Un document stratégique basé sur des données précises. Telle est la définition donnée mardi par François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures, du Modu 2.0 destiné à donner les grandes lignes de la mobilité au Grand-Duché à l’horizon 2035.

Déclinaison «actualisée» de la stratégie imaginée par son prédécesseur Claude Wiseler (CSV), cette nouvelle version veut inscrire le pays dans une nouvelle approche, basée sur «des chiffres récents et de nouveaux objectifs qui ne sont pas des vœux pieux». 

Résultat notamment de l’analyse détaillée de l’étude Luxmobil et de la prise en compte des prévisions de croissance du Statec d’ici à 2025, le plan vise plusieurs objectifs dont «la réduction de la congestion aux heures de pointe tout en transportant 20% de personnes de plus qu’en 2017».

Pour y parvenir, le ministère du Développement durable et des Infrastructures entend faire évoluer les modes de déplacement des usagers de la route, et donc leur mentalité. Que ce soit en ce qui concerne les trajets domicile-travail ou ceux qui relient le domicile à l’école en passant par une plus grande attractivité des transports en commun. Autrement dit, faire évoluer les mentalités en proposant des alternatives crédibles au «tout-voiture».

«Jusqu’à présent, les problèmes liés à la mobilité étaient rejetés sur l’État et ses infrastructures, commente François Bausch. Désormais, il faut que les responsabilités soient définies entre les différents acteurs que sont l’État bien sûr, les communes, les employeurs, mais aussi les citoyens pour lutter contre ce sentiment d’impuissance face à la situation.» Concrètement, le Modu 2.0 vise à augmenter la part modale des transports en commun à 22% pour les trajets domicile-travail en 2025, contre 19% actuellement, ou d’atteindre les 10% d’utilisateurs de vélo sur les trajets domicile-école, alors qu’ils ne sont que 2% à l’heure actuelle.

«Cela peut paraître peu spectaculaire, mais cela se base sur les comportements des résidents et des frontaliers actuels et sur l’analyse des meilleures pratiques à l’international, ce qui nous fait dire que les chiffres avancés sont réalisables, car réalistes», détaille Christophe Reuter, planificateur de la mobilité au ministère du Développement durable. Pour que cette stratégie devienne réalité, une boîte à outils comprenant une cinquantaine de mesures à destination des différents acteurs a été mise en place, mesures regroupées par sujet allant de l’aménagement du territoire aux incitations financières en passant par la place des cyclistes ou la gestion du stationnement.

La meilleure stratégie possible au vu de la situation actuelle et des projections.

Christophe Reuter, planificateur de la mobilité au ministère du Développement durable

Stratégie globale, le Modu 2.0 reprend également les projets en cours de réalisation ou en cours de planification, comme le développement des P&R, les projets de covoiturage et de «carsharing» ou bien encore la réorganisation du réseau RGTR. Sans oublier les projets ferroviaires – dont la rénovation de 17 gares, l’augmentation du nombre de trains par heure entre Thionville et Luxembourg ou la hausse du nombre de places assises – ou les projets routiers – voie de covoiturage sur l’A3, création d’un couloir de bus entre Gonderange et Luxexpo ou sécurisation de la N7.

Si cette stratégie se veut «la meilleure possible au vu de la situation actuelle et des projections», selon Christophe Reuter, sa mise en œuvre reviendra au prochain gouvernement. «Ce qui demandera un certain courage politique» comme l’assure François Bausch, qui rappelle que «certaines communes doivent encore être responsabilisées sur le lien qui doit être fait entre développement urbain et mobilité».

Et ce dernier d’appeler de ses vœux «une séparation des pouvoirs dans les grandes communes» entre mandat communal et mandat national des élus, le mélange des genres en vigueur actuellement «ne facilite effectivement pas la chose»…