64e ville la plus encombrée au monde sur 403 en 2018  selon le TomTom Traffic Index, Luxembourg-ville et le pays pourraient compter 50.000 voitures de plus sur les routes d'ici à  2025, selon un décryptage de la Fondation Idea. Un scénario que souhaite éviter la stratégie Modu 2.0 du gouvernement.

50.000: c’est le nombre de voitures supplémentaires que comptera le Luxembourg sur ses routes d'ici à 2025 si les nouveaux salariés continuent de se déplacer de la même manière qu’aujourd’hui. Une situation «proche de la thrombose», selon un décryptage de Vincent Hein de la Fondation Idea intitulé «». L’économiste avait déjà abordé le sujet et livré ces chiffres le 18 septembre dernier lors d’un .

Selon une étude Luxmobil de 2017, 73% des salariés utilisent la voiture pour se rendre au travail.

Cela fait de Luxembourg-ville la 64e ville la plus encombrée en 2018 selon le , au même rang que Hambourg, Genève, Sydney ou Shanghai. Il faut en moyenne 33% de temps de trajet supplémentaires en voiture par rapport au temps théorique. Et ce temps additionnel peut atteindre 72% lors des pics de circulation: un temps de trajet théorique de 30 minutes en prend alors plus de 50.

Or, depuis 5 ans, le nombre de frontaliers augmente en moyenne de 133 par semaine, auxquels s’ajoutent 121 nouveaux postes créés par semaine pour les salariés résidents.

254 nouveaux salariés hebdomadaires représenteraient donc, selon les projections de la Fondation Idea, pas moins de 155 voitures, 48 passagers de transports en commun, 15 piétons et 5 cyclistes en plus par semaine.

Convertir 73.000 «autosolistes» avant 2025

Pour éviter ce scénario, la «» (Modu 2.0) par le gouvernement s’est fixé pour objectif de «réduire la congestion aux heures de pointe, tout en transportant 20% de personnes de plus qu’en 2017» d’ici 2025.

Pour l’atteindre, il faudrait convertir 73.000 «autosolistes» (automobilistes seuls dans leur voiture) en 34.000 passagers de covoiturage, 14.000 usagers de transports en commun, 15.000 piétons et 10.000 cyclistes.

Un objectif de doublement du nombre de piétons et de cyclistes, conséquence de cette observation de l’enquête Luxmobil de 2017: «33% des trajets domicile-travail des résidents sont inférieurs à 5km. La moitié de ces trajets courts sont effectués en voiture.»

Augmenter le nombre de passagers par véhicule

Pour les plus longs trajets, : le gouvernement veut faire évoluer le nombre moyen de passagers par voiture de 1,2 actuellement à 1,5 d’ici cinq ans.

Mais comment réaliser cet objectif? Est citée, en sus de la multiplication des parkings relais, la création de voies réservées pour le covoiturage: utilisation de la voie de secours de l’autoroute belge E411, projet de voies de covoiturage côté luxembourgeois sur l’A6, création d’une troisième voie dédiée sur l’A31 française.

Mettre en place des incitatifs fiscaux

Un moyen qui ne peut suffire en lui-même, selon Vincent Hein, qui recommande, en vue, l’utilisation du «levier» fiscal «dans le but d’orienter les comportements des agents économiques».

Les frais de déplacement professionnel, qui ne prennent actuellement pas en compte le «moyen de locomotion utilisé», pourraient ainsi être modulés selon le mode de transport.

Et le traitement fiscal du leasing, en tant qu’avantage en nature qui continue à inciter à l’autosolisme, pourrait quant à lui être complètement remis à plat.

Péages différentiels et télétravail

Des péages différentiels selon les horaires et le nombre de passagers pourraient aussi être mis en place.

Bien sûr, la promotion du télétravail participerait à cet objectif, tout comme d’autres formes de travail nomade: décompte du temps de travail réalisé dans les transports, «aires de travail» sur les grands axes de déplacement.

Des solutions qui permettraient peut-être, avec la participation de tous les acteurs concernés, de réaliser les hautes ambitions du gouvernement pour 2025.