La baisse des recettes en raison d’un jour de télétravail par semaine se traduirait dans l’hor e ca à la perte de plus de 2.000 emplois. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

La baisse des recettes en raison d’un jour de télétravail par semaine se traduirait dans l’hor e ca à la perte de plus de 2.000 emplois. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Dans son avis du 15 septembre, le Conseil économique et social (CES) calcule l’impact du télétravail sur l’économie luxembourgeoise et les finances publiques. Avec un jour par semaine, il compte 350 millions d’euros de manque à gagner annuel pour le commerce et l’horeca.

Bénéfices pour l’écologie et pour le bien-être des salariés, contrebalancés par l’isolement social, la hausse de la charge de travail ou le manque de contrôle et de communication pour l’employeur… Après avoir listé les différents avantages et inconvénients, déjà bien connus, du télétravail, le Conseil économique et social (CES) se penche sur son impact sur l’économie luxembourgeoise. Il a dévoilé, mardi 15 septembre, son avis sur le sujet.

Le manque à gagner pour l’horeca et le commerce n’est pas négligeable: 348.328.640 euros, si les personnes pouvant télétravailler le faisaient une fois par semaine. Le CES estime en effet que, sur les 460.000 travailleurs du pays, résidents comme frontaliers, 197.914 occupent des fonctions administratives ne requérant pas de présence au bureau continue. Un jour de télétravail par semaine par rapport à 220 par an correspondrait alors à 8.708.216 déplacements en moins (220/5x197.914). L’Horesca estime qu’un salarié dépense en moyenne 25 euros par jour dans l’horeca, et 15 euros dans les commerces, soit 40 au total. On aurait donc 217.705.400 euros de chiffre d’affaires annuel manquant pour les restaurants et cafés du pays, et 130.623.240 euros pour les commerces. «Il n’est pas garanti non plus que les télétravailleurs consommeront plus dans leur localité de résidence. Il se peut très bien que les comportements de consommation se tournent davantage vers le commerce en ligne», écrit le CES.

10 millions d’euros de TVA en moins

Selon l’Horesca, cette baisse de recettes se traduirait dans son seul secteur par une perte de plus de 2.000 emplois, de 17 millions d’euros en cotisations sociales et de près de 6 millions d’euros de retenue d’impôt sur salaires. Il faut ajouter à cette facture 10 millions d’euros de TVA en moins qui reviendraient à l’État.

«Ces impacts estimés sont bien inférieurs à la réalité de l’année 2020, où le télétravail et les autres réticences et restrictions dues au Covid-19 ont engendré dans le secteur de l’horeca une baisse de plus de 50% du chiffre d’affaires sur les mois de juin et juillet», note le CES.

Économie locale et finances publiques ne sont pas épargnées. Car, en dehors de la période exceptionnelle liée au Covid-19, les frontaliers qui dépassent un certain nombre de jours travaillés prestés depuis leur domicile (19 pour l’Allemagne, 24 pour la Belgique, et 29 en France) doivent payer des impôts sur leur revenu dans leur pays de résidence. Avec un jour par semaine, ils dépasseraient ce quota. Interrogé à ce sujet, le CES n’a pas su calculer combien cela coûterait au Grand-Duché.

Rester sous le seuil des 25%

«Le télétravail ne représente jamais d’avantage pour l’État», explique le président du CES, Jean-Jacques Rommes. Pour limiter les dégâts, il préconise que les accords entre pays soient renégociés. Allongement des seuils rime avec contrepartie financière. Là encore, le CES ne calcule pas à partir de quel montant l’État serait gagnant. «C’est un calcul à faire, risqué.»

Dans l’idéal, il faudrait rester sous la barre de 25% du temps de travail réalisé à domicile, d’après lui. Sinon, on dépasserait la limite à partir de laquelle le travailleur doit s’affilier à la sécurité sociale de son pays. Employé, employeur et État luxembourgeois .

«Il s’agit donc de trouver en tout état de cause le bon dosage entre l’application du régime du télétravail et les pertes budgétaires et économiques liées», conclut le rapport.