Le métier de serveur figure parmi les emplois appelés à se reconvertir, selon MGI. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Le métier de serveur figure parmi les emplois appelés à se reconvertir, selon MGI. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Télétravail, interactions à distance et automatisation devraient perdurer après la pandémie, non sans mal pour certains travailleurs contraints de changer de métier, d’après le McKinsey Global Institute think tank du cabinet McKinsey.

Onze mois après le début du premier confinement, une étude démontre que plus de 100 millions de salariés dans le monde – ou 1 sur 16 – devraient se réorienter vers une nouvelle profession d’ici à 2030. C’est 25% de plus en comparaison aux estimations faites avant la pandémie de Covid-19, souligne, ce jeudi, le McKinsey Global Institute, think tank du cabinet McKinsey.

En cause, la persistance de trois changements majeurs induits par la crise sanitaire dans notre vie quotidienne: la croissance du télétravail, l’adoption accrue du commerce électronique et des interactions virtuelles et le déploiement plus rapide des technologies d’automatisation et d’IA.

Les effets à long terme du virus pourraient réduire le nombre d’emplois à bas salaire disponibles, qui servaient auparavant de filet de sécurité.

Susan Lundco-auteur de l’étude et partnerMcKinsey Global Institute

«Les effets à long terme du virus pourraient réduire le nombre d’emplois à bas salaire disponibles, qui servaient auparavant de filet de sécurité pour les travailleurs nomades», explique Susan Lund, co-auteur de l’étude et partner au McKinsey Global Institute.

«À l’avenir, ces travailleurs devront se préparer à trouver du travail dans des professions plus rémunératrices qui exigent des compétences plus complexes, comme les emplois dans les soins de santé, la technologie, l’enseignement et la formation, le travail social et les ressources humaines», avance-t-elle.

20 à 25% de télétravail

Ainsi, les métiers de caissier, cuisinier, serveur ou réceptionniste dans les hôtels pourraient être les plus affectés par le phénomène. Car, qui dit davantage de télétravail, dit moins de déplacements, de repas au restaurant et d’emplettes dans les magasins en journée. Selon l’organisme, 20 à 25% des travailleurs actifs dans les économies avancées pourraient exercer la plupart du temps leur travail depuis leur domicile.

Autre conséquence: les voyages d’affaires sont appelés à être remplacés, dans 20% des cas, par des réunions virtuelles. Ce regain d’intérêt consacré aux outils digitaux devrait permettre aux travailleurs basés en dehors des zones urbaines densément peuplées d’accéder à davantage d’opportunités professionnelles, tandis que les entreprises pourraient recruter plus loin géographiquement parlant. Cette nouvelle ère devrait aussi pousser les sociétés à solliciter davantage les services de travailleurs indépendants: 70% des dirigeants sondés en juillet dernier par MGI l’affirment.


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Près de 7 sur 10 ambitionnent par ailleurs d’accroître le recours à l’automatisation et à l’intelligence artificielle, davantage utilisées pendant la crise sanitaire, de même que l’e-commerce. Ainsi, 50 à 80% des consommateurs se montrent prêts à poursuivre leurs emplettes par ce canal, compte tenu du confort offert.

Le défi de la reconversion

«La pandémie va non seulement accroître le nombre de transitions professionnelles à venir, mais aussi rendre le défi de la reconversion plus redoutable. Ses effets se feront surtout sentir sur les travailleurs les plus vulnérables», prévient Anu Madgavkar, co-auteur de l’étude et partner au McKinsey Global Institue.

Ce dernier y voit un défi de taille à venir pour requalifier ces travailleurs dont l’occupation est menacée par les changements prédits. L’étude a été menée dans huit pays du globe qui représentent près de la moitié de la main-d’œuvre mondiale et plus de 60% du PIB du globe, à savoir la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, le Japon, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis.