipe travaille dur pour créer un master irréprochable car c’est ce modèle unique qui sera envoyé à nos usines partenaires et ateliers de production en Chine pour réaliser tous les autres exemplaires».

L’entreprise tire son épingle du jeu grâce au talent de ses sculpteurs, peintres, artistes, ingénieurs, graphistes, dessinateurs 3D, etc., mais aussi grâce aux contrôles qualité méticuleux dont font preuve tous les collaborateurs.

L’idée de fabriquer ses propres statuettes a germé dans l’esprit de Cyril Marchiol en 2010, alors que ce Mosellan d’origine travaillait encore comme vendeur dans un magasin de jeux vidéo. «J’ai fait plusieurs voyages au Japon, c’était une évidence pour moi. J’ai persisté jusqu’à rentrer en France avec une première licence qui m’a alors ouvert les portes de la création et de la vente. Aujourd’hui, nous en avons plus d’une vingtaine dans notre catalogue», se réjouit le CEO et fondateur de l’entreprise.

Luxembourg, un choix gagnant

Aujourd’hui, forte d’une équipe d’une cinquantaine de personnes et d’un chiffre d’affaires avoisinant les 7 millions d’euros, Tsume fait rayonner l’excellence en matière de création luxembourgeoise aux quatre coins du globe. Son positionnement dans un marché de niche et au Luxembourg lui ont permis de croître très rapidement.

Le marché asiatique est majeur, mais l’entreprise est aussi particulièrement active sur les marchés en France, en Espagne, en Italie et au Moyen-Orient. La société a d’ailleurs brillé lors de la dernière convention Middle East Film & Comic Con qui s’est tenue à Dubaï, les 11, 12 et 13 avril derniers.

«Nous étions représentés sur la scène principale, l’engouement est extrêmement important. Il n’y a pas de doute, le marché est là, tous les voyants sont au vert, à nous de suivre la cadence», sourit Luc De Ribeiro.

Selon lui, le choix de s’installer au Luxembourg a sans conteste conditionné l’évolution générale et rapide de la société: «Le Luxembourg est une plate-forme idéale pour la distribution de nos produits et c’est ici que nous y avons trouvé le partenaire financier qui nous soutient depuis le départ, la Bil, ainsi que des aides financières et logistiques de la part du gouvernement. La flexibilité et la disponibilité de ces acteurs nous ont nettement aidé à gérer les périodes les plus difficiles de notre activité.»

Booster la promotion digitale

La société a également pu compter sur l’aide de la Chambre de commerce pour l’obtention de prêts bancaires via la Mutualité de Cautionnement, sur celle de la SNCI et de l’Office du Ducroire pour ses activités de promotion à l’étranger sur des salons internationaux, et enfin sur celle de Luxinnovation via le programme

«Tsume cherchait à développer une application pour sa promotion marketing. Avec le soutien d’un consultant agréé Fit 4 Digital, nous l’avons aidée à réaliser un diagnostic complet et l’avons accompagnée dans sa démarche de digitalisation», détaille Rémi Grizard, senior advisor - SME Performance chez Luxinnovation et responsable du programme Fit 4 Digital.

L’application est finalisée, reste à aligner son lancement avec les calendriers des prochaines nouveautés à venir. «Notre participation au programme Fit 4 Digital nous a permis de nous questionner sur les besoins et attentes en termes de supports digitaux. Ce nouvel outil représente un grand changement pour nous en matière de marketing et un élargissement important de notre cible à l’international», décrit Luc De Ribeiro. 

De l’art à la prouesse technique, il n’y a qu’un pas

Tsume est passée du statut de start-up à entreprise rentable. Pourtant, cette trajectoire vers le succès n’était pas toute tracée. Selon Luc De Ribeiro, «acquérir des licences coûte cher et cela nécessite souvent un fonds en cash qu’il est difficile d’avoir quand on démarre.

De même pour l’achat des machines. C’est pourquoi notre business model se base sur le principe de la précommande. Nous avons réussi à adapter l’offre à la demande européenne tout en suscitant l’intérêt et la curiosité de nos clients.»

Et c’est le moins qu’on puisse dire lorsque l’on sait que certaines créations sont vendues en l’espace de quelques heures à peine. Des créations qui mettent parfois une année à voir le jour tant l’exercice de prototypage, de respect des couleurs ou de découpe est minutieux pour parvenir à un résultat de qualité.

Les figurines et statuettes sont donc produites à la demande, en nombre limité et numérotées. «Chaque jour, nous nous remettons en question pour trouver quels personnages nos clients aimeraient acheter et collectionner. D’ailleurs, nous n’allons pas nous cantonner à l’univers japonais, nous prévoyons prochainement d’élargir notre gamme aux domaines du cinéma américain et des jeux vidéo», précise Luc De Ribeiro. «Le travail de nos équipes relève autant de l’art que de la prouesse technique. C’est un savant mélange entre travail manuel et impression numérique.»

La marge de progression de Tsume est telle qu’elle permet à l’entreprise de se lancer dans de nouvelles activités annexes.

Jeux de société, ligne de vêtements ou encore édition de ses propres mangas – dix séries sont déjà signées. La société rivalise d’ingéniosité pour se diversifier et se renouveler. Ses fans et clients fidèles ont d’ailleurs confirmé leur soutien en participant en masse au dernier appel de crowdlending lancé récemment via la plate-forme Look&Fin.

Les 400.000 euros que constituaient l’objectif ont été atteints en huit secondes à peine. Un record. Pas de doute, Tsume, qui signifie «griffe» en japonais, retombe toujours sur ses pattes.  

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