Une centaine de passagers ont embarqué un peu après 15h30 sur le tarmac de Lux-Airport, accueillis par l’équipage de la compagnie Chinese Southern Airlines. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Une centaine de passagers ont embarqué un peu après 15h30 sur le tarmac de Lux-Airport, accueillis par l’équipage de la compagnie Chinese Southern Airlines. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Une centaine de passagers ont embarqué à bord du tout premier vol direct en direction de la Chine depuis le Luxembourg, entre le Findel et l’aéroport Winzhen de Zhengzhou, ce vendredi 22 décembre.

8.215 kilomètres engloutis en 10 heures et 10 minutes. Parti de l’aéroport du Luxembourg ce vendredi 22 décembre, avec une grosse demi-heure de retard sur l’horaire prévu, aux alentours de 15h30, et assuré par la compagnie China Southern Airlines (CSA), nouvelle venue au Findel, le premier vol direct de passagers dans le sens Luxembourg-Chine est attendu samedi 23 décembre à 8h10, heure locale, à l’aéroport Winzhen de Zhengzhou, capitale de la province du Henan. Sans pluie sur le tarmac, mais avec -5°C à l’arrivée pour la centaine de passagers.

La veille, quelque 147 voyageurs avaient atterri au Findel en provenance de Zhengzhou un peu avant 20h, avec une heure de retard. Ils avaient été accueillis par l’ambassadeur de Chine au Luxembourg, Hua Ning. À bord se trouvait également l’ambassadeur du Luxembourg en Chine, Roland Reiland. Ce 22 décembre au matin, une réception en présence d’élus et de représentants de la CSA a également été organisée.

Le gain de temps est notable pour les voyageurs. Par comparaison, les personnes envisageant de rallier Zhengzhou ce samedi 23 décembre par le premier vol de 6h40, par exemple, devraient tabler au minimum sur le double de temps, avec deux escales, à Paris Charles-de-Gaulle puis Guangzhou (Chine). Quant au départ de 18h35, le même jour, aucune solution n’existe en dessous de 33 heures et 15 minutes de transport, transits inclus…

Le fret avait été pionnier

La connexion entre le Luxembourg et Zhengzhou existait déjà. Mais elle concernait le fret uniquement. En 2014, Lux-Airport et la société Henan Airport Group, exploitant de l’aéroport de Zhengzhou, avaient conclu , faisant de ce dernier un hub pour Cargolux. Le texte évoquait à l’époque la possibilité d’une ouverture de cette Route de la soie aérienne aux passagers. En pratiquement 10 ans, plus d’un million de tonnes de marchandises ont été transportées.

«Cargolux avait effectué le premier pas, là c’est un autre pas. En fin de compte, c’est une belle histoire, dont ce premier vol en est un prolongement», résume le président du conseil d’administration de Cargolux, Tom Weisgerber, discrètement présent au Findel.

L’appareil, un Airbus A350-900, assure également le transport de 18 tonnes de marchandises. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

L’appareil, un Airbus A350-900, assure également le transport de 18 tonnes de marchandises. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Au cours de la même année 2014, une autre connexion sino-luxembourgeoise s’était nouée avec la reprise par la société HNCA (en charge du développement de l’industrie de l’aviation civile du Henan) de 35% des parts de Cargolux et une entrée au capital de la CSA, dont elle détenait 60% des parts ainsi que 40% des parts de l’aéroport de Zhengzhou à ce moment-là.

En 2018, la CSA avait découvert le Luxembourg via sa filiale China Southern Cargo, fondée en 2001, qui, en novembre, y avait fait atterrir .

Tourisme et business

«Il y a un potentiel, le Luxembourg a des atouts. À présent, il faut que les tour-opérateurs vendent le produit», note Tom Weisgerber, au sujet de la fréquentation touristique de cette ligne, la grande inconnue à ce stade.

«Moi, je suis là pour le business», expliquait Daisy, rencontrée en zone d’embarquement quelques minutes avant le décollage. Directrice des ventes dans l’industrie, la jeune femme originaire de Chine effectue dans l’année «entre trois et quatre déplacements en Europe». «Auparavant, j’allais jusqu’à Francfort pour le retour», indiquait-elle, ravie de pourvoir se simplifier un peu la vie. À son arrivée à Zhengzhou, Daisy devait reprendre un vol intérieur à destination de Shanghai, où elle réside.

18 tonnes de marchandises

La liaison inaugurale de ce 20 décembre s’est effectuée sur un long-courrier de type Airbus A350-900, d’une capacité de 276 sièges, dont 28 en classe business. China Southern Airlines est considérée comme l’une des plus importantes compagnies au monde au nombre d’appareils Airbus. En 2017, elle avait acquis vingt A350-900 auprès de l’avionneur européen, moyennant un chèque de 6,2 milliards de dollars.

La CSA, active depuis 1988, est également la première compagnie aérienne d’Asie, selon l’Association du transport aérien international (IATA). Sa première liaison long-courrier remonte à 1996.

«C’est un défi logistique», indique le COO de Lux-Airport, Tom Goris. «Habituellement, nous avons des vols intérieurs à travers l’Europe. Là, il s’agit d’un appareil bien plus important. Que faire, par exemple, s’il y a un problème technique? Nous avons préparé tous les scénarios.» Autre singularité du recours à l’A350-900, il permet, en plus des passagers, d’assurer le convoyage de marchandises. «Par calcul de rentabilité.» Ce 22 décembre, 18 tonnes de caisses ont ainsi pris les airs. Un cargo peut en embarquer jusqu’à 100 tonnes.

Une rotation hebdomadaire est désormais au programme: l’une, dans le sens Chine-Luxembourg, chaque jeudi; l’autre, dans le sens «retour», chaque vendredi (avec un aller-retour en «economy» proposé à 936 euros, selon Lux-Airport). En attendant plus? «Cette décision appartient à 100% à la Chinese Southern Airlines», répond le CEO de Lux-Airport, Alexander Flassak, «de la même façon qu’à tout moment ils peuvent décider d’arrêter, d’ailleurs. Une chose est sûre, ils disposent d’un gros soutien politique.»